2021-05-04
 
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Hommages à France Geoffroy

Hommages à France Geoffroy

C’est avec une profonde tristesse que la communauté de la danse du Québec a appris le décès de l’artiste France Geoffroy, le 30 avril 2021. Grande pionnière de la danse intégrée au Québec, l’interprète, enseignante et codirectrice générale et artistique de Corpuscule Danse aura fondamentalement contribué à changer les regards sur le handicap et les corps atypiques en danse. Pour saluer sa mémoire, des artistes et proches collaborateurs livrent des témoignages sur l’apport de cette femme d’exception dans leurs parcours et le développement de la danse.

«Derrière la main gantée d’un «push cof», l’effort d’une poussée et le déplacement du fauteuil de danse; derrière le clic de l’embrayage et la mobilisation du fauteuil électrique, il y avait la passion, celle-là même qui anime quiconque trouve dans le mouvement une voie vers l’autre et vers soi. De la passion, pas du courage: un mot qui résonnait mal à l’oreille de France. Mais sans doute y avait-il une force de caractère et une vision peu commune pour surmonter les obstacles rencontrés: l’absence d’une rampe d’accès, l’inégalité du plancher d’une scène comme l’existence du doute chez les uns et du préjugé chez les autres. Et pourtant, France a fait ses classes, s’est entrainée, a cultivé sa connaissance de la danse, s’est faite artiste du corps, quoi! En sa présence, le studio devenait lieu de mouvance et d’humanité. Il fallait partager la beauté des rencontres, performer dans les théâtres et lors d’évènements, communiquer, se joindre aux discussions, inclure, enseigner, convaincre, ouvrir des portes, et rêver jusqu’à l’effacement de toutes résistances. Plusieurs ont saisi l’importance de sa quête. Sa danse s’est déplacée de lieu en lieu, ouvrant les esprits, les corps et les âmes. Notre histoire aura duré vingt-cinq ans et jusqu’à la fin, France a guidé mon regard vers l’infiniment petit et l’infiniment grand. Je n’ai pas manqué de le lui dire…»

Sophie Michaud, directrice des répétitions


 

«France était un être d’exception. Je crois que son impact est au-delà de la danse et que tous ceux qui l’ont vue ou côtoyée, que ce soit dans son quotidien, sur scène, dans une de ses conférences ou de ses classes, en gardent un souvenir impérissable. Elle marquait les gens par sa passion, sa détermination, son humanité. C’est ainsi qu’elle a su bien s’entourer pour construire l’espace où elle pouvait exister et s’épanouir en tant qu’artiste tout en repoussant ses limites. Se faisant, elle a entrouvert une voie pour les artistes de la diversité fonctionnelle et leur reconnaissance professionnelle. C’était une fonceuse et une défricheuse qui, par sa persévérance, a ouvert des possibles.»

Georges-Nicolas Tremblay, interprète et chercheur


 

France Geoffroy dans Quadriptyque I-II-III de Corpuscule Danse © Mikael Theimer

«With an insurmountable effort France dedicated herself to pursuing a life in dance by having to re-invent how her body breathes, produces movement, and finally dances.
Like I try to do…but she, with an overwhelming amount of willpower and trust.

With a great amount of humour, wit, warmth and painful honesty France has been the chief from the beginning. From my first contract as her dance partner, I remarked how normal it felt to collaborate together and then how important it was, her vision of integrated dance.

From studio to stage, to dance with France has at times delighted and shocked the public—a public which includes anyone whose life is affected by a handicap or a handicap of another—in other words, nearly everyone.

She found a way within herself and through her art she has shared this victory with everyone.
I am forever changed as is the large array of artists who have come in contact with the dance of France Geoffroy.

And yes France, I am still your dancer.»

Thomas Casey, dancer and choreographer


 

«Femme d’exception. Battante, tu as consacré ta fougue, ton énergie, ta vie et ta passion à la reconnaissance de la danse intégrée au Québec. Face à ma difficulté de trouver les mots, je choisis de me plonger dans tes paroles…

“En art, il y a des tabous, mais c’est un lieu assez élastique où tout est possible…”
Tu demeures un modèle d’inspiration à mes yeux.
Je me souviens de nos discussions engagées, de ton engagement, de ta force.

“On devrait pouvoir s’inspirer de n’importe quel type de corps.”
Lumineuse et pleine d’humour, critique et déterminée, impliquée tant dans la création que dans l’enseignement, la médiation et la représentation politique.

“J’aime beaucoup le mouvement des nuages. On s’éloigne et en même temps on se rapproche…”
Face à l’esprit fermé du temps, ton audace a ouvert des brèches inspirantes et salvatrices.

“Est-ce qu’on voit les yeux fermés? ”
Puissions-nous être dignes de ta mémoire.»

Katya Montaignac, directrice artistique, dramaturge et chercheure


 

«Je me souviens de la première fois que je t’ai vue sur scène et à quel point j’aimais ta présence.

Nous avons vibré ensemble. Des moments d’extases si bénéfiques qui nous faisaient rire et qui nous transportaient dans des mondes étonnants. Nous y étions si bien.

Nous avons été éblouis ensemble.

À chaque fois que je travaillerai la lumière et la joie, tu y seras. Ta lumière que je sens en moi rayonne partout, pour tous ceux que tu as illuminés comme moi.

À chaque fois que je ferai des couleurs et des extases, tu chanteras dans une partie de mon cœur.

Je continuerai cette lettre en moi en te remerciant si ardemment d’avoir rayonné avec autant d’ardeur à mes côtés…

Tu continueras de vibrer en moi…

À là où nous serons réunis…»

Benoît Lachambre, chorégraphe

France Geoffroy et Benoît Lachambre © Mikaël Theimer


France Geoffroy – 1974-2021
Source: communiqué de Corpuscule Danse

 © Josée Broekaert

Montréal, le 30 avril 2021. C’est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès de France Geoffroy, artiste en danse, cofondatrice, codirectrice générale et artistique de la compagnie Corpuscule Danse. Avec force, dignité et sérénité, France s’est envolée alors qu’elle était portée par l’amour de ses proches.

