2021-06-15
 
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Mois national de l’histoire autochtone: en juin, honorons la richesse du patrimoine autochtone

Mois national de l’histoire autochtone: en juin, honorons la richesse du patrimoine autochtone

À l’approche de la Journée nationale des peuples autochtones le 21 juin, nous souhaitons souligner l’importance d’œuvrer collectivement à la réconciliation et à la réparation des préjudices causés aux peuples des Premières Nations, des Inuits et des Métis. L’actualité des dernières semaines nous démontre à quel point il reste du chemin à parcourir. Dans un esprit d’ouverture et de respect, nous invitons la communauté de la danse du Québec à honorer les cultures, les traditions et les savoirs autochtones en partageant cette sélection de contenus.

 

Trousse d’outils pour les alliées aux luttes autochtones
Par le Réseau pour la stratégie urbaine de la communauté autochtone à Montréal


Qu’est-ce que le regalia?
avec Ivanie Aubin-Malo, réalisé par Flamant


Smudge, un film de Barbara Kaneratonni Diabo et Pepper O’Bomsawin
avec Barbara Kaneratonni Diabo et Emily Kahente Diabo
présenté durant le Festival Quartiers Danses


Mémoires des corps entravés et des corps dansants, livret illustré par Youloune,
témoin des âmes et des corps d’artistes autochtones présent·e·s
à l’événement Corps entravé, Corps dansant.
Fondation Jean-Pierre Perreault


https://www.youtube.com/watch?v=CVI3rWzHUU4

Le pow-wow: la fierté identitaire autochtone
une vidéo présentée par Sonar TFO


 

Louise Saint-Pierre 2013, © Wapikoni mobile

Danse autochtone: exprimer sa culture
une galerie de photo proposée par le Répertoire du patrimoine culturel du Québec


 

Vistas –  Les danseurs de l’herbe
un film d’animation de Melanie Jackson disponible sur le site de l’ONF


 

Un cercle de danse de pow-wow pour la guérison
par La Fabrique Culturelle

 

 

Faire de la région un terrain fertile de création, de recherche et de réseautage

Plusieurs raisons peuvent pousser les artistes en danse à s’implanter en région éloignée, alors que le milieu bouillonne principalement dans les grandes métropoles. Malgré les défis, ce déracinement offre la plupart du temps l’occasion d’amener la danse ailleurs, de défricher les zones de compréhension, d’aller à la rencontre du public chez lui et de transformer les approches créatives.

À gauche: Soraïda Caron © Yvan Couillard | Au centre: Vincent-Nicolas Provencher © Véro Boncompagni | À droite: Karine Parisé © Jean-François Letarte

Déconstruire les mythes de la région

Soraïda Caron œuvre dans le milieu de la danse depuis une douzaine d’années. En 2007, elle choisit de retourner dans sa région natale à Trois-Pistoles, dans le Bas-Saint-Laurent, où elle fonde sa compagnie Mars elle danse en 2015. «Quand je suis revenue, c’était un retour à la maison, d’où mon attachement à la ville.» Malgré les craintes qu’elle nourrissait au départ sur la réaction du public envers la danse contemporaine, elle revient plutôt sur une expérience marquée par l’échange. «Je me rends compte que les gens sont très curieux, avoue-t-elle. C’est une discipline qui les intéresse de plus en plus.»

Après avoir travaillé pendant une dizaine d’années à Montréal, c’est un choix familial qui a poussé le danseur de gigue contemporaine Vincent-Nicolas Provencher à s’installer à Joliette, dans Lanaudière, une région de patrimoine québécois vivant. «C’était plus un choix de vie que de carrière et j’étais agréablement surpris de l’expérience.» Profitant du réseau de sa compagne, elle-même interprète depuis plusieurs années dans la région, le danseur admet ne pas avoir perdu de temps pour aller cogner aux portes. «Ce sont des gens très ouverts. Ils sont là pour nous supporter, car nous sommes une petite communauté et je pense qu’ils sont très heureux de recevoir des professionnels.»

