2019-08-29
 
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Rapprocher la danse des publics par les métadonnées

Rapprocher la danse des publics par les métadonnées

De plus en plus, les publics accèdent à la culture grâce aux services en ligne. Ainsi, exister sur le Web est essentiel pour accroitre la visibilité de nos contenus culturels. Seulement voilà, le langage Internet est différent de celui de l’humain et il est important que nous, professionnels de la danse, comprenions les mécanismes et organisions mieux l’information en ligne pour rejoindre un public large et diversifié. C’est là qu’interviennent les métadonnées. Quel rôle jouent-elles dans la découvrabilité des contenus? Comment ça marche et à quoi servent-elles? Introduction.

Un enjeu de l’heure
Les métadonnées étaient à l’honneur au Forum des Innovations Culturelles (FIC) à Québec, dans le cadre de la Semaine Numériqc, le vendredi 12 avril 2019. Et pour cause! Un des défis majeurs dans le milieu culturel, notamment en danse, est celui de la découvrabilité des contenus culturels. Mise en situation: un Montréalais souhaite assister à un évènement lors de la Journée internationale de la danse, le 29 avril 2019. Il va taper les mots clés dans son moteur de recherche, par exemple Google, «Journée internationale danse Montréal» et va recevoir les résultats de sa requête. Si votre évènement n’est pas bien décrit dans votre site Web ou sur une plateforme d’évènements culturels, de façon à ce que Google, via ses robots/systèmes automatisés, comprenne vos données, alors votre évènement n’apparaitra pas dans la liste des résultats. De là l’utilité de commencer à apprivoiser les métadonnées.

Les métadonnées, c’est quoi?
C’est une façon standardisée et structurée de décrire l’information sur le Web, qui permet à Google et aux autres moteurs de recherche d’associer votre contenu aux requêtes des internautes. Comment ça marche? Derrière la page Internet visible par tous se cache un alter ego encodé de façon compréhensible pour les robots qui explorent le web. C’est dans cette traduction codifiée que l’on retrouve les métadonnées. Reprenons l’exemple de l’évènement montréalais lors de la Journée internationale de la danse: les informations telles que la date, la ville, le titre, le nom des artistes, la production, etc. doivent paraitre sur votre site Internet mais doivent aussi être détectées par les algorithmes/robots des moteurs de recherche. Bien sûr, il ne s’agit pas de vous transformer en informaticien du jour au lendemain, mais nous préconisons de développer autant que possible le réflexe de demander à votre programmeur d’intégrer les métadonnées à votre site.

Initiatives en cours
Plusieurs projets qui mettent en avant l’importance des métadonnées, sont en marche dans les milieux artistiques et culturels. Déjà en octobre 2017, l’Observatoire de la culture et des communications du Québec publiait un État des lieux sur les métadonnées relatives aux contenus culturels. Plus récemment, la mesure 111 du Plan culturel numérique du Québec du Ministère de la Culture et des Communications – Mettre en place un plan d’action concernant les données sur les contenus culturels québécois –, réunit trois comités sectoriels (patrimoine, arts de la scène et musique) qui travaillent notamment à élaborer un langage commun de métadonnées pour chaque secteur afin d’optimiser la visibilité des contenus culturels. Vous avez peut-être aussi vu passer les informations sur le projet La Danse dans le Web des données, piloté par la Fondation Jean-Pierre Perreault et encadré par la spécialiste des métadonnées Josée Plamondon, qui vise à favoriser la découvrabilité des œuvres chorégraphiques du Québec. Avec ces projets, nul doute que la danse saura mieux tirer son épingle du jeu sur le Web dans les prochaines années. Restons-y attentifs.

Le recours aux métadonnées est essentiel pour que votre offre culturelle soit diffusée de manière optimale, mais aussi pour favoriser la conservation du patrimoine artistique de même que la reconnaissance des créateurs et des producteurs du Québec au-delà de nos frontières. Un des wagons de la locomotive numérique que le milieu de la danse ne devra pas manquer.