Idéatrice de projets, interprète et enseignante, celle qui se présentait comme « la danseuse à roulettes », fut pionnière de la danse intégrée au Québec. La compagnie Corpuscule Danse qu’elle a cofondée en 2000 avec Martine Lusignan et Isaac Savoie aura été, jusqu’à la fin de son parcours, l’espace dans lequel s’est déployée sa vision artistique et sociale.

En 1991, âgée de 17 ans, à la veille d’entreprendre une formation en danse, France Geoffroy subit un accident qui change le cours de sa vie. Devenue quadraplégique, elle fait la rencontre déterminante d’artistes dont Valérie Dean, Philippe Vita et Sophie Michaud et renoue avec son corps dansant et sa passion pour le mouvement. Tout aussi important, un séjour à Londres au sein de la compagnie Candoco lui insuffle le désir de développer la pratique de la danse intégrée au Québec. Dans la compréhension et la création d’une danse fondée sur la rencontre de corporéités avec et sans handicap, contribuent de près Sophie Michaud à titre de directrice des répétitions et conseillère artistique ainsi que Tom Casey, son principal partenaire de danse.

Dès la fondation de Corpuscule Danse, France Geoffroy invite des chorégraphes de renom et de la relève à créer des œuvres empreintes de contrastes, d’humour et de poésie qui valorisent la diversité des corps.  Au fil du temps, ont oeuvré au sein de la compagnie les artistes :  Kuldip Singh-Barmi, Jemima Hoadley, Johanne Madore, John Ottmann, Hélène Langevin, Estelle Clareton, Chantal Lamirande, et plus récemment dans la réalisation du projet Quadriptyque (Agora 2019), Benoît Lachambre, Lucie Grégoire, Déborah Dunn et Sarah-Ève Grant.

Dès 2002, dans une volonté de favoriser l’épanouissement des personnes en situation de handicap, de valoriser la diversité, l’inclusion et le mieux-vivre ensemble, elle intègre aux activités de sa compagnie le volet enseignement. En réunissant amateurs et artistes professionnels de tous âges dans des cours, des ateliers et la création de spectacles, elle participe aussi à la redéfinition de la danse contemporaine et à l’élargissement du regard des publics.

Femme engagée, France Geoffroy a été porte-parole de la Fondation du Centre de réadaptation Lucie-Bruneau pendant douze ans, a siégé au conseil d’administration de Visions sur l’art Québec durant sept ans et s’est impliquée chez Kéroul, la Table de concertation des organismes oeuvrant en culture auprès des personnes ayant une limitation fonctionnelle.

Au cours de sa carrière, France Geoffroy a reçu de nombreux prix soulignant l’importance de ses actions : Le Prix Innovation Guy Langlois de l’organisme AlterGo (2013), le Prix du Gouverneur général, division civile (2017), le Prix À part entière de l’Office des Personnes handicapées du Québec (2017), le Prix Michael J. Fox du Conseil des arts du Canada (2018) et le Prix Envol du Conseil des arts de Montréal pour la diversité culturelle et les pratiques inclusives en danse.

À travers la vision renouvelée de l’artiste Marie-Hélène Bellavance, active à la compagnie depuis 2005, et le soutien indéfectible de son conseil d’administration, Corpuscule Danse s’engage à garder vivantes la vision et l’âme de France Geoffroy en poursuivant la mission qui lui tenait tant à cœur.

Message québécois de la Journée internationale de la danse par Aïcha Bastien-N’Diaye

À l’invitation du Regroupement québécois de la danse (RQD), l’artiste Aïcha Bastien-N’Diaye livre un message d’espoir pour la Journée internationale de la danse. Au terme d’une année de pandémie qui affecte la vie de tous les citoyens du Québec et frappe durement le secteur des arts et de la culture, son message souligne avec sensibilité et détermination à quel point la danse est accessible, rassembleuse et porteuse de changement.

À la fois interprète, chorégraphe et enseignante, l’artiste de Wendake, Québec, Aïcha Bastien-N’Diaye, associe tradition et contemporanéité, physicalité et expressivité, dans une diversité de genres de danse. Alliant la richesse des cultures, des pratiques et des esthétiques, la jeune artiste incarne le visage de la danse québécoise d’aujourd’hui, ouverte sur le monde et sur l’autre.

Sa fougue et son engagement traversent cette vidéo tournée dans des lieux emblématiques de la ville de Québec, de Wendake et de leurs environs, pour rapprocher nature et urbanité dans un message empreint d’authenticité.

Message québécois de la Journée internationale de la danse 2021
Par Aïcha Bastien-N’Diaye

Danser
Parce que c’est essentiel. Ça l’a toujours été.
La danse, c’est bon pour nous. C’est ce remède impérissable contre les maux et les blessures. Cet art vivant qui attise la joie de vivre chez les petits comme les grands. Ce langage humain, authentique et puissant.
De quoi rassembler un village sur un même rythme, de quoi inspirer un monde à s’unir plutôt qu’à se diviser, de quoi motiver une communauté. De quoi en faire pour le plaisir, de quoi en faire carrière. De quoi s’assurer que le mouvement ne s’arrêtera jamais.

Danser pour soi
Dans une cuisine, dans un studio, dans la rue. Bouger, «bouncer», tourner, tomber, se relever, improviser, «shaker» jusqu’à ce que le méchant sorte. Jusqu’à ce que le corps s’exprime de lui-même.

Danser ensemble
Inspirons-nous mutuellement. Sans barrière, sans frontière, sans comparaison ou jugement. Générons plus de mouvement, plus d’éducation, plus de tolérance. Plus de support pour nos artistes, nos professeurs, nos alliés, nos organismes. Allez! Rassemblons-nous dans le mouvement, dans le possible, dans la création du possible. Dans le «Oui».

Oui, la danse est un sport.
Oui, la danse est un art.
Oui, la danse, c’est cool.
Oui, la danse, c’est un métier.
Oui, les choses doivent changer.
Oui, les choses vont bouger.
Oui, toi aussi, tu peux danser.
Oui, la danse est un vecteur de changement social.

On a besoin de la danse maintenant plus que jamais. Chaque occasion est bonne.
Créer, partager, soutenir, célébrer la danse.
Dansons pour revendiquer la richesse et l’importance de la danse, ici, au Québec. Chez nous.
Parce qu’il y en aura d’autres des moments comme celui-là, où la langue et les mots ne suffiront pas à exprimer le fait que…
Quoi qu’il arrive,
On dansera.

