2019-05-07
 
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Pour une approche plus inclusive de l’enseignement de l’histoire de la danse

Pour une approche plus inclusive de l’enseignement de l’histoire de la danse

Au sortir de mes études en danse contemporaine, on m’a offert une opportunité qui allait devenir l’une des activités les plus enrichissantes de mon parcours professionnel: l’enseignement de l’histoire de la danse dans une école de formation collégiale en danse. J’y sautais à pieds joints avec la conviction – je l’ai toujours – qu’un tel cours était indispensable au développement de la sensibilité artistique des étudiant·e·s en danse. Je pris très au sérieux ce que je considère être une grande responsabilité envers ces futur·e·s artistes et citoyen·ne·s. L’année 2018 ayant été marquée par une série d’évènements et de débats sur l’appropriation culturelle et le racisme systémique dans le milieu des arts, mon approche de l’histoire de la danse a connu un réel bouleversement.

Enseigner l’histoire de la danse, quelle responsabilité?
Ayant littéralement dévoré tous les cours universitaires dédiés à l’histoire, à l’esthétique et aux enjeux sociaux de la discipline, j’étais très heureuse de pouvoir transmettre à mon tour ces savoirs à de jeunes danseur·se·s en herbe. J’ai enseigné mes premiers cours en m’inspirant des connaissances que j’avais acquises à l’université et affiné au fil des ans mon approche personnelle de la pédagogie. Des recherches, des analyses de récits historiques et de textes en esthétique, tant en danse que dans les autres formes d’art, m’ont permis de faire des choix qui m’étaient propres et qui entraient en résonnance avec le contexte social et générationnel de mes étudiant·e·s. Des choix néanmoins teintés d’une certaine éducation artistique et culturelle que je considère aujourd'hui nettement eurocentriste et d’une vision de l’art nourrie tant par mes études que par mes contacts et expériences avec la création contemporaine.

La trame historique, sociopolitique et esthétique que j’ai adoptée pour mon cours suivait la même grande ligne du temps que l’on retrouve dans une majorité d’ouvrages sur l’histoire de la danse occidentale: ballet classique, romantique, académique; 20siècle; révolutions industrielles, esthétiques et sociales; guerres mondiales; danse moderne; danse post-moderne; nouvelle danse; danse contemporaine. Je m’interrogeais cependant sur ce contenu qui favorisait toujours les mêmes courants et «grandes figures» ayant marqué l’histoire de la danse, tant en Europe et aux États-Unis qu’au Québec, et me suis bien gardée de cautionner une certaine rhétorique qui divise les arts «majeurs» et les arts «mineurs».

Les oubliés de l’histoire
Inspirée par une de mes professeures d’histoire qui avait eu l’ouverture d’esprit de nous parler des danses afro-américaines nées au temps de l’esclavage et après son abolition, j’ai approfondi le sujet de l’histoire des Noir·e·s et de l’impact des métissages sur l’évolution de la danse. Prenant toujours en compte le bagage en danse de mes étudiant·e·s, chaque année plus nombreu·ses·x à avoir été formé·e·s en danses urbaines, j’ai aussi offert plus d’espace pour discuter de ces pratiques, trop longtemps considérées en marge des courants contemporains. Je sentais malgré tout qu’il y avait encore de grands absents dans mon cours, notamment, mais pas uniquement, les danses autochtones. Si une vaste historiographie du ballet existe et rend son enseignement relativement aisé, nous avons tendance à oublier qu'alors même que la France et d’autres pays d’Europe raffinaient l’art de la pointe et de l’entrechat, les Premiers Peuples du Nouveau Monde subissaient la colonisation et le génocide culturel. Ainsi, de nombreuses danses ont disparu. Dans la foulée de la Commission vérité et réconciliation du Canada, j’ai intégré de manière récurrente dans mon programme une séance sur les danses autochtones, en invitant des conférencier·ère·s issu·e·s des Premières Nations.

Raconter autrement
On vit une époque charnière fort intéressante où l’ouverture des consciences dicte de ne plus faire ombrage à des pratiques et à des artistes jusqu’ici ignorés ou occultés des récits historiques. Plongée au cœur des réflexions sur la diversité en tant que chargée de projet au Regroupement québécois de la danse, j’ai pu découvrir certaines discriminations à l’œuvre dans ma discipline de prédilection et plus largement dans l’ensemble de la société. Touchant à la fois mon cœur d’enseignante et de femme racisée, le discours ambiant sur la décolonisation du regard et l’appropriation culturelle m’a poussée à revisiter mes ouvrages de référence en danse et à questionner mes propres repères, afin d’offrir à mes élèves une approche de l’histoire plus diversifiée, plus inclusive et moins biaisée.