Karine Parisé est une artiste spécialisée en flamenco basée à Lévis. C’est également un choix de vie qui a guidé ses pas, ayant suivi son conjoint. Elle n’a pas eu de mal à poser ses marques dans la région, notamment à travers l’enseignement, une avenue intéressante pour les artistes qui désirent vivre de leur art selon elle.  «J’ai eu la chance d’avoir mon propre studio de danse à même ma résidence, ça m’a permis de développer ma pratique personnelle et professionnelle.»

Marea, de et avec Karine Parisé, 2021 © Jean-François Letarte

Une place à prendre

Développer sa pratique comporte son lot d’embûches en région. Pour Soraïda Caron, il a été difficile de trouver des lieux adéquats et sécuritaires pour exercer la danse. Elle souligne également le manque d’accès aux services professionnels reliés à la discipline, par exemple aux danseurs, aux répétiteurs, aux directeurs techniques spécialisés en danse ou aux éclairagistes.

Karine Parisé fait état de cette même réalité, soit le manque d’un réseau de professionnels d’artistes. Toutefois, il existe une culture de l’entraide et surtout une place à prendre. La danseuse collabore beaucoup avec Diffusion Avant-Scène et Diffusion Culturelle de Lévis qui administrent respectivement les salles de spectacles Le Vieux bureau de poste et L’Anglicane. «Ce sont des diffuseurs principalement axés musique, chant et humour, mais je les approche quand même pour présenter mes spectacles et ils donnent une place dans leur programmation aux artistes locaux.»

Saraïda Caron voit aussi des alliés chez les diffuseurs qui programment de la danse, comme les maisons de la culture ou les agents de développements culturels des municipalités. À leur côté, il y a les écoles de danse qui mettent à disposition leurs installations pour la pratique artistique. Ses projets ont pu voir le jour grâce à ces partenaires, selon elle.

Tous les intervenants s’entendent pour dire que le nombre restreint d’artistes est un avantage pour l’accès aux projets, mais aussi pour se créer plus facilement un réseau. «Il y a une communication plus facile qu’à Montréal où le bassin est contingenté, déclare Vincent-Nicolas Provencher. Dans la région de Lanaudière, on est vraiment choyés avec le Pôle de la danse du Théâtre Hector-Charland qui nous appuie constamment dans la recherche de projets, dans la rédaction de demandes de subventions.» Pour cet artiste, il est même plus aisé de se professionnaliser en région, malgré ce qu’on pourrait penser.

Geneviève Duong, dans Élégante chair, de Soraïda Caron, 2021 © Stéphane Bourgeois

Entre médiation culturelle et création

La création se vit autrement en région selon Soraïda Caron. Les interprètes qu’elle invite vivent une expérience immersive et leur quotidien devient intimement lié à celle de la communauté.

«Il y a vraiment l’idée de ressourcement qui vient avec le fait de travailler ici, explique-t-elle. Comme chorégraphe, c’est payant, car mes interprètes sont toujours dans le projet. Nous sommes là pour faire découvrir d’autres territoires, d’autres publics, d’autres façons de créer.» Sur le long terme, cela peut créer une rétention qui s’observe de plus en plus.

En travaillant sur sa démarche artistique, on participe également à nourrir les citoyens, que ce soit par des festivals, les spectacles, les ateliers ou les évènements in situ. Cela a pour but de mieux outiller les publics pour recevoir la danse et de mieux en parler. «Les rencontres avec la communauté locale, ça me ramène vraiment à ce que j’ai envie de faire, confie Soraïda Caron.  Ça me repositionne constamment sur qui je suis en tant que chorégraphe. Ma façon de voir la danse et de vivre est différente, car je suis éloignée de mon milieu.»

Grâce aux activités de médiation, le public sort de sa zone de confort pour découvrir des genres de danse divers. «Le travail est d’abord de faire connaitre le flamenco et de faire savoir au public qu’il y a de la danse à Lévis, insiste Karine Parisé. J’ai un terrain un peu libre, on peut créer de nouvelles choses. C’est plaisant, car c’est à construire. On arrive devant le public et celui-ci est émerveillé parce que ce sont des choses qu’il n’est pas habitué de voir.»

La rencontre du public passe aussi beaucoup par la jeunesse selon Vincent-Nicolas Provencher. Il existe par exemple les programmes de culture à l’école «Parfois, les écoles ont du budget pour nous inviter à faire du développement de public, soutient-il. Le mandat des villes est de soutenir les œuvres artistiques, mais aussi la médiation qui les accompagne.»