Pour aller plus loin:
Articles sur les métadonnées et la découvrabilité sur le site Web de la Fondation Jean-Pierre Perreault

Diversité artistique Montréal émet un diagnostic positif sur les pratiques du RQD

En cohérence avec ses actions pour un milieu plus inclusif, l’équipe du RQD s’est livrée à un exercice d’introspection et de formation pour améliorer ses propres pratiques. Retour sur l’expérience vécue dans le cadre de la Cellule iDAM offerte par Diversité artistique Montréal (DAM).

Les étapes de l’accompagnement
La Cellule iDAM a pour objectif d’analyser les composantes symboliques, organisationnelles, communicationnelles et administratives d’un organisme culturel et de l’accompagner dans la recherche et la mise en œuvre de pratiques plus inclusives au sein de ses activités. En plus d’établir un portrait-diagnostic de la situation, DAM propose des outils adaptés aux besoins de l’organisme et peut l’aider dans l’élaboration de plan d’action et de politique interne pour répondre aux enjeux de l’inclusion des professionnels dits de la 
diversité.

En juin 2018, deux employées de DAM ont offert à l’équipe du RQD une séance d’information avec des discussions fort animées autour des notions de privilège, de racisme systémique, d’appropriation culturelle et des différentes problématiques rencontrées par les artistes racisé·e·s et dits de la diversité. Une rencontre-clé pour fédérer l’équipe autour des enjeux d’équité et pour nourrir les connaissances et réflexions de tout un chacun sur le sujet.

Au courant de l’automne, DAM a rencontré individuellement les personnes responsables des principaux départements du Regroupement, dont la direction, les communications, les relations professionnelles, les services aux membres, la formation et l’administration. L’objectif de ces entrevues très conviviales était de sonder les employé.e.s sur leurs connaissances, perceptions et expériences de la culture interne, des pratiques, des processus et des mécanismes visant l’inclusion au cœur des différents champs d’activité du RQD.

Enfin, DAM a procédé à l’analyse des pratiques de l’organisme par un examen de la documentation administrative et communicationnelle. Chantier des relations professionnelles, comité Inclusion et vivre-ensemble, atelier au Rendez-vous annuel des membres et cercles de parole, diffusion d’informations ciblées et d’opinions via le fil de presse, la publication d’un lexique commenté et d’une variété de textes dans l’infolettre, le sujet de l’inclusion a particulièrement mobilisé le Regroupement québécois de la danse (RQD) depuis l’automne-hiver 2017. Toutes ces interventions ont permis à DAM de poser un diagnostic globalement très positif sur la situation au RQD et d’identifier des éléments sur lesquels une amélioration était possible.

Au terme de ce riche exercice et à l’occasion d’une deuxième rencontre avec l’équipe du RQD, Jérôme Pruneau, directeur général de DAM et Evanne Souchette, chargée de projet, ont partagé le résultat de leur analyse des pratiques du RQD. Ils ont fait part de leurs recommandations de mesures à mettre en œuvre pour optimiser le cheminement de l’organisme en faveur d’une plus grande inclusion de la diversité, tant en son sein que dans le milieu de la danse professionnelle au Québec.

Les recommandations
À l’instar du Rapport de la consultation sur le racisme systémique dans le milieu des arts publié par DAM, la Cellule iDAM a articulé ses recommandations autour du positionnement, de l’engagement, du recrutement, de la sensibilisation, de la formation, de la représentativité et de la promotion des actions. DAM souligne que les principales clés pour opérer un véritable changement et pour développer des réflexes renforçant l’inclusion et l’équité culturelle sont l’institutionnalisation de la culture de la diversité et l’inscription de l’inclusion dans le fonctionnement, dans les procédures, dans la culture même des organisations.

Selon DAM, le RQD aurait avantage à promouvoir plus largement ses actions en matière d’inclusion, car l’image qu’il renvoie ne témoigne pas suffisamment de son degré élevé d’avancement. DAM invite également l’organisme à mieux se faire connaître auprès des diverses communautés culturelles, en établissant plus de liens avec ces dernières. Il est suggéré de mieux valoriser les réussites et de développer des indicateurs pour mesurer les progrès accomplis.