L’héritage de la danse théâtrale occidentale reste à mon sens d’une richesse inestimable. Sans vouloir changer radicalement la trajectoire de mes enseignements et toujours motivée à faire connaître aux étudiant·e·s des patrimoines chorégraphiques de grande valeur, je souhaite raconter l’histoire autrement, pour qu’elle soit plus en phase avec les enjeux actuels d’inclusion et surtout, parce que le récit n’en sera que plus juste et plus passionnant.

 

Valérie Lessard est artiste, enseignante, travailleuse culturelle et archiviste en danse. Elle est chargée de projet aux relations professionnelles au Regroupement québécois de la danse depuis mars 2018 et enseigne le cours Danse et société à l’École de danse contemporaine de Montréal (EDCM) depuis 2007.

 

 

Tout travail mérite salaire

Chaque arrivée du printemps coïncide avec le dépôt des budgets gouvernementaux et l’attente fébrile de savoir quelle part sera allouée à la culture. Disposerons-nous des moyens nécessaires à ce que la floraison des arts explose dans une luxuriance à la mesure de la diversité de nos talents, de nos ambitions et des besoins variés de la population? La question se pose plus spécifiquement au Québec où la seule disposition connue du gouvernement caquiste est le maintien des investissements prévus pour la mise en œuvre du plan d’action de la nouvelle Politique culturelle. De la potentielle réaffectation annoncée de ces fonds, on ne sait rien du tout et l’on s’inquiète de voir le budget de la culture stagner autour de 1% des dépenses de l’État alors que le mémoire économique dévoilé l’an dernier par la Coalition La culture, le cœur du Québec établit la nécessité d’un soutien à hauteur de 2%. Sans un tel financement, les ressources humaines du secteur continueront de s’épuiser et le développement des disciplines artistiques restera sévèrement compromis.

La danse demeure tout particulièrement affectée par le sous-financement. Le cheminement de carrière de ses professionnels est plus laborieux que celui d’artistes et de travailleurs culturels d’autres disciplines et les œuvres dites pour grand plateau sont encore trop rares. La plupart des compagnies n’ont pas les moyens de répondre aux exigences de leur développement, le nombre de grandes compagnies diminue et les plus petits organismes peinent tellement que certains jeunes chorégraphes choisissent de ne pas créer de structure. Dans ce contexte de paupérisation d’un milieu historiquement précaire, une masse phénoménale de travail est abattue par des centaines d’individus sans qu’aucune rémunération ne vienne le récompenser. Lot quotidien de la plupart des travailleurs autonomes, le fléau du travail invisible frappe aussi les salariés des organismes artistiques et culturels en danse. Par exemple, bon nombre de membres de conseils d’administration comblent le déficit en ressources humaines de bien des compagnies et bon nombre de salariés trouvent naturel d’effectuer du temps supplémentaire sans aucune compensation.

À quel moment la générosité, noble valeur dont les arts ont besoin, devient-elle sacrificielle, néfaste pour la santé? Et pour quelle raison juste et objective une société fait-elle porter le poids de la création d’une richesse – en l’occurrence, les arts –à ceux et celles qui la produisent? Il est temps de déboulonner la croyance que le plaisir qu’on tire à exercer un métier justifierait le fait d’être moins bien ou pas du tout payés. Il est temps de déboulonner la croyance que l’art est un luxe dans une société. Alors que les conseils des arts poussent au ralliement sous l’étendard de l’équité et de l’inclusion, il est temps que nos gouvernements cessent de considérer les arts et la culture comme un secteur à part et mettent en œuvre des mesures adaptées à ses spécificités permettant à toutes les composantes de son écologie de prospérer. Ce qui est loin d’être le cas.

La pénurie de main-d’œuvre dont souffre aujourd’hui le Québec est encore plus patente dans le secteur de la danse. Les salaires proposés sont généralement si bas et on demande une telle polyvalence qu’on a du mal à attirer et à retenir les travailleurs culturels. Il est fréquent qu’un travailleur culturel forge ses compétences dans une équipe en danse et s’envole aussitôt vers des secteurs artistiques capables d’offrir de meilleures conditions de travail. Pour dessiner un portrait clair et détaillé de la rémunération des travailleurs culturels au sein des organismes artistiques et culturels québécois, une quarantaine de directions générales, artistiques et administratives ont élaboré le projet d’une étude.