 

 © Anne-Marie Desmarais

Aïcha Bastien-N’Diaye
De la nation huronne-wendat, Aïcha est initiée au mouvement par la danse traditionnelle de la Guinée tout en grandissant sur le territoire de la communauté de Wendake. Créant instinctivement un mélange homogène entre deux fortes cultures, son engouement pour la physicalité et l’expressivité de la danse la guidera vers la formation professionnelle de l’École de danse de Québec. Elle réside depuis à Québec où elle participe activement à la scène artistique. Développant des unions entre différents styles de danse, elle crée un art chorégraphique qui abolit les frontières et les stéréotypes. Artiste en danse, productrice de contenu, militante et adepte des mots, Aïcha considère l’art comme un médium proactif pour générer changements et réflexions.

 

Source
Coralie Muroni
Directrice des communications
514 619-3838
cmuroni@quebecdanse.org

Le codéveloppement en numérique: pourquoi s’y aventurer?

Avez-vous déjà entendu parler du codéveloppement? C’est l’aventure dans laquelle ont choisi de se lancer sept membres du Regroupement québécois de la danse (RQD) depuis le mois de septembre 2020 pour accroître leurs connaissances, partager conseils et expériences et réfléchir ensemble à la mise en œuvre de leurs projets numériques. Le RQD vous propose de revenir sur les apprentissages retenus ainsi que les bénéfices de cette démarche d’intelligence collective qui peut s’appliquer dans bien des domaines! Mais avant tout, prenons le temps de comprendre ce qu’est le codéveloppement.

Le codéveloppement: qu’est-ce que c’est?

Tel que son nom l’indique, cette formule permet à un groupe de personnes de développer de manière collective un projet, une idée ou de trouver une solution à une problématique. Selon les experts et auteurs Adrien Payette et Claude Champagne: «Le groupe de codéveloppement professionnel est une approche de développement pour des personnes qui croient pouvoir apprendre les unes des autres afin d’améliorer leur pratique. La réflexion effectuée, individuellement et en groupe, est favorisée par un exercice structuré de consultation qui porte sur des problématiques vécues actuellement par les participants…»[1].

Comment ça marche?

Le groupe de codéveloppement numérique du RQD s’est réuni à huit reprises et a bénéficié de l’encadrement d’Ananda Dubé-Gauthier, diplômée en psychosociologie des relations humaines et facilitatrice en codéveloppement professionnel axé sur le déploiement de compétences et de connaissances numériques.

Voici les grands principes de la méthode de codéveloppement:

  • Chaque participant est invité à décrire le contexte de son projet numérique et à formuler une demande d’accompagnement par le groupe. La rencontre est alors entièrement dédiée à ce projet autour duquel les participants échangent dans le respect et la confidentialité.
  • Les participants du groupe de travail peuvent poser des questions de clarification contextuelles et factuelles.
  • Une fois que le contexte du projet semble assez clair pour tous, un «contrat» d’accompagnement est alors défini pour nommer les attentes, la demande et l’axe de la discussion à poursuivre.
  • Les participants endossent le rôle de consultants et exposent à tour de rôle leurs impressions sur la situation, ainsi que les solutions envisageables. Des stratégies et des actions sont alors collectées et proposées afin d’aider le porteur de projet à cheminer vers les autres étapes de son projet ou tout simplement à mieux l’appréhender dans son ensemble.
  • La personne accompagnée fait un retour sur les visions nouvelles de sa situation ainsi que sur les solutions proposées. Elle en choisira une ou deux qui lui semblent plus pertinentes et s’engage envers le groupe à les essayer et à leur faire un retour lors de la prochaine session.

Pour en savoir plus sur les étapes du codéveloppement, le Réseau des Agents de Développement culturel Numérique (RADN) propose cette ressource.

Numérique et codéveloppement: un duo gagnant

Le codéveloppement est une approche participative très connectée à la pratique professionnelle. Cette méthode permet de renforcer les compétences numériques dans le milieu de la danse, tout en favorisant l’autonomie des participants. Elle favorise l’acquisition d’une littératie numérique[2], sans le caractère formel et parfois peu attractif d’apprentissages plus directifs. En croisant leurs perspectives avec celles de leurs pairs, les participants agissent ainsi à la fois sur leur propre réalité et sur celles de leur milieu.

Quels sont les apprentissages retenus?

Si la formulation des stratégies et des solutions représente un réel aboutissement, la démarche constitue un apprentissage en soi. Aucun niveau de connaissances spécifiques en numérique n’était requis pour participer à cette formation.

Avec le codéveloppement, le partage se fait en toute humilité et bienveillance, ce qui facilite l’expression des questionnements, doutes et craintes de chacun. La définition des besoins constitue d’ailleurs un des premiers défis du processus, que le groupe permet de relever en aidant à mieux cerner le problème à résoudre. En bénéficiant du regard extérieur de ses pairs, le participant développe également un nouveau vocabulaire numérique qu’il peut utiliser à son tour.

«J’ai appris qu’à partir d’une demande très vague, nous pouvons, à l’aide des questionnements de nos pairs, arriver à quelque chose de plus pointu et saisir le besoin réel de la personne accompagnée.» [3]

Il a également été constaté que les peurs et l’inconfort liés au numérique s’estompent progressivement au profit d’une volonté de donner et partager. Les participants développent progressivement une posture d’ouverture au changement.

«J’observe que nous sommes vraiment intimidés par le numérique. On voit cela comme étant étranger à nous. On pense que cela nous est inaccessible parce que nous ne possédons pas les compétences techniques. Je me rends compte, avec les derniers ateliers de codéveloppement, que cette distance-là n’a pas vraiment lieu d’être. On peut le faire avec nos instincts, notre curiosité et c’est un peu épeurant parce qu’on le fait avec nos sensibilités. Notre meilleur outil, c’est nous-même finalement.»

Lorsque les besoins sont identifiés, il est alors plus facile de savoir vers quelles ressources se tourner.

Pour en savoir plus sur les projets abordés dans le cadre du groupe de codéveloppement numérique du RQD, voici trois cas concrets (stratégie numérique, création de site web et cours de danse virtuels) comprenant la problématique formulée et les stratégies proposées.