Le territoire québécois est vaste et il y a des opportunités inconnues à chaque détour. Le contact constant avec les grands espaces, les communautés accueillantes et les diffuseurs réceptifs devraient aider à lever les appréhensions selon les témoignages des artistes. «Venez, déménagez, envahissons le territoire», conclut Soraïda Caron.

 

 © Pascale Methot

Autrice:
Rose Carine Henriquez

Précisions sur la Mesure Exploration et déploiement numérique du CALQ

Artistes en danse, hâtez-vous de déposer votre projet, les fonds de ce programme pourraient bien être écoulés avant la fin de l’été! Rappelons que le secteur de la danse n’a pas beaucoup profité des enveloppes dédiées au numérique à ce jour. Si le virage numérique vous intéresse, n’attendez pas plus longtemps. Voici quelques précisions récemment communiquées par le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) sur les volets Artiste et Organisme de cette mesure.

Ce programme du CALQ vise à favoriser l’appropriation de l’univers numérique par les artistes et organismes à des fins de création, de production, de diffusion et de rayonnement et à les appuyer dans leurs efforts pour optimiser la découvrabilité des contenus numériques.

Volet artistes

  • Dépôt des demandes en tout temps, jusqu’à épuisement des fonds.
  • Les fonds risquent de s’écouler rapidement et rien ne garantit qu’il y aura encore des fonds à la fin de l’été.
  • Traitement des demandes et délai de réponse: 2 à 3 mois.

Volet organismes

  • Dépôt des demandes jusqu’au 9 septembre 2021.
  • Obligation de déposer la demande avant le début du projet.
  • Possibilité de déposer une demande pour un projet débutant avant le 9 septembre; les projets terminés avant le 9 septembre seront également éligibles.
  • Toutes les demandes seront analysées par un comité de pairs à partir du 9 septembre.
  • Traitement des demandes et délai de réponse : 2 à 3 mois à compter du 9 septembre.

N’hésitez pas à contacter votre agent·e au CALQ pour en savoir plus!

Plan de déconfinement: nouvelles règles à connaître pour les arts de la scène

Dans la foulée du dévoilement du plan de déconfinement par le gouvernement provincial, le RQD a obtenu du ministère de la Culture et des Communications des informations complémentaires sur les mesures touchant plus spécifiquement les arts de la scène, les festivals et les événements extérieurs.

Les impacts de ce plan pour le milieu de la danse résident dans les points suivants:

Salles de spectacles

  • Dès le 28 mai, les grandes salles de spectacles pourront organiser des zones de 250 personnes, si la salle comprend différentes sections (balcon, corbeille et parterre, par exemple), avec des places assignées d’avance, pour une capacité d’accueil de maximum 2 500 personnes. Ces sections doivent avoir des entrées et sorties distinctes.
  • Chaque section de 250 personnes devra avoir un surveillant (professionnel ou bénévole) qui s’assurera du respect des mesures sanitaires en vigueur.
  • Les jauges des petites salles restent à 250 personnes.
  • Au 31 mai, les salles pourront à nouveau servir des consommations.
  • Dans les zones jaunes, à compter du 14 juin, les salles pourront revenir à une distance de 1,5 mètre entre les bulles.
  • Avec la fin du couvre-feu, les spectacles pourront retrouver un horaire régulier.

Festivals et événements extérieurs

  • Ils pourront accueillir un maximum de 2 500 personnes à partir du 25 juin.
  • Des sections pouvant accueillir 250 personnes devront être aménagées.
  • Chaque section de 250 personnes devra avoir un surveillant (professionnel ou bénévole) qui s’assurera du respect des mesures sanitaires en vigueur.
  • Des billets devront être émis afin d’aider à la gestion des foules.
  • Les spectacles d’art vivant seront permis dans les ciné-parcs.
  • Un guide général sera produit par le ministère du Tourisme. Les événements devront recevoir un accord de la direction générale de santé publique.