Lancée ce mardi 12 mars, cette enquête vise principalement les arts de la scène et sera réalisée d’ici la fin avril. Chaque organisme participant recevra alors un rapport exposant les données sectorielles recueillies et aura la possibilité de commander à faible coût un rapport personnalisé sur son positionnement sur le marché en termes de salaires et avantages sociaux. Ces informations-clés faciliteront le développement de stratégies organisationnelles adaptées aux besoins de chaque organisme et viendront soutenir le travail de représentation du Regroupement québécois de la danse et de ses homologues. Plus vous serez nombreux à  participer à cette étude, plus elle sera crédible, plus forts seront les arguments pour l’amélioration des conditions socioéconomiques dans le secteur des arts.


Fabienne Cabado 
Directrice générale du Regroupement québécois de la danse 

 

Appel de photos pour valoriser la danse à l’année!

Spectacles, classes ou répétitions, envoyez-nous vos photos préférées en haute définition: vous les verrez potentiellement publiées sur le portail Québec Danse, dans l'infolettre, les réseaux sociaux, les placements médias ou autre outil de communication du RQD. Une belle occasion de visibilité pour vous et vos activités récentes! En respect du droit d’auteur, rappelons que vous devez préalablement obtenir l'accord des photographes et des artistes impliqués pour que les photos soient diffusées par un tiers tel que le RQD.

La rencontre comme vecteur de survie des arts en région

J’ai récemment assisté à la présentation publique d’une étape de création de la pièce Suite Canadienne, une démonstration, de l’artiste multidisciplinaire Adam Kinner, accueillie au Musée d’art de Joliette en collaboration avec le Théâtre Hector-Charland. La performance m’a fait revisiter tout un pan de mon passé d’interprète, d’autant plus que j’en connaissais certaines des artistes pour avoir partagé avec elles ma formation professionnelle en ballet[1]. L’émotion du moment m’a notamment amenée à réfléchir à l’importance de la rencontre dans la fréquentation et la (sur)vie des arts en région.

De façon assez humoristique, mais sans moquerie, Kinner nous invite dans cette création à poser un regard sur l’époque et le travail de Ludmilla Chiriaeff, cette pionnière qui a fondé les Grands ballets canadiens. Des Montréalais de même que des Joliettains fidèles à leur Musée étaient présents. Ma mère, ancienne élève de celle qu’on surnommait affectueusement Madame, était de ceux-ci. Nous composions ainsi un public éclectique et curieux, comme c’est bien souvent le cas chez nous. Plusieurs semblent y avoir trouvé leur compte, si l’on se fie aux nombreux remerciements soulignant la possibilité de voir, ailleurs qu’à Montréal, un échange fructueux entre danse et arts visuels prendre vie. Un exemple éloquent du pouvoir de la rencontre, d’abord entre commissaire et diffuseur, ensuite entre artistes et public.

Tandis que pour certains, Suite canadienne, une démonstration est une proposition pointue, pour d’autres, c’est un nouveau monde qui s’anime ou encore, une occasion de revisiter leurs souvenirs… Ce type d’expériences, ce partage du sensible, me touchent et me poussent à vouloir faire en sorte que la rencontre, sous diverses formes, soit au cœur de ma programmation. À l’heure où le commissariat des arts de la scène s’affirme de plus en plus dans les grands centres, nos réalités régionales nous invitent à stimuler l’intérêt de nos publics pour la danse, ce qui conduit certains d’entre nous à orienter leurs choix vers des projets qui favorisent précisément la rencontre et vers une diversité de propositions qui interpellent le plus de monde possible. Par exemple, en l’espace de trois mois, le Pôle lanaudois de la danse aura accueilli Ballet Ouest de Montréal, Audrée Juteau, BIGICO, Sébastien Provencher, Marie Béland, Adam Kinner, Anne Plamondon, Bettina Szabo, Lucy May et Julie Pilon. Un éventail de projets qui a attiré plus de 3 000 personnes!

L’exemple du Pôle lanaudois, développé par le Théâtre Hector-Charland et qui regroupe les villes et certains diffuseurs de l’Assomption, Repentigny, Joliette et Terrebonne, est cependant une exception. La diffusion de la danse en région reste tout un défi. L’étendue du territoire et le manque de ressources humaines et financières en sont les principales causes.  Il nous est par exemple souvent difficile d’assurer nos déplacements pour assister en personne à un spectacle avant de le programmer, ce qui complique notre tâche. Et la grande majorité des diffuseurs pluridisciplinaires n’ont pas les moyens d’engager une personne entièrement dédiée au développement de la danse, ce mandat étant confié à quelqu’un dont la charge de travail est déjà énorme. Difficile, dans ce contexte, de nourrir le lien entre le diffuseur et l’artiste, son producteur ou son agent et de créer les conditions optimales entre la danse et ses publics.