Le codéveloppement, une aventure humaine, collaborative et collective

En créant des liens entre les participants, les séances de codéveloppement contribuent à rompre avec le sentiment de solitude et d’isolement que peuvent éprouver certains pigistes, d’autant plus dans un contexte de pandémie. Cet espace de partage et d’échange instaure un climat de confiance. Tout aspect de concurrence ou de méfiance tombe alors pour faire émerger des solutions de manière collective et collaborative. Les intelligences individuelles fusionnent et favorisent un climat de cocréation pour faire émerger des solutions et des ressources, développer des compétences numériques, une vision et un vocabulaire commun. Se développe également un sentiment d’appartenance à une communauté de pratique capable de partager, faire naître et circuler des idées.

La participation d’experts

Il est certain que la pensée, les compétences et les connaissances collectives du groupe ont une limite. C’est pour cette raison que l’apport des experts joue un rôle important dans le processus. Invités à participer de manière ponctuelle aux rencontres, les experts inspirent alors de nouvelles connaissances et de nouvelles pratiques à l’appui d’exemples concrets afin de montrer ce qui est réalisable avec le numérique. Les participants peuvent alors envisager de nouvelles avenues pour progresser dans leur pratique.

Vers le déploiement d’une pensée numérique

La communication, la collaboration, la pensée critique et la résolution de problèmes font partie intégrante des habiletés développées par le codéveloppement. Cette formule offre un terreau favorable à l’émergence d’une pensée numérique, en plus de permettre aux participants de développer leur littératie numérique et d’augmenter leur habilité à se tourner vers des ressources numériques. La formation a ainsi permis d’amorcer un changement de posture qu’il conviendra de continuer à nourrir.

Notes


[1] Adrien PAYETTE, Claude CHAMPAGNE, Le groupe de codéveloppement professionnel, Presse de l’Université du Québec, 1997

[2] Dans le Plan Culturel Numérique du Québec du ministère de la Culture et des Communications (2017), la notion de littératie numérique est définie ainsi: «Ensemble des connaissances et compétences permettant à une personne d’utiliser, de comprendre, d’évaluer, de s’engager et de créer dans un contexte numérique et, d’une façon plus générale, celles lui permettant de participer à la société.»

[3] Commentaires anonymes de participants au groupe de codéveloppement numérique du RQD.

Précisions sur le port du masque médical pour les arts de la scène et les lieux de travail

Le 30 mars dernier, le port du masque médical devenait obligatoire dans tous les lieux de travail. Après vérification auprès du ministère de la Culture et des Communications (MCC), cette mesure, discrètement annoncée, s’applique en partie aux arts de la scène.

«Pour les arts de la scène, le port du masque est obligatoire en répétition et l’exception ne vaut que pour les représentations» confirme le MCC. Cela s’applique également aux petites équipes stables (PES). De plus, les travailleurs culturels exécutant du travail de bureau doivent porter le masque, même assis à leur bureau.

La CNESST définit le masque médical comme suit: «Le terme «masque médical» fait référence aux termes «masque de procédure» et «masque chirurgical». Ce terme sera dorénavant privilégié dans les documents produits par la CNESST. Il est possible que le terme «masque de procédure» se retrouve dans des documents précédemment édités et ce, jusqu’à une prochaine révision de ceux-ci.»

La distance de 2 mètres entre toutes personnes doit également être respectée autant que possible.

Le Regroupement québécois de la danse constate que le resserrement des mesures sanitaires peut avoir un impact sur la création artistique ou sur l’intégrité des œuvres chorégraphiques. Si de telles mesures peuvent créer de la frustration et paraître rébarbatives, nous recommandons toutefois à nos membres de continuer à les respecter afin de maintenir des conditions sécuritaires dans notre secteur.

Nous vous invitons également à poser vos questions, nous faire parvenir vos commentaires ou doléances et partager vos recommandations à info@quebecdanse.org.

> Guide de la CNESST – arts de la scène (mise à jour 5 février 2021)

> FAQ Guide CNESST FR / EN (publié le 5 novembre 2020, ce document reste une référence importante, mais certaines mesures ont changé depuis sa publication)

> Information générale par rapport au masque (n’intègre pas les spécificités des arts de la scène)

Budget fédéral 2021-2022: des investissements pour soutenir la culture

Le budget fédéral 2021-2022, dévoilé le 19 avril par la ministre des Finances Chrystia Freeland, prévoit un soutien de plus de 1,9 milliard de dollars sur cinq ans pour appuyer le secteur des arts et de la culture. Le gouvernement fédéral reconnaît ainsi que ce secteur est parmi l’un des plus durement touché par la pandémie. Voici un résumé des investissements et des mesures pouvant s’appliquer aux membres du Regroupement québécois de la danse.

Relance culturelle

  • Création d’un fonds de relance pour les secteurs des arts, de la culture, du patrimoine et des sports de 300 millions de dollars sur deux ans, administré par Patrimoine canadien, pour promouvoir le rétablissement de ces secteurs après la pandémie. Des détails additionnels suivront sous peu quant à la manière dont ces fonds seront répartis.

Festivals et arts vivants

  • Investissement de 200 millions de dollars pour appuyer les festivals locaux, les événements et les organismes culturels communautaires par l’entremise de Patrimoine canadien.
  • Investissement de 200 millions de dollars pour appuyer les festivals artistiques et culturels de calibre mondial du Canada qui attirent des millions de visiteurs du monde entier au pays. Ces fonds seront administrés par les agences de développement régional.
  • Financement de 15 millions de dollars via le Fonds du Canada pour les espaces culturels pour aider les institutions artistiques et patrimoniales à moderniser leurs installations afin de respecter les lignes directrices en matière de santé publique.
  • Enveloppe additionnelle de 49,6 millions de dollars dont pourront bénéficier les festivals des arts de la scène, les célébrations et les événements culturels communautaires. Les fonds seront répartis comme suit:
    • Programme de Développement des communautés par le biais des arts et du patrimoine: 14 M$ de dollars sur deux ans, à compter de 2022-2023;
    • Fonds du Canada pour la présentation des arts: 16 M$ sur deux ans, à compter de 2022-2023;
    • Programme des célébrations et commémorations: 19,6 M$ sur trois ans, à compter de 2021-2022.