Sports et loisirs

  • Les salles d’entraînement ou gym pourront ouvrir en zone orange, soit à partir du 31 mai pour la plupart des régions.
  • Pour la danse de loisir, référez-vous aux sections Sports et loisirs intérieurs et extérieurs du document d’assouplissement par paliers de couleurs.

Général

  • Fin du couvre-feu partout au Québec le 28 mai.
  • Retour au bureau: il est suggéré d’implanter en retour progressif lors de l’entrée en zone verte, prévue à compter du 28 juin.
  • À partir du 21 juin, on comprend que les personnes ayant reçu deux doses de vaccin pourraient se rassembler dans des espaces privés intérieurs, sans masque et à moins de deux mètres. Puis, à la fin août, il serait possible que le masque ne soit plus exigé dans les lieux publics.

Bien que le plan ne se base pas sur le nombre quotidien de nouveaux cas, les transitions de palier restent conditionnelles à ce que les cas ne remontent pas de façon considérable. Ce plan dépend également de la campagne de vaccination.

Pour toutes questions ou demandes de précisions, veuillez contacter le RQD à info@quebecdanse.org.

Documents à consulter
> Assouplissements par paliers de couleurs
> Assouplissements par dates
> Système d’alertes par paliers
> Tableau récapitulatif par paliers
> Chronologie de la reprise des spectacles extérieurs

Le RQD finaliste aux prix Nos indispensables du Conseil des arts de Montréal

Le RQD est très touché de faire partie des nominés de la catégorie Nos indispensables de la solidarité des nouveaux prix du Conseil des arts de Montréal (CAM). Ce prix récompense un organisme culturel ayant posé des gestes inédits d’entraide auprès des membres de leur communauté durant la pandémie, notamment par la mise en commun de ressources et le partage d’informations. Parce que la solidarité est une valeur fondamentale pour notre association, nous recevons cette nomination comme un véritable honneur. Un grand merci au CAM! Rendez-vous le 22 juin 2021 dès 12h pour la cérémonie virtuelle de remise des prix.

> Découvrez l’ensemble des finalistes

Mois du patrimoine asiatique: des artistes en danse livrent des témoignages empreints de tolérance et d’ouverture

Pour rendre hommage à nos concitoyens d’ascendance asiatique, le Canada souligne en mai le Mois du patrimoine asiatique. Après une année pandémique marquée par une hausse des violences envers ces communautés, ce mois est aussi l’occasion de nous unir dans la lutte contre le racisme et la discrimination anti-asiatique. Le RQD a invité trois de ses membres issus de ces communautés, Roger Sinha, Charo Foo Tai Wei et Claudia Chan Tak, à répondre à la question suivante: en quoi est-ce important de souligner le Mois du patrimoine asiatique dans le milieu de la danse au Québec?

 © Damian Siqueiros

«La danse a toujours été ma façon de faire tomber les barrières et d’ouvrir les cœurs à la compassion et à l’acceptation. Encore et encore, je suis témoin de poings fermés, d’insultes et d’accusations visant des Asiatiques de toutes origines: d’une manière sans précédent cette fois à cause de la pandémie. En ce Mois du patrimoine asiatique, dansons à cœur ouvert et célébrons la tolérance et l’acceptation pour tous, sans exception.

« Détruis les frontières et les aveugles qui les érigent. Accepte, regarde et vois, ne condamne pas! » (Roger Sinha Haters ‘n Baiters 2010)”»

Roger Sinha – Directeur artistique et fondateur de Sinha Danse


 © Denis Martin

«Celebrating Asian Heritage Month is important as it welcomes us to remember our ancestors, our original traces, our family. A precious occasion to honour our heritage. It is also a special moment to share our untold stories and our cultural background. To welcome our new friends to discover our language through art. To bring more awareness for people to take note of our presence. To unite other Asian communities together in solidarity, showing that we are not alone. To remind ourselves it’s our responsibility to protect each other in unity, to be proud of being an Asian. Generation by generation, we will convey our voices through this month.»

Charo Foo Tai Wei – Dancer and Choreographer


 © Nans Bortuzzo

«Parce que le milieu de la danse est un tout et qu’il peut seulement s’épanouir lorsqu’il est un écosystème fonctionnel, équilibré et diversifié, je souhaite dans les prochaines années y voir encore plus de membres de ma communauté, non seulement sur scène, mais partout!