Depuis quelques années et notamment grâce au précieux travail de La danse sur les routes du Québec, les artistes manifestent davantage d’intérêt envers notre travail et sont plus conscients des enjeux de diffusion en région. Du côté des diffuseurs pluridisciplinaires, les nombreux efforts consentis depuis des années portent fruit et les conseils des arts se font plus sensibles à la cause du rayonnement de la danse en région. Espérons que d’avantage de moyens y soient donnés le plus rapidement de possible pour assurer une plus grande circulation des œuvres chorégraphiques sur l’ensemble du territoire et un meilleur accès aux arts de la scène de l’ensemble de la population québécoise.

 

 © Jimmy Vigneux

Annie-Claude Coutu Geoffroy a dansé. Elle s’ingénie maintenant à créer des ponts entre le public, les artistes et différents organismes dans sa région. Actuellement responsable du volet danse au Théâtre Hector-Charland, elle est également membre du conseil d’administration du Regroupement québécois de la danse depuis l’automne 2017 et a siégé, de février 2018 à janvier 2019, au comité de réflexion sur la diffusion des arts de la scène au Conseil des arts et des lettres du Québec.


[1] L’œuvre est interprétée par Hanako Hoshimi-Caines, Louise-Michel Jackson, Kelly Keenan, Adam Kinner, Justin de Luna et Mulu Tesfu.

 

Stories Instagram: quatre bonnes raisons de les inclure dans votre stratégie de médias sociaux

Parmi les tendances à surveiller sur le réseau social en 2019, on retrouve, les fameuses stories. Malgré des débuts un peu lents, les stories ont doucement, mais sûrement, fait leur place pour compétitionner Snapchat, premier média social à offrir des filtres ludiques et des contenus éphémères.

Pour celles et ceux qui ne sauraient pas encore exactement ce qu’est une story Instagram, on pourrait résumer ainsi: c’est un contenu interactif (photo, vidéo) court (moins de 30 secondes), en format vertical, fait pour être consulté sur mobile. Et c’est aussi un excellent moyen d’aller chercher du public, d’interagir avec et lui et de rendre une marque intéressante et créative! Voici quelques raisons pour vous inciter à inclure des stories dans votre stratégie de diffusion sur les médias sociaux.

1. Simple et peu coûteux
L’avantage des stories Instagram, c’est qu’il s’agit de contenus simples à faire et peu coûteux. Évidemment, on peut décider d’employer les grands moyens et de se créer une série vidéo complète comme l’a fait l’équipe derrière le projet Gender Derby, un tout premier documentaire français entièrement tourné pour un format du genre. Autrement, juste avec son appareil intelligent, de belles images ou des vidéos bien cadrées, et des applications gratuites pour embellir les stories (Unfold, StoryArt, etc.) on peut faire des trucs vraiment chouettes!

2. Raconter des histoires
Stories: le nom le dit! Instagram vous propose de créer des récits pour capter l’attention du public. Que vous invitiez les gens dans les coulisses d’un spectacle en créant de très courtes entrevues avec les artistes, ou encore que vous proposiez à un.e artiste en résidence de s’emparer du compte pour créer de courtes vidéos qui expliquent son processus créateur, l’idée demeure la même: vous racontez une histoire, vous parlez au public de qui vous êtes et de ce que vous faites. Un bel exemple de créativité? La NYPL (New York Public Library) a créé les Insta Novels: des classiques de la littérature, comme Alice au pays des merveilles par exemple, en version stories.  La story devient donc un petit livre à lire sur mobile!

3. Un contenu interactif et ludique
Comme Instagram offre plusieurs éléments interactifs avec lesquels s’amuser – pensons aux gifs, aux filtres pour changer le visage, aux sondages, aux décomptes (une fonction proposée juste avant la fin de l’année pour faire le décompte jusqu’en 2019) et à une nouveauté qui permettra de partager de la musique  – c’est l’occasion idéale de tester des choses avec son public. Proposez des appels à l’action plus personnels (comme demander aux gens de voter pour un visuel, ou encore de répondre à un sondage pour avoir leurs réactions sur un concept que vous aimeriez essayer) et adoptez un ton plus léger pour vous amuser et rendre vos contacts plus humains.

4. Joindre des milliers de gens
Selon le Blog du modérateur, c’est plus de 400 millions d’abonné.e.s qui utilisent chaque jour les stories. Et, statistique intéressante pour les marques, le même blogue affirme que «45% des stories les plus vues sont publiées par des entreprises.» Ce que ça veut dire? C’est que de nombreuses entreprises ont vu le potentiel qu’il y avait à créer du contenu pour cette plateforme et en retirent des bénéfices.