Emploi

  • Prolongation de la Subvention salariale, la Subvention pour le loyer et la Mesure de soutien en cas de confinement, jusqu’au 25 septembre 2021.
  • Engagement à apporter des modifications au Code canadien du travail pour mieux protéger le travail des travailleurs à la demande («gig workers»).

Pour de plus amples détails
> Document d’information sur les mesures en soutien aux secteurs du tourisme, des arts et de la culture
> Résumé de Culture Montréal
> Intégralité du Budget fédéral 2021-2022

6,5 millions de dollars pour la relance du secteur de la danse

Montréal, le 19 avril 2021 – Le Regroupement québécois de la danse (RQD) se réjouit de l’annonce du ministère de la Culture et des Communications (MCC) accordant un investissement de 6,5 millions de dollars pour soutenir le secteur de la danse professionnelle au Québec. Alloué au Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), ce soutien servira notamment à l’entraînement des artistes, à encourager l’accueil en résidence de création, à permettre l’adaptation d’œuvres chorégraphiques à la situation pandémique et à bonifier l’aide à la circulation des œuvres.

Cette annonce intervient dans un contexte où les artistes et les organismes de la danse sont particulièrement touchés par la pandémie. Les périodes successives de confinement, les fermetures des salles et la suspension de la circulation des personnes et des œuvres à l’international ont eu un impact majeur sur le développement de ce secteur où le rayonnement et l’exportation jouent un rôle essentiel.

«Cet investissement vient pallier les conséquences de l’inactivité imposée aux artistes en danse dans la dernière année. Cette inactivité a suscité de la détresse, de l’anxiété, ainsi qu’un état de grande précarité. Le soutien qui nous est annoncé aujourd’hui assurera aux interprètes et aux chorégraphes une remise en forme physique et artistique sécuritaire. Il démontre également une reconnaissance de leur métier et de leur apport inestimable à l’art chorégraphique.»

Jamie Wright, coprésidente du Regroupement québécois de la danse

La ministre Nathalie Roy a chaleureusement souligné la contribution du Regroupement québécois de la danse et de sa directrice générale sortante, Fabienne Cabado, pour son travail de sensibilisation et de représentation des enjeux spécifiques du secteur. Elle a également salué la résilience et les efforts des artistes de la danse pour demeurer en forme physique et continuer de créer.

«En raison des impératifs de distanciation, du manque d’entraînement des artistes et de l’absence de revenus aux guichets, la danse est l’un des secteurs qui ont été très éprouvés par la pandémie. C’est pourquoi notre gouvernement juge essentiel de soutenir les projets d’interprètes et d’organismes de ce secteur. Je suis convaincue que ces initiatives contribueront à la relance du milieu de la danse et qu’elles feront briller le talent de chorégraphes, danseuses et danseurs dont nous sommes fiers.»
Nathalie Roy, ministre de la Culture et des Communications

L’aide provient des 147 M$ supplémentaires injectés dans le Plan de relance économique du milieu culturel et annoncés lors du dévoilement du budget provincial 2021-2022.

À propos du RQD
Le Regroupement québécois de la danse rassemble et représente les individus et organismes professionnels œuvrant en danse, dans le but de favoriser l’avancement et le rayonnement de l’art chorégraphique et de contribuer à l’amélioration des conditions de pratique en danse.

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SOURCE
Coralie Muroni
Directrice des communications
Regroupement québécois de la danse
514 619-3838
cmuroni@quebecdanse.org

 

Revue de presse:
Lire l’article du Devoir, Québec dégage une aide spécifique pour la danse, 20 avril 2021.

 

Une étude majeure sur les publics des arts de la scène au Québec

Le Groupe de travail sur la fréquentation des arts de la scène (GTFAS), dont fait partie le Regroupement québécois de la danse, est heureux d’annoncer la publication de l’Étude des publics des arts de la scène au Québec, la plus importante recherche jamais produite sur le sujet au Québec. Elle offre un portrait détaillé de la fréquentation des arts de la scène avant la pandémie, soit de mars 2018 à février 2019.

D’une ampleur inédite, l’étude couvre 10 disciplines des arts de la scène: danse, musique classique, musique instrumentale, théâtre, chanson francophone et chanson anglophone, humour, cirque, comédie musicale et variétés. Un sondage national d’une très grande ampleur (6 254 répondants), 3 enquêtes ciblées (20 000 répondants) et une trentaine d’entrevues avec des informateurs clés ont été réalisées par DAIGLE/SAIRE, qui a coordonné l’ambitieux chantier et analysé les résultats. Les riches données ont permis de tracer les profils disciplinaires et géographiques des publics et de mieux comprendre les facteurs influençant la fréquentation sous diverses formes, y compris dans les festivals et lieux alternatifs.

Pour la première fois, la relation entre la fréquentation gratuite et payante est bien documentée, de même que les freins à la sortie au spectacle. L’étude déboulonne par ailleurs le mythe du spectateur qui ne s’intéresse qu’à une forme de spectacle, par exemple l’opéra et la musique classique, et révèle que le public québécois navigue souvent entre diverses disciplines. Elle défait aussi le préjugé d’une jeunesse culturellement passive, tournée exclusivement vers l’offre numérique.

«L’étude et les données qui l’accompagnent constituent un formidable outil, entre autres pour la réalisation des études de marché et des campagnes de promotion qui seront tout particulièrement nécessaires pour la relance des arts vivants au Québec» soulignent les membres du groupe de travail.