Parmi les artistes, les spectateur·rices, les enseignant·es, les journalistes, les critiques, les étudiant·es, les travailleur·euses culturels, les mentor·es, les graphistes, les vidéastes, les photographes, les régisseur·euses, les technicien·nes, les concepteur·rices, les commissaires, les organisateur·rices, les médiateur·rices, les membres de jury, les archivistes, les physios, les ostéos, les massos, les directeur·rices, les administrateur·rices, les personnes à l’accueil et à la billetterie, et tous les autres postes importants que j’oublie.

Soyons ensemble, soyons partout.»

Claudia Chan Tak – Chorégraphe et interprète

Les multiples visages de la danse au Québec

Pour les artistes qui immigrent au Québec, Montréal est souvent le premier point d’ancrage. Les organismes, les compagnies et les lieux de diffusion y sont plus nombreux et la vie cosmopolite sert de terreau pour le développement de la pratique artistique. Toutefois, une fois installés, ces artistes s’éveillent à l’appel de l’ailleurs et aux promesses de la vaste province. À travers les témoignages de Nasim Lootij, Bettina Szabo et Charo Foo Tai Wei, le rapport au territoire se révèle autant dans l’expérience esthétique que dans l’intime.

La Chute, de et avec Nasim Lootij, production de Vâtchik Danse, 2019 © Frédéric Chais

Nasim Lootij : une pratique teintée par le vécu

Depuis 2014, Nasim Lootij vit et travaille à Montréal où elle a cofondé le collectif Vâtchik Danse avec son partenaire et dramaturge Kiasa Nazeran. Son premier contact avec le public québécois remonte à la présentation de la première version du solo Moi-Me-Man dans le cadre du festival Accès Asie en mai 2016, ensuite présenté en 2017 à Tangente au Festival Altérité, pas à pas!

Ce spectacle voyage ensuite jusqu’à la Vieille Usine (Anse-à-Beaufils en Gaspésie) dans le cadre du Festival Fleur de lys, Fleur de thé. «Nous étions accueillis chaleureusement et professionnellement. On avait l’impression de pouvoir partager nos propositions artistiques avec les habitants de cette région qu’on n’avait pas l’occasion de connaitre avant et qui se montraient ouverts.»

Pour la chorégraphe et interprète, ces opportunités d’arpenter le territoire peuvent inspirer les artistes à s’installer ailleurs que dans les grandes villes et pourquoi pas, y développer sa pratique. «Rien n’empêche de commencer quelque chose. Si un artiste issu de la diversité s’installe dans une autre ville et commence à inviter d’autres artistes issus de la diversité, d’ici ou de l’international, ça peut créer un lien, des occasions de tournée.»

Ces rencontres permettent également une ouverture sur le monde, sur d’autres réalités portées à travers la création. «En tant qu’artiste iranienne, j’ai un regard différent sur les choses, car mes expériences politiques, sociales, culturelles ne sont pas les mêmes. Ma création est inspirée de mon vécu, donc j’apporte d’autres types de questionnements, d’esthétiques et d’approches dans mon processus de création.»

Par ailleurs, dans l’optique de nourrir ces rencontres, le projet en chantier Danse de résistance, initié par la commissaire en danse et en arts vivants Dena Davida, est un bel exemple. Nasim Lootij y prend part aux côtés de Hoor Malas et de Valérie Sabbah, elle-même co-commissaire.

L’idée maitresse consistait à approcher plusieurs artistes venant de pays ou de cultures dans lesquelles la danse et le corps féminin deviennent des actes de résistance, comme c’est le cas de l’Iran, par exemple, où danser est tout simplement interdit. Les trois artistes devront créer trois œuvres qui seront présentées dans plusieurs villes québécoises dont les détails ne sont pas encore connus. Le parcours débuterait en octobre 2022 à Montréal, à la Maison de la culture de Notre-Dame-de-Grâce.

 

 © Vincent Hubert

Bettina Szabo : la danse engagée

Bettina Szabo arrive au Québec en 2007 d’Uruguay, à l’âge 19 ans. Bien que la danse ait toujours fait partie de sa vie, ce déracinement représente le début de sa pratique professionnelle. «La danse n’existe pas comme carrière professionnelle en Uruguay. Il n’existe pas de systèmes de subventions ou d’encadrement comme au Canada ou au Québec. Ma pratique était très sérieuse avant, mais ici, ça a pris une autre ampleur.»