Vous avez envie de tester les stories, mais vous ne savez pas trop comment vous y prendre? Allez faire un tour sur la StorySchool lancée par Instagram en octobre dernier et destinée aux entreprises. À vous de jouer!

 

 Myriam Daguzan Bernier
Jusqu'à tout récemment webmestre et gestionnaire de communauté à La fabrique culturelle, Myriam est experte en communications numériques. Elle œuvre à la pige en tant que journaliste, conférencière, spécialiste médias sociaux et formatrice à l'INIS et à la formation continue de l'UQAM. Elle a offert la formation du RQD Prendre sa place dans les médias sociaux le 7 février.

 

 

Culture NumériQc, un site Web pour mieux comprendre les enjeux numériques dans les arts et la culture

Vous vous demandez ce que les nouvelles technologies peuvent bien changer dans votre vie artistique et professionnelle? Vous voulez profiter des stratégies gouvernementales en faveur du virage numérique, mais ne savez pas par où commencer? Culture NumériQc [1] est LE site Web à connaître pour bien saisir les enjeux et les potentiels du numérique dans le secteur des arts et de la culture au Québec. Avec son lexique et son guide de références, vous aurez bientôt toutes les clefs en main pour vous mettre à jour et faire des choix stratégiques pour votre développement!

Pourquoi un lexique?
Comprendre le vocabulaire lié au numérique, c’est d’abord se donner les moyens d’en apprivoiser les rouages et de découvrir les possibilités qu'il offre. À consulter comme un dictionnaire virtuel plutôt qu’à lire de A à Z, ce lexique assez exhaustif offre des définitions simples et claires des concepts liés à la pensée numérique (approche itérative, interopérabilité, cocréation, etc.) de même que des termes techniques qui vont ravir les pros des communications (API, CMS, hubs, métadonnées, etc.). Un outil accessible à tous, à garder dans vos signets.

Un Guide de références pour aller plus loin
Développé pour favoriser une large utilisation des outils numériques et une meilleure compréhension des enjeux spécifiques aux arts et à la culture, ce guide regroupe les références développées par le milieu associatif culturel du Québec. L'organisation en quatre grands volets – Comprendre, Entreprendre, Apprendre, Se documenter – dont chacun se décline en sections, facilite la navigation dans la multitude de contenus qu’offre le site. Par ailleurs, la recherche par mots-clés peut vous aider à creuser un sujet d’intérêt: tapez “danse” et vous retrouverez notamment l’étude du RQD sur les pratiques et usages du numérique chez les professionnels de la danse.

Notre conseil: commencez par explorer le volet Comprendre et ses sections Stratégie Web et réseaux sociaux, Pratiques et usages numériques, Arts et création et Production de métadonnées. Si vous comptez développer un projet de financement participatif, déposer une demande de subvention au fonds Stratégie numérique du Conseil des arts du Canada, ou encore découvrir les divers programmes de financement pour vos projets numériques, rendez-vous directement à la section Financement du volet Entreprendre. Informations et conseils pratiques vous aiguilleront dans la bonne direction.

En complément
Rejoignez les quelque 2 000 membres du groupe Facebook Les arts, la culture et le numérique visant à rapprocher et fédérer le milieu culturel et numérique par la discussion et le partage d’informations.



[1] Le portail Culture NumériQc est un des résultats concrets du mandat confié à l'organisme Québec numérique par le ministère de la Culture et des Communications du Québec (MCC) pour réaliser sa stratégie d’accompagnement des organismes culturels dans leur transformation numérique au niveau provincial (mesure 99 du Plan culturel numérique du Québec).

 

Espoir pour la diffusion des arts de la scène au Canada

Doubler le budget du Fonds du Canada pour la présentation des arts (FCPA), qui soutient la programmation et le développement d’organismes de diffusion dans plus de 250 villes au pays. Cette demande insistante des milieux artistiques a trouvé écho auprès de nombreux élus fédéraux, parmi lesquels le ministre du Patrimoine canadien et du Multiculturalisme, Pablo Rodriguez.

Ce dernier vient en effet de confirmer dans une lettre officielle en réponse à une missive conjointe de Festivals et évènements majeurs et du Regroupement des événements majeurs internationaux son «appui [à la] démarche visant à réclamer une révision, voire une augmentation de l’enveloppe du FCPA». Il y indique avoir transmis la requête collective à son homologue du ministère des Finances, l’honorable Bill Morneau.