L’étude a été rendue possible grâce au soutien financier des cinq partenaires suivants:

  • Conseil des arts du Canada
  • Ministère de la Culture et des Communications
  • Conseil des arts et des lettres du Québec
  • Patrimoine canadien
  • Société de développement des entreprises culturelles

Consulter le sommaire

Consulter l’étude

Visionner le webinaire de présentation de l’étude

 

À PROPOS DU GTFAS

Le GTFAS réunit des représentants d’importants réseaux de diffusion, d’artistes et de producteurs au Québec, de toutes les disciplines des arts de la scène. Les 12 organismes suivants en font partie:

  • Association des diffuseurs spécialisés en théâtre (ADST)
  • Association des professionnels de l’industrie de l’humour (APIH)
  • Association professionnelle des diffuseurs de spectacles – RIDEAU
  • Association québécoise de l’industrie du disque, du spectacle et de la vidéo (ADISQ)
  • Conseil québécois de la musique (CQM)
  • Conseil québécois du théâtre (CQT)
  • Coup de cœur francophone
  • En piste – Regroupement national des arts du cirque
  • La danse sur les routes du Québec
  • Les Voyagements – Théâtre de création en tournée
  • Regroupement québécois de la danse (RQD)
  • Théâtres Unis Enfance Jeunesse (TUEJ)

Plan de relance de la danse: nouvelle étape du processus

La relance du secteur de la danse est une préoccupation majeure du Regroupement québécois de la danse (RQD) qui met tout en œuvre pour accompagner et soutenir le milieu face à la crise. C’est dans cette perspective qu’il a travaillé intensivement ces derniers mois à l’élaboration d’un Plan de relance de la danse, dont une première mouture sera soumise en avril à un comité de validation.

Dans le contexte pandémique qui sévit depuis mars 2020, les périodes de confinement successives ont entraîné une diminution drastique des activités artistiques et de lourdes pertes de revenus, tant pour les enseignants, les artistes que pour l’ensemble des professionnels et des organismes en danse.

Pour réfléchir collectivement aux pistes de solutions à mettre en œuvre face à cette situation sans précédent, le RQD a organisé en 2020 une vaste opération de concertation comprenant cinq comités. Des organismes en danse ont ensuite pris le relais dans un exercice unique de mobilisation. Les fruits de tous ces travaux ont nourri l’élaboration de ce plan de relance qui prend en compte les besoins de l’ensemble du milieu de la danse, individus comme organismes. Organisé autour de 5 axes stratégiques, ce plan identifie les enjeux prioritaires du secteur et nomme une série d’actions à mettre en œuvre pour assurer la survie du secteur et la saine reprise des activités de la danse professionnelle dans un contexte postpandémique.

Dans les prochaines semaines, une première version du Plan de relance de la danse sera soumise à un comité de validation composé d’une dizaine d’acteurs du milieu: membres du conseil d’administration du RQD, participants aux comités du RQD et aux comités des organismes.

À cette étape de travail succèdera une présentation à toute la communauté des professionnels de la danse au cours du printemps. Restez à l’affût.

Les organismes en danse se mobilisent pour faire face à la crise

Depuis le mois d’octobre 2020, des organismes du milieu de la danse se concertent pour définir ensemble des pistes de solution face à la crise majeure provoquée par la pandémie de COVID-19. Près d’une cinquantaine d’organismes ont collaboré de près ou de loin à cette réflexion collective organisée autour de cinq comités de travail: Plan de relance des organismes, Délégation danse, Lieux de la danse (numérique, résidence, recherche et création), Diffusion internationale et Danse en région. Le Regroupement québécois de la danse (RQD) a suivi de près ces travaux initiés par ses membres corporatifs et soutenu leurs actions de représentation auprès du Conseil des arts et des lettres du Québec.

À l’origine du projet

Le coup d’envoi de cette opération remonte au 7 octobre 2020, lorsque plusieurs diffuseurs spécialisés et compagnies de création se sont rencontrés pour faire le point sur la situation des arts chorégraphiques en période de pandémie. À l’initiative de Francine Bernier (Agora de la danse), Pierre Des Marais (Danse Danse) et Sylvain Émard (Sylvain Émard Danse), cette rencontre rassemblant près d’une trentaine d’organismes, a permis d’échanger sur les annonces de soutien financier du gouvernement, les annulations et fermetures des établissements culturels, la réalité précaire des artistes en danse et les nombreux questionnements face à la capacité du milieu de se sortir de cette crise et d’y survivre.

Concertation et représentation

De cette rencontre a découlé la formation de trois comités à effectif réduit pour permettre une réflexion en profondeur sur certains des dossiers les plus urgents: Relance, Lieux de la danse et Délégation. Leurs pistes de réflexion et de solution ont ensuite été présentées à d’autres organismes, dont le RQD, lors de rencontres virtuelles élargies. Les comités Diffusion internationale et Danse en région ont été mis sur pied dans un second temps selon le même mode opérationnel.

Accompagnée du RQD, la délégation des organismes en danse a rencontré des représentants du CALQ à quatre reprises pour faire état des réflexions et des recommandations issues des comités.

«Passé le choc de la surprise et devant l’ampleur de la situation, il nous fallait réagir et cela ne pouvait se faire que collectivement. Le comité délégation est né d’abord de l’urgence de sauver les meubles et ensuite d’une nécessaire concertation pour établir un plan de relance adapté aux arts vivants, à la danse contemporaine. Nous avons démontré une capacité surprenante à réagir de façon positive, une facilité à s’entendre sur nos objectifs. Au fil des mois, on a vu de plus en plus de gens s’engager et s’investir. Une belle preuve de résilience d’un milieu face à l’adversité

Francine Bernier

Petit tour d’horizon des 5 comités

Comité Plan de relance
Objectif: proposer des mesures constructives à court terme pour soutenir le milieu de la diffusion en période de crise.

Dirigé par Francine Bernier (Agora de la danse) et formé de Marc Lalonde (Les Grands Ballets), Jérémy Verain (MAYDAY), Steve Huot (Le Groupe Danse Partout) et Karla Etienne (Zab Maboungou / Compagnie Danse Nyata Nyata).

Comité Délégation
Objectifs: établir un canal de communication direct entre le CALQ et les organismes en danse; cibler et transmettre des recommandations ainsi que les craintes et interrogations des organismes face à la relance des activités.

Dirigé par Sylvain Émard (Sylvain Émard Danse) et formé de Pierre Des Marais (Danse Danse), Hélène Blackburn (Cas Public) et Karla Etienne (Zab Maboungou / Compagnie Danse Nyata Nyata).

«Le travail effectué par les représentants des organismes en danse est considérable. Depuis maintenant plus de six mois, plus d’une quarantaine de personnes se sont impliquées à l’intérieur de divers comités dans le but de trouver des solutions à la grave crise que nous traversons. Personnellement, je suis impressionné par cette mobilisation et aussi très encouragé par le très large consensus autour des recommandations issues de cet exercice.»