Ses pas l’ont menée à faire des études en interprétation à l’École de danse contemporaine de Montréal et en chorégraphie au l’Université Concordia. Une compagnie de danse et deux créations plus tard (Séquelles (2017) et Habitat (2020)), la jeune chorégraphe pose un regard critique sur son lien avec le territoire québécois, qu’elle souhaite découvrir davantage, animée par le désir de rencontres humaines et de paysages naturels.  «Cela me permettra de mieux comprendre mon pays d’accueil, sa complexité et ses facettes. Pour moi, l’art aide à réfléchir autrement, à donner une perspective différente de la vie et des enjeux sociaux.»

En 2019, au terme d’une résidence technique au Centre d’art Diane Dufresne à Repentigny pour son projet multidisciplinaire Cuña, abordant la misogynie intériorisée des femmes, Bettina Szabo relève le lien qui peut se créer avec le public dans la continuité d’une création. «C’était un vrai plaisir rencontrer ces personnes autour d’un sujet autre que mon immigration, d’échanger sur des choses qui montrent qu’on est égaux. À la fin de la journée, nos parcours sont différents, mais les émotions vécues dans nos vies sont universelles. C’est grâce à la danse que j’arrive à mettre ça en valeur.»

Bien qu’elle ait parcouru peu de distance, cela n’empêche pas l’artiste de rêver à la nature québécoise jusqu’à nourrir un projet de documentaire artistique qui découlerait de sa fascination pour les rivières, les chutes et les lacs.

 

Jin Gu Bang (The Golden Stick Ritual), de et avec Charo Foo Tai Wei © Denis Martin

Charo Foo Tai Wei : la liberté de créer

Pour la chorégraphe et danseuse singapourienne Charo Foo Tai Wei, l’immigration au Québec marque un tournant dans son travail chorégraphique. «Je suis devenue beaucoup plus confiante dans ma pratique de danse depuis mon arrivée. Dans mon travail, j’ai réalisé qu’il ne s’agit pas juste de mouvements techniques. Ici, il y a beaucoup d’ateliers de conscience de soi, d’exploration du corps et ça m’a définitivement aidée à grandir.»

Après six ans d’implication au sein du projet Le dragon bleu de Robert Lepage (Ex Machina), la création a pris une part plus importante dans le parcours de Charo Foo. À la même époque, elle découvre la danse Butō qu’elle intègre à son langage chorégraphique. C’est aussi l’occasion d’explorer le territoire québécois, que ce soit lors de la Biennale internationale du lin de Portneuf, du MondoKarnaval à Québec ou encore du Festival Fleur de lys, Fleur de thé en Gaspésie.

Ces expériences, marquantes et formatrices, font écho à la démarche de l’artiste qui s’inspire de la nature et qui nourrit une fascination pour les chutes d’eau, les vallées et les montagnes. «Ça enrichit mon travail et m’apporte de nouvelles idées et de nouvelles histoires. En fait, ça m’ouvre des portes à l’imagination créatrice qui se répand dans mon système corporel.»

En outre, le Québec est devenu un lieu d’appropriation et de reconnaissance de son propre héritage ancestral. «J’ai découvert des traditions autochtones, asiatiques et ça m’a inspiré à faire des recherches sur mes ancêtres. Je considère que c’est une voie très significative, car elle permet de tisser des liens plus forts avec mes racines.»

Les artistes issus de la diversité appartiennent aussi à ce territoire et il devrait y avoir plus d’opportunités de résidences par exemple, souligne Charo Foo. Pour sa part, elle estime apporter une histoire qui lui est propre. «Grâce à ma connaissance de la danse classique chinoise et aux croyances religieuses et superstitions que je porte en moi depuis mon enfance, j’apporte une conscience de soi et je me souviens que tout naît et périt. À travers mon travail, je sème également des émotions béates sur ce territoire.»