Le Regroupement québécois de la danse (RQD) fonde beaucoup d’espoir dans ce geste du ministre du Patrimoine canadien, qui résulte d’une importante mobilisation comprenant le dépôt d’un mémoire prébudgétaire de la Coalition canadienne des arts (CCA) – dont fait partie le RQD –, des revendications conjointes à l’occasion de la Journée des arts sur la Colline et de consultations prébudgétaires, une lettre ouverte aux médias et une campagne de lettres à laquelle avait appelé le RQD et soutenue par 23 élus fédéraux.

Prochaine et dernière étape: le dépôt du budget fédéral 2019. À suivre de près!

En complément
Lire le texte collectif publié dans La Presse, Mieux soutenir les diffuseurs en arts de la scène, 17 janvier 2019 et la réponse du ministre Rodriguez, Investir dans l’art et la culture pour des collectivités dynamiques et une culture canadienne enrichie.

Consulter la liste des députés qui appuient la hausse du FCPA et la chronologie de la campagne sur le site de CAPACOA.

 

Art, handicap et accessibilité: Et si on réimaginait le monde?

France Geoffroy, figure emblématique de la danse intégrée au Québec, explore les possibilités du mouvement avec son fauteuil roulant depuis plus de 20 ans. Luca «Lazylegz» Patuelli, B-boy professionnel de renommée internationale, maîtrise sur ses béquilles les prouesses qu’il exécutait sur les mains depuis l’âge de 15 ans. «Éblouie en permanence» tant par les artistes qu’elle met en lumière que par la maladie de Stargardt qui affecte sa vision, Audrey-Anne Bouchard signe les éclairages de nombreuses œuvres de théâtre et de danse. Véro Leduc, artiste, chercheuse et militante sourde, oriente son travail de recherche et création dans une perspective critique, intersectionnelle et crip[1]. Ces quatre artistes ont été réunis par le MAI (Montréal, arts interculturels) le 6 février dernier lors d’une conférence sur les pratiques des artistes sourd-es et handicapé-es pour aborder leurs parcours et les enjeux liés à leurs pratiques artistiques. À l’instar de la célèbre phrase de John Lennon «Imagine all the people», ils nous ont invités à «réimaginer le monde».

Transcender le handicap et faire de l’art autrement
On ne réalise pas toujours comme plusieurs formes d’art sont articulées autour de la tradition orale, laissant peu de place à l’expression et à la participation des personnes sourdes, pointait Véro Leduc. Celle qui, à une époque, adorait assister à des spectacles de danse contemporaine, dit les avoir délaissés quand ils sont devenus «parlants». Elle est toutefois convaincue que les personnes sourdes peuvent transformer l’art à leur façon. Son projet de bande dessinée C’est tombé dans l’oreille d’une sourde, décliné en 10 chapitres vidéo dans la langue des signes québécoise, s’inscrit dans une démarche exploratoire qui vise à réfléchir «aux enjeux communicationnels, technologiques et médiatiques soulevés par les perspectives épistémologiques sourdiennes[2]

Avec sa création Au-delà du visuel, Audrey-Anne Bouchard a entrepris un important travail de recherche pour créer une expérience théâtrale destinée à un public non voyant, et n’impliquant donc pas la vision. Par cette exploration, elle a développé une forme de représentation qui ne se vit pas à travers le regard d’un public assis et passif, mais qui convie le spectateur à entrer dans un univers de sensations. Danseurs et acteurs interprètent l’œuvre tout en invitant les participant.es à se mouvoir, à toucher des objets et à expérimenter des sons, dans un parcours rempli d’une riche palette de textures.

Alors qu’au début de sa carrière on la plaçait dans l’obscure catégorie de la «non-danse», France Geoffroy a bien réussi à implanter sa compagnie, Corpuscule Danse, dans l’écologie de la danse contemporaine au Québec. Elle crée des projets en collaboration avec d’autres danseurs et chorégraphes professionnels, avec et sans handicap, dont Quadryptique, qui démystifie la danse intégrée et en dévoile toute la richesse. France Geoffroy joue aujourd’hui un rôle important dans l’enseignement de la danse pour les personnes aux physiques atypiques, assurant ainsi une relève de danseurs et de formateurs handicapés.

Porté par son mantra personnel «Pas d’excuses, pas de limites», Luca «Lazylegz» Patuelli utilise avec puissance ses béquilles comme extension du corps. Chorégraphe, enseignant, danseur et conférencier, il a fondé, avec plusieurs danseurs handicapés des quatre coins du globe, le crew Ill-Abilities qui prend part à de nombreuses compétitions internationales. Il parcourt aussi le monde avec son service de «divertissement de motivation», des présentations de 60 minutes portant entre autres sur l’autonomisation personnelle, la sensibilisation aux incapacités, le dépassement face à l’adversité et le leadership créatif. Son message? Tout le monde peut danser.