Concernant le positionnement et l’engagement du RQD, DAM suggère de s’inspirer de la déclaration et de la Politique contre le harcèlement pour établir une politique de l’inclusion. Par un énoncé de positionnement qui reconnaisse l’existence d’exclusions dans le milieu de la danse, le RQD pourrait affirmer plus clairement son engagement. D’autres suggestions consistent à rendre encore plus inclusif le processus de recrutement, des employé.e.s comme des membres, à identifier la composition ethnoculturelle du membership et du conseil d’administration et à veiller à ce que la représentativité y soit plus proche des données sociodémographiques.

La Cellule iDAM a été une expérience très enrichissante pour l’équipe du RQD qui se trouve encore mieux outillée pour ses futures actions. Elle retient notamment bien l’idée qu’il n’y a pas de règles strictes pour l’inclusion, que l’essentiel est de se montrer créatif et constant.

 

 

Journée internationale de la danse

Version anglaise

Soyez des nôtres le 29 avril!

 

300 jeunes en mouvement, une projection documentaire, une table ronde avec cinq intervenants passionnants, le lancement de la publication Du patrimoine de la danse au Québec, État des lieux, perspectives et conseils pratiques et un cocktail de célébration avec la projection du Message québécois de la Journée internationale de la danse. Voilà ce à quoi vous convie le RQD le lundi 29 avril prochain!


14h – Tangente et les chorégraphes Ian Yaworski et Philippe Meunier font danser 300 élèves de l'école primaire Lanaudière sur la Place des Festivals

 


Le patrimoine de la danse à l’honneur à l’édifice Wilder

1435, rue De Bleury – Espace Paul-André Fortier

14h30 – Ces lieux où Montréal dansait – Les universités – Projection d’une vidéo du RQD

15h à 17h – Cinq regards sur le patrimoine de la danse – Table ronde animée par Sophie Michaud

  • Le testament artistique vu comme un projet de création
    Paul-André Fortier, chorégraphe et interprète
  • Les archives, un outil d’apprentissage stimulant
    Valérie Lessard, enseignante et archiviste
  • Redonner vie aux solos de Louise Bédard et de Lucie Grégoire
    Isabelle Poirier, interprète et enseignante
  • Plaisirs et défis de la gestion d’un fonds chorégraphique
    André Laprise, fiduciaire et répétiteur attitré du Fonds chorégraphique Fernand Nault
  • Survivance et transmission des danses autochtones
    Sylvain Rivard, artiste multidisciplinaire

17h15 – Du patrimoine de la danse au Québec, État des lieux, perspectives et conseils pratiques –Lancement de la publication du RQD

  • Présentation par Gabrielle Larocque, muséologue et ex chargée de projet pour le chantier Patrimoine du RQD

17h45 – Projection du message québécois de la Journée internationale de la danse

18h à 19h – Cocktail de clôture au café-bar de l’Agora-Tangente

Aidez-nous à vous offrir le meilleur accueil en nous faisant part de votre intention de participer!

 

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International Dance Day

French version 

Come one, come all on April 29!

 

Some 300 young people in movement, a documentary screening, a roundtable with five exciting participants, the launch of our brand-new report, Québec’s Dance Heritage: State of Affairs, Perspectives, and Practical Advice, and a celebratory cocktail featuring a showing of the Québec Message for International Dance Day. This is what the RQD has in store for you this upcoming Monday, April 29!


2 p.m. – 300 elementary students from École Lanaudière get their groove on with help from Tangente and choreographers Ian Yaworski and Philippe Meunier in Place des Festivals

 

Spotlight on dance heritage in the Wilder Building

1435 Rue De Bleury – Espace Paul-André Fortier

2:30 p.m. – Ces lieux où Montréal dansait – Les universités – Screening of a RQD video

3 p.m. – 5 p.m. – Five perspectives on dance heritage – Roundtable moderated by Sophie Michaud (in French)

  • Viewing artistic wills as creative endeavours
    Paul-André Fortier, choreographer and performer
  • Archives: a stimulating learning tool
    Valérie Lessard, teacher and archivist
  • Reviving the solos of Louise Bédard and Lucie Grégoire
    Isabelle Poirier, performer and teacher
  • The pleasures and challenges of managing a fonds in the dance world
    André Laprise, trustee and appointed rehearsal director of the Fonds choréographique Fernand Nault
  • Survival and transmission of Indigenous dances
    Sylvain Rivard, multidisciplinary artist

5:15 p.m. – Québec’s Dance Heritage: State of affairs, Perspectives, and Practical Advice – Launch of the RQD report

  • Presentation by Gabrielle Larocque, museologist and former project leader of the RQD Heritage initiative

5:45 p.m. – Screening of the Québec Message for International Dance Day

6 p.m. -7 p.m. – Closing cocktail at the Agora-Tangente café-bar

Help us make this event the best it can be by telling us whether you plan on attending!