 

 © Pascale Methot

Autrice:
Rose Carine Henriquez

La danse sur les routes du Québec, un acteur clé dans l’implantation de la danse sur le territoire

Depuis sa création en 1997, l’organisme La danse sur les routes du Québec (La DSR) participe à développer la danse dans chaque recoin du Québec. Favorisant les échanges et la synergie entre les artistes, les compagnies et les diffuseurs, La DSR renforce également la présence de pratiques et d’œuvres chorégraphiques de tous horizons. La danse peut ainsi sortir des sentiers connus pour s’affranchir dans de nouveaux lieux à travers la province.

Le milieu se rallie pour la circulation de la danse

L’histoire de La DSR est intimement liée à celle du Regroupement québécois de la danse (RQD). Devant l’absence criante des spectacles de danse hors des grands centres comme Montréal et Québec, le RQD a mis sur pied un comité de travail formé de diffuseurs et de compagnies afin d’identifier les moyens qui permettraient à la danse de mieux circuler à travers le territoire. On est alors en 1994, où se tenaient les premiers États généraux de la danse organisés par le RQD. Deux ans plus tard, le projet-pilote Pour que la danse reprenne les routes du Québec nait.

En 2000, l’organisme devient indépendant et adopte l’appellation La danse sur les routes du Québec. Il poursuit, depuis lors, sa mission première : «On travaille en réseau, on représente au mieux nos membres pour améliorer la diffusion de la danse et le développement des publics de la danse au Québec, au Canada et à l’international», résume le directeur général Pierre-David Rodrigue, en poste depuis 2019.

À travers ses différents programmes, La DSR s’adresse aussi bien aux chorégraphes, aux compagnies de danse qu’aux diffuseurs pluridisciplinaires et spécialisés en danse, de même qu’aux agents de diffusion et de développement de public. Pour augmenter concrètement la présence de la danse dans les salles québécoises, le Programme de développement de la danse joue un rôle fondamental. Il s’agit d’une des plus importantes actions de la DSR, mais pourtant la moins connue selon son directeur général.

Le Programme de développement de la danse : un engagement des diffuseurs pluridisciplinaires

Dans le cadre de ce partenariat avec les diffuseurs, un ensemble de principes doivent être respectés. En plus d’avoir un quota de spectacles et d’activités de médiation culturelle à mettre sur pied, ils doivent également participer entre autres, aux formations de la DSR, à la biennale Parcours Danse, à des réunions de programmation. Tout cela concorde avec l’une des valeurs de l’organisation: celle d’initier des échanges et du partage.

Parmi les 22 diffuseurs participants, on retrouve le Théâtre du Bic dans le Bas-Saint-Laurent. Stéphanie Therriault, directrice de la programmation souligne les avantages du programme qui, selon elle, dépasse une simple aide pour présenter des spectacles. «Les formations axent le regard du diffuseur sur le développement de la discipline, indique-t-elle. Ça nous encourage à accueillir des artistes en résidences ou à faire des activités de médiation. Il y a une volonté de construire, de bâtir et de solidifier les connaissances autant chez le public que parmi les diffuseurs aussi.»

Faisant partie des principes fondateurs du programme, l’obligation d’embaucher une personne dédiée à la discipline est toujours de mise. «Dans plusieurs cas, c’est un agent de développement, une ressource qui se consacre à chaque année à avoir un plan de développement pour la danse adapté à la réalité, la région et les capacités de chaque diffuseur», précise Pierre-David Rodrigue.

Atelier de danse-méditation avec Ivanie Aubin-Malo, 2019 © Théâtre du Bic

Des retombées positives

«Lorsque le programme a commencé, il y avait encore très peu de spectacles de danse à l’extérieur des grands centres, souligne Pierre-David Rodrigue. Maintenant, on est rendu avec une programmation constante et annuelle en danse de création. Ce qui a changé, c’est qu’il y a maintenant un engagement soutenu envers la discipline.»

Dans le dernier rapport annuel de l’organisme, on peut lire qu’en 2019-2020, 16 diffuseurs pluridisciplinaires se sont engagés pour une cinquième année dans le cadre du Programme de développement de la danse et que six nouveaux diffuseurs pluridisciplinaires se sont ajoutés et profitent d’un partenariat de 250 000 $ de La DSR. À cause de la pandémie mondiale qui donne du fil à retordre au milieu des arts vivants, 120 représentations ont pu voir le jour sur les 180 prévues. Il s’agit d’une performance constante et légèrement supérieure aux chiffres de 2018-2019.