Chacun.e propose des projets innovants, poétiques ou critiques qui transcendent leur handicap et remettent en question les idées reçues de la sensation, du corps en mouvement, de la création artistique et de l’expérience du spectacle vivant. Bon an mal an, ces artistes insufflent d’importants changements de mentalités et de perception du handicap dans les arts et dans la société en général.

Obstacles à l’accessibilité
Si leurs parcours paraissent somme toute très positifs, il et elles ont été (et sont toujours) confronté.es à de nombreux obstacles, qu’ils qualifient de systémiques. Le parcours des artistes handicapé.es demeure complexe. Plusieurs portes restent fermées et les besoins sont criants: Véro Leduc mentionne que si les théâtres tendent à être plus accessibles aux publics, il y a encore bien du chemin à faire pour les rendre accessibles aux artistes mêmes (loges, scènes, consoles de son et d’éclairage, etc.) et de nombreuses lacunes demeurent dans l’accès à la formation et au financement. Elle est également d’avis que trop peu d’artistes handicapés se voient sollicités pour participer aux jurys des conseils des arts. Les autres panellistes ont également parlé de la souffrance liée à la ségrégation et au récalcitrant modèle médical du handicap qui amènent les personnes handicapées à subir quotidiennement tout un lot de microagressions.

Mais le plus grand défi qu’ils ont souligné est celui de l’accessibilité et de la mobilité dans un monde où les transports, l’urbanisme, l’architecture et les infrastructures en général ont tout bonnement, trop longtemps, ignoré les diverses formes de handicap, tant celles visibles (physiques) qu’invisibles (visuelles, auditives, intellectuelles). La Déclaration de l’ONU sur le droit des personnes handicapées ne date après tout que de 1975. Et si de grands changements se sont opérés depuis et que certains pays, comme la Suède et l’Espagne, se montrent exemplaires, au Québec, la route de l’accessibilité universelle est encore semée d’embûches.

Réimaginer l’art et le monde
Qu’il s’agisse d’explorer les possibilités de mouvance du corps ayant des contraintes physiques, de développer des méthodologies de création qui permettent de faire vivre des expériences de spectacle vivant à des personnes non voyantes ou de militer en faveur d’une réelle participation des personnes handicapées au développement de la recherche et des connaissances, les panellistes s’accordent sur le fait que l’accessibilité et la représentativité devraient devenir systématiques, que les bonnes pratiques d’inclusion ne devraient pas être envisagées comme une fin en soi, mais comme faisant partie de l’usage. Ils suggèrent que les personnes avec divers handicaps soient consultées lors de la conception des infrastructures, des systèmes de transport et des technologies pour en assurer l’accessibilité universelle et appellent à une réelle volonté politique pour opérer un véritable changement.

Pour Luca Patuelli, il ne suffit plus de prendre des mesures «artificielles» telles que la Journée internationale des personnes handicapées, le 3 décembre de chaque année. C’est tous les jours qu’il faut penser à l’accessibilité. Alors, on s’y met?

 

Conférence Si on réimaginait le monde?, MAI (Montréal, arts interculturels), 6 février 2019 © Valérie Lessard – RQD


[1] Crip : Forme de militantisme lié aux notions queer et de handicap. https://lesoursesaplumes.info/2018/12/11/handicap-queer-crip/

[2] Leduc, V. (2017). C’est tombé dans l’oreille d’une Sourde : la sourditude par la bande dessignée. Consulté à l’adresse https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/handle/1866/18443

 

 

Offre d’emploi RQD – Agent.e de développement culturel numérique

Actif sur les scènes municipale, provinciale et fédérale depuis bientôt 35 ans, le Regroupement québécois de la danse (RQD) travaille au développement de la danse professionnelle dans ses multiples composantes. Il joue un rôle de chef de file dans la création de projets structurants pour la discipline et contribue à la reconnaissance de ses conditions d’exercice. Il recrute aujourd’hui un.e agent.e de développement culturel numérique pour l’accompagner dans la transformation numérique de son organisation et du milieu de la danse.

Mandat général de l’agent de développement culturel numérique (ADN)
La personne retenue formera une communauté de pratique professionnelle avec une quarantaine d’homologues du Réseau d’agents de développement culturel numérique initié par le Ministère de la Culture et des Communications dans le cadre du Plan culturel numérique du Québec. Comme eux, elle veillera à améliorer la compréhension des effets des transformations technologiques, économiques et sociales majeures liées au numérique, elle mettra en place des activités et des services et fournira divers outils et conseils pour favoriser l’enrichissement de la pensée stratégique et le virage numérique dans le secteur disciplinaire où elle oeuvrera.