Sylvain Émard

Comité Lieux de la danse et mobilisation (numérique, résidence, recherche et création)
Volet numérique
Objectif: réfléchir aux enjeux numériques en danse.

Dirigé par Adrien Bussy (Jose Navas / Compagnie Flak) et Stéphane Labbé (Tangente) et formé de Julie Deschênes (Tangente), Marie-Josée Beaubien (Agora de la danse), Paul Caskey (Centre de Création O Vertigo), Caroline Ohrt (Danse Danse) et Aurélie Lauret (Regroupement québécois de la danse).

«Face aux enjeux et urgences auxquels le milieu des arts est actuellement confronté, l’outil numérique représente une des options à court terme pour assurer la survie du secteur. Il peut permettre de renouveler certaines signatures d’artistes qui s’approprient le numérique dans leurs démarches de création; à des diffuseurs de maintenir un lien auprès de leurs publics ou d’en développer de nouveaux; aux organismes d’identifier de nouveaux débouchés à l’international. Toutefois, il demeure fondamental que les artistes, artisans, diffuseurs et bailleurs de fonds réaffirment haut et fort le caractère essentiel de l’art vivant pour nos sociétés et la nécessité de maintenir une rencontre en présence entre une œuvre et son public, au-delà des écrans. À plus long terme, le numérique pourrait rester au service de la création, du développement et de la diffusion, mais ne devrait pas être la seule et unique option qui s’offre aux artistes et spectateurs.»

Adrien Bussy  

Volet résidence, recherche et création
Objectif: définir comment les lieux de la danse (salles, studios de création, etc.) peuvent soutenir la recherche, la création et les artistes dans la relance du secteur.

Dirigé par Karla Etienne (Zab Maboungou / Compagnie Danse Nyata Nyata) et Stéphane Labbé (Tangente) et formé de Ornella Calisti (Studio 303), Marc Lalonde (Les Grands Ballets), Valérie Lambert (La Maison pour la danse de Québec / Le Groupe Danse Partout), Francine Gagné (Circuit-Est centre chorégraphique), Paul Caskey (Centre de Création O Vertigo) et Adrien Bussy (Jose Navas / Compagnie Flak).

«Le travail de concertation a été l’occasion de réfléchir ensemble sur ce dont les organismes ont besoin afin d’assurer la vitalité du milieu. Par exemple, les organismes ayant un lieu se sont unis pour demander un programme de résidence rémunéré pour les artistes dans un souci de partage plus structurant. Les discussions ont ravivé notre sentiment de solidarité en partageant les préoccupations et les initiatives de chacun et chacune. Solidarité que je souhaite durable et assidue après la pandémie, avec une attention renouvelée envers les personnes mises en difficulté par la crise, envers les iniquités mises en lumière de manière plus crue. Les discussions nous ont aussi permis tout simplement de mieux nous connaître. Lors de notre dernière rencontre, la présidente-directrice générale du CALQ, Anne-Marie Jean, a demandé aux membres du comité Délégation d’être les ambassadeurs·drices de la posture d’aide et d’ouverture du Conseil. Elle invite toute organisation ayant des difficultés à contacter son agent·e afin de trouver une solution, et qu’il y en aura une. Il ne reste plus qu’à la prendre au mot: appelez ou écrivez à votre agent·e.»

Karla Etienne 

Comité diffusion internationale
Objectif: préserver et valoriser les relations internationales dans la relance pour le milieu de la danse québécoise.

Dirigé par Francine Bernier (Agora de la danse) et formé de Hélène Blackburn (Cas Public), Francine Gagné (Circuit-Est), Pierre-David Rodrigue (La danse sur les routes du Québec), Steve Huot (Le Groupe Danse Partout), Marc Lalonde (Les Grands Ballets), Jérémy Verain (MAYDAY) et Karla Etienne (Zab Maboungou / Compagnie Danse Nyata Nyata).

Comité danse en région
Objectifs: reconnaître les réalités multiples des régions; assurer l’épanouissement des organismes de danse locaux et transformer la dynamique territoriale de manière durable.

Dirigé par Priscilla Guy (Mandoline Hybride / Marsoui, Gaspésie) et formé de Francine Châteauvert (Danse Sursaut / Sherbrooke, Estrie), Chantal Caron (Fleuve Espace Danse / St-Jean-Port-Joli, Chaudière-Appalaches), Audrée Juteau (L’annexe-A / Rouyn-Noranda (Bellecombe), Abitibi-témiscamingue), Caroline Dusseault (Dusso et Danse Laurentides / Sainte-Anne-des-Lacs, Laurentides), Soraïda Caron (Mars Elle Danse / Trois-Pistoles, Bas-St-Laurent), Sylvie Mercier (Bourask / Tadoussac, Côte-Nord) et Nicolas Zemmour (Zemmour Ballet / Sherbrooke, Estrie).

«Si la relance culturelle représente des défis pour l’ensemble du milieu de la danse, la situation est particulièrement critique en dehors des grands centres, en particulier pour les organismes en région rurale qui font face à des problèmes supplémentaires engendrés par la pandémie (perte de financement local, fermeture de commerces et d’infrastructures, précarité du transport interurbain, etc.). Les rencontres de ce comité nous ont permis d’articuler une volonté de créer un réseau de solidarité entre les régions, mais aussi avec nos allié·e·s des grandes villes. C’est une opportunité à saisir: il faut cultiver la curiosité envers nos collègues qui négocient avec tant de situations spécifiques, car le paysage de la danse au Québec est en plein essor dans différentes régions et cette transformation sera bénéfique à tout le milieu!»

Priscilla Guy

Le RQD salue l’engagement de tous les professionnels de la danse qui ont pris part à l’exercice. À l’instar des réflexions des comités de concertation du RQD menés à l’automne dernier, les recommandations issues de ce travail en profondeur nourrissent abondamment les actions de représentation du RQD ainsi que son projet de Plan de relance de la danse. Soulignons que cet élan collectif porté par des diffuseurs spécialisés et des compagnies de création témoigne d’une solidarité exemplaire dans le milieu de la danse professionnelle au Québec et de la volonté de fer d’une communauté qui souhaite prendre en charge son avenir.