Devant ce réel intérêt de part et d’autre, l’objectif est de bonifier les rangs du programme. «C’est sûr qu’on a atteint une vitesse de croisière, mais il y a encore des diffuseurs à aller chercher, il y a encore place à du développement de la danse. Les diffuseurs continuent à augmenter le nombre de spectacles qu’ils programment. Maintenant les diffuseurs savent que plus ils programment de la danse, plus ils ont de spectateurs. C’est un goût qui se développe chez les spectateurs.» 

Follement Danse, spectacle communautaire mettant en scène des gens de la communauté, sous la direction artistique de Soraïda Caron, 2019 © Marc Lepage

Sensibilisation à la sélection artistique

Depuis 2018, la DSR a mis sur pied un programme pilote visant à développer les compétences en diffusion de la danse pour des artistes qui s’identifient comme membres d’une communauté autochtone ou racisée. Cela s’étend aussi au Programme du développement de la danse. «C’est certain qu’il y a un enjeu d’arriver à refléter nos priorités en termes d’équité entre les styles, entre les genres, explique Pierre-David. Par contre, on donne des formations, des ateliers pour provoquer des rencontres avec ces artistes qui sont sous-représentés.»

Il s’agit d’une préoccupation à laquelle est sensible Stéphanie Therriault dans sa propre démarche de programmatrice. «J’essaie d’avoir un équilibre entre les artistes établis et des artistes de la relève par exemple, déclare-t-elle. Il est important ne pas avoir seulement des œuvres semblables. Ça vient aussi par en dedans, je cherche des œuvres qui touchent le public, qui piquent leur curiosité, qui soient dans la diversité et la représentativité de plein d’esthétiques et d’expériences.»

Aux yeux de Stéphanie Therriault, le Programme du développement de la danse de la DSR est absolument nécessaire et mérite de s’élargir à un plus grand nombre de diffuseurs. En attendant, au Théâtre du Bic, ce «rapport de cœur» avec la danse est là pour durer. «Ce n’est pas par obligation qu’on programme de la danse, c’est par choix, par passion et par envie de développer cette discipline», conclut-elle.

 

 © Pascale Methot

Autrice:
Rose Carine Henriquez

Financement de la danse: dialogue ouvert entre le RQD et le CALQ

Suite aux annonces du ministère de la Culture et des Communications d’un investissement de 6,5 M$ pour la danse, le Regroupement québécois de la danse (RQD) et le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) sont rapidement entrés en dialogue.

Nous avons bien conscience que vous êtes nombreux à vous poser des questions sur ce qu’il adviendra de cette enveloppe financière. Considérant l’urgence de débloquer cet argent pour le milieu de la danse et que soient rapidement définis les paramètres de sa ventilation, cet enjeu fait partie des priorités de l’heure du RQD.

Le CALQ se montre par ailleurs proactif et très ouvert à recevoir nos recommandations. Des séances de travail basées sur le projet de Plan de relance de la danse professionnelle sont ainsi prévues entre le Conseil et le RQD au mois de mai. Les enjeux, stratégies et recommandations identifiés par les organismes et les artistes en danse lors des concertations de la dernière année seront au cœur de ces rencontres.

Plan de relance de la danse professionnelle: état d’avancement

Ces deux dernières semaines, le Regroupement québécois de la danse (RQD) a entamé les consultations du comité de validation du projet de Plan de relance de la danse professionnelle. Dans une perspective de représentativité des secteurs de pratiques, des générations et des régions, près d’une trentaine de professionnels ont été invités à commenter le document de travail. Nous les remercions chaleureusement de leur contribution.

L’exercice a permis de valider les grands axes, de bonifier des enjeux et des actions et de nommer certains angles morts. Fort de tous ces apports, le plan de relance sera donc encore sur la table à dessin pour les prochaines semaines. Un travail de rédaction et de priorisation est par ailleurs à faire avant la présentation aux membres d’un document final. Soyez assurés que nous vous tiendrons informés de la progression de cet important projet.