Description de tâches
Relevant de la direction générale, l’agent.e de développement culturel numérique aura la responsabilité de voir à la réalisation des quatre objectifs suivants : assurer la concertation des membres du RQD autour de questions liées au numérique; assurer une veille en vue d’accroître le niveau de littératie numérique du milieu; accompagner et soutenir le développement d’activités de formation pour contribuer à la transformation numérique du milieu de la danse; favoriser et soutenir le développement de projets culturels numériques et, ponctuellement, en coordonner la mise en œuvre.

Plus spécifiquement, l’agent.e devra:

  • répertorier, documenter et partager les pratiques numériques dans le secteur culturel et, plus particulièrement, dans celui de la danse;
  • déterminer les meilleurs canaux et outils pour diffuser et promouvoir le résultat de la veille stratégique;
  • rédiger des articles, recommandations et propositions destinés à différents publics cibles;
  • agir à titre de personne-ressource pour les questions liées au numérique;
  • collaborer à l’élaboration d’une stratégie numérique et d’un plan d’action pour le RQD et pour le secteur qu’il représente;
  • proposer différents sujets, angles de recherche et projets structurants et, le cas échéant, en assurer la coordination et la supervision;
  • développer des partenariats et des collaborations avec diverses organisations et institutions pour la réalisation de projets conjoints;
  • développer des outils collectifs permettant l’acquisition de compétences numériques et assurer leur diffusion (exemples : boîtes à outils, guides de bonnes pratiques, etc.);
  • accompagner le coordonnateur du développement professionnel du RQD dans l’élaboration d’une offre de formation concertée, mutualisée et complémentaire (exemples : conférences, webinaires, ateliers, séminaires);
  • participer à différents projets de recherche, comités de travail, conférences, événements régionaux ou nationaux liés au numérique;
  • contribuer et collaborer au réseau national d’agents de développement culturel numérique;
  • participer, si pertinent ou requis, aux activités des grands dossiers du Plan culturel numérique du Québec (métadonnées, culture-éducation, numérisation, etc.), de la SODEC et du CALQ.

Exigences du poste

  • esprit d’analyse et de synthèse développé;
  • sens aiguisé de la communication, de la mobilisation et du travail d’équipe;
  • aisance à œuvrer dans des réseaux décentralisés qui misent sur le partage, l’entraide et la collaboration;
  • grande autonomie, polyvalence et débrouillardise;
  • très bonne connaissance du français et de l’anglais;
  • esprit d’initiative, entregent, bon sens de la diplomatie et de la stratégie
  • bonne connaissance du milieu de la danse et de ses acteurs (atout).

Les candidats recherchés ne sont pas des spécialistes des technologies numériques, mais devront détenir les compétences de base suivantes:

  • utilisation d’outils numériques dans le cadre de son travail (ex.: Google Drive, outils collaboratifs, etc.);
  • compréhension des principaux concepts numériques (ex.: réseaux sociaux, Web, données, etc.).

Conditions de travail
Conditions salariales: selon l’échelle salariale en vigueur au RQD  (+ avantages sociaux)
Horaire de travail: 28 à 35 heures par semaine
Début du contrat: 1er avril 2019
Durée du mandat: 3 ans

Lieu de travail: 3680, rue Jeanne-Mance, bureau 440, à Montréal – La personne doit également pouvoir se déplacer, notamment en dehors des horaires réguliers de travail.

Traitement des candidatures
Faire parvenir votre lettre de motivation accompagnée de votre c.v. au plus tard le 3 mars 2019 à minuit, à l’attention de Virginie Desloges, responsable des finances et de l’administration, à vdesloges@quebecdanse.org.

Un accusé de réception sera envoyé pour toute candidature reçue. Seules les personnes sélectionnées seront contactées.

Le RQD adhère au principe d’égalité en matière d’accès à l’emploi et invite les Autochtones, les personnes s'identifiant à des minorités visibles et/ou ethniques ou en situation de handicap à présenter leur candidature.

 

Journée internationale de la danse et patrimoine

Le 29 avril prochain, le RQD mettra le patrimoine de la danse à l’honneur dès 14h à l’édifice Wilder. Au programme, une table-ronde pour partager des expériences inspirantes, la projection de vidéos et le lancement de la publication Du patrimoine de la danse au Québec, État des lieux, perspectives et conseils pratiques. Suivra un cocktail où vous serez parmi les premiers à visionner le Message québécois de la Journée internationale de la danse. Venez célébrer la danse avec nous!

Évènement gratuit, ouvert à tous·tes.