Poétique du travail

«Et le travail, qui célèbre les noces de l’Homme et de la Terre, est encore relation et poésie.»
(Léopold Sédar Senghor, LIBERTÉ tome 1: Négritude et humanisme, Seuil, 1964, p. 206)

Zab Maboungou questionne la notion de travail en dialogue avec Katya Montaignac dans cet échange tiré de l’atelier du RQD Élargir son regard critique sur la danse. Extrait d’une réflexion philosophique, politique et sensible sur la place du travail dans nos vies et nos métiers.

Katya Montaignac (K): Depuis le début de la pandémie, je m’interroge sur la reprise de nos activités. Cette parenthèse nous permet-elle de revoir nos manières de travailler? Qu’avons-nous appris de cette crise? Nous aura-t-elle durablement transformés? Qu’est-ce que représente la notion de travail pour toi?

Zab Maboungou (Z): Le travail est un moteur intrinsèque, plus qu’essentiel, qui se situe au cœur même de la vie et de notre capacité d’exister. On parle de «travail» à propos des femmes qui accouchent. Nous sommes tous et toutes issus de cette force vitale.

Nous avons l’habitude de considérer le travail comme un effort, une obligation, une corvée pénible et difficile[1]. Parler de sa poétique permet de nous dépayser de ces notions et nous invite à un retour. Nous travaillons jour après jour à vivre en relation avec le cosmos! La danse est liée au travail à travers ces noces de l’humain et de la terre que Senghor définit comme «relation et poésie».

K: Carmen Salas pose la question du rôle de l’art dans une époque de transformation sociale en ces termes: «Est-il réaliste de continuer à créer / produire / faire nos affaires comme d’habitude s’il n’y a pas une structure / infrastructure solide / équitable / durable en place qui puisse soutenir ce que nous créons / faisons ? Ne devrions-nous pas consacrer toute notre énergie / nos ressources / notre temps / nos efforts à concevoir / construire / reconstruire / exiger des systèmes / infrastructures / cadres plus solides?»[2] Qu’est-ce que la crise pandémique révèle sur notre rapport au travail?

Z: Le travail nous engage dans une contribution à la société. La communauté implique l’idée du partage. Notre travail intervient fondamentalement à travers le soin que nous portons aux autres et aux objets qui nous entourent.

L’Occident a organisé notre existence à travers une mécanisation du travail qui nous a précipités dans un univers économique. Nos vies sont réglées autour du contrôle de la productivité et de l’exploitation de notre force de travail.

Notre rapport au travail s’est ainsi socialement défini à travers nos modes de production. Il nous définit désormais. Dans le cadre d’une rencontre, on nous demande d’abord: «Qu’est-ce que tu fais?»[3] Mais qu’en est-il de notre rapport à la nature? Temps de vie et temps de travail sont désormais devenus séparés.

Questions et réflexions échangées durant l’atelier du RQD proposé par Katya Montaignac en dialogue avec Zab Maboungou, le 20 novembre 2020.

K: Qu’est-ce qui demeure sacré dans ton travail même si celui-ci est considéré comme «non-essentiel»?[4]

Z: Ce n’est pas mon travail qui est sacré, c’est ma vie! Nous avons besoin de revoir notre rapport au travail et ce qui compte dans nos vies. Mon métier est porteur de vie. Nous entonnons avec le chant et la danse notre rapport au travail. Que serait notre société sans cette capacité à célébrer le labeur? La danse moderne s’est définie en rupture avec l’image du corps idéal du ballet. La mise en scène de l’effort est devenue une des caractéristiques de la danse contemporaine.

L’Occident a imposé au monde son rapport à la productivité. Les esclaves n’étaient pas considérés comme des humains mais comme des outils de travail. La démocratie est née dans ce rapport à l’esclavage[5]. La danse représente à ce titre une forme d’éloignement du travail tel qu’il est conçu par l’éthique protestante dont hérite le capitalisme néolibéral.

[…] Le rituel consiste à dérégler la vie sociale afin de la régénérer. Il nous rappelle que nous sommes liés au champ de la nature qui déborde du social. En tant que danseurs et danseuses, nous nous situons au cœur de cette problématique. Quelle est la destination de nos activités? Comment sommes-nous connectés en danse? Comment travailler avec le collectif et le social plutôt que pour le capital? Travailler en danse, c’est se débattre avec la société, se débattre avec nos corps.

Dialogue entre Zab Maboungou et Katya Montaignac
dans le cadre de la formation Élargir son regard critique sur la danse en novembre 2020.

Notes


[1] Rappelons que «le mot travail signifie en ancien français « tourment et souffrance », et découle du latin tripalium, qui désigne un instrument de torture à trois poutres. L’idée que le travail, réservé aux esclaves, puisse être conçu comme une source de liberté aurait paru pour le moins saugrenue aux Anciens» (Jean-Philippe Warren: Manger, s’amuser, réussir, Liberté, 313, automne 2016, p. 34-36. URI: https://id.erudit.org/iderudit/83387ac).

[2] Carmen Salas: What should we expect from art in the next few years/decades? And what is art, anyway?, medium.com, 8 mai 2020 [https://medium.com/@CarmenSP/what-should-we-expect-from-art-in-the-next-few-years-decades-and-what-is-art-anyway-be9f75c3d1ae].

[3] «La valeur travail s’est imposée au cours de l’histoire récente comme la réalisation sine qua non de toute existence humaine» (Gérard Amicel et Amine Boukerche: Autopsie de la valeur travail. Avons-nous perdu tout sens de l’effort ? Éditions Apogée, 2020).

[4] Lire aussi Caroline Blais, Virginie Jourdain et Mercedes Pacho: «Entre don, résilience et épuisement: jusqu’où et comment travailler?» in Troubler la fête, rallumer notre joie / To spoil the party, to set our joy ablaze, recueil publié en 2017 suite à la Journée sans Culture du 21 octobre 2015, p. 14-21 [https://issuu.com/journeesansculture/docs/jsc_publication_online_sp].

[5] La conciliation travail/famille nous impose de revoir notre rapport à la vie. Depuis longtemps, les féministes revendiquent notamment la reconnaissance du travail ménager.