 

I'm going

 

Le ballet perd un grand maître

La semaine dernière, l’artiste Lawrence Rhodes s’est éteint. Directeur artistique des Grands Ballets Canadiens pendant 10 ans dans les années 90, il a marqué durablement l’orientation artistique de la compagnie et a su «associer la tradition du ballet classique au renouvellement du langage chorégraphique»[1] en invitant pour la première fois des chorégraphes majeurs de l’époque à venir enseigner, remonter ou créer des chorégraphies pour la compagnie. Jiří Kylián, Ohad Naharin et William Forsythe figurent parmi ces invités de marque qui ont ainsi contribué à enrichir le répertoire des Grands Ballets avec des oeuvres de ballet contemporain du 20e siècle. Aussi interprète et pédagogue, «Larry» Rhodes est une figure marquante de l’histoire de la danse classique au Québec.

Sous sa direction, Les Grands Ballets ont repris les tournées internationales, interrompues pendant quelques années, et tissé un lien plus étroit avec le public montréalais en offrant des spectacles gratuits dans des parcs et des salles communautaires.

Américain d’origine, Lawrence Rhodes a commencé sa carrière d’interprète à New-York en 1958 avec les Ballets Russes de Monte Carlo, puis au Joffrey Ballet à partir de 1960. Il est remarqué pour sa virtuosité et son expressivité et plusieurs chorégraphes lui écrivent des rôles sur mesure. Durant les années 1970, sa carrière se déploie à l’international auprès de prestigieuses compagnies de ballet comme le Het National Ballet aux Pays-Bas, le Feld Ballet de New York, ou encore le Pennsylvania Ballet, et aux côtés de danseuses étoiles comme Natalia Makarova, Melissa Hayden et Carla Fracci. Avant d’en prendre la direction artistique, Larry Rhodes aura aussi dansé pour Les Grands Ballets en 1977.

C’est un an plus tard qu’il quitte la scène pour se consacrer à l’enseignement. En 1981, il devient directeur du département de danse de la Tish School of the Arts à l’Université de New York, puis de 2002 à 2017, il prend les rennes de la direction artistique du Département de danse de l’école Juilliard.

«Larry était un grand maître, explique Anik Bissonnette, directrice artistique de l’École supérieure de ballet du Québec et ex première danseuse des Grands Ballets Canadiens. J’adorais prendre sa classe de ballet et recevoir ses enseignements, si riches. […] Larry a toujours été un homme d’une extrême générosité; sa porte était ouverte pour les artistes qui travaillaient avec lui. Nous sommes chanceux qu’il ait laissé sa marque au Québec.»[2]

 

Sources:



[1] Lawrence Rhodes dans La Presse, 14 février 1999, p.A14, 4 mars 1999, p.D5.
[2] Communiqué de l’École supérieure de ballet du Québec.

 

Une agente de développement culturel numérique au RQD

Sophie Trolliet-Martial nous éclairera sur les effets des transformations technologiques, économiques et sociales majeures liées au numérique, elle fournira divers outils et conseils au milieu de la danse et mettra en place des activités et des services en réponse aux besoins des professionnels de la danse. Elle sera aussi en lien avec une quarantaine d’homologues du Réseau d’agents de développement culturel numérique, mis sur pied dans le cadre du Plan culturel numérique du Québec pour favoriser entre autres l’émergence d’un nouveau leadership numérique dans le secteur culturel.

«Les belles opportunités qu’apportent le numérique dans la sphère culturelle m’encouragent vivement à accompagner le milieu professionnel de la danse dans sa transformation numérique.»

Passionnée par le travail de concertation, Sophie Trolliet-Martial a occupé pendant trois ans le poste de coordonnatrice de projets à la table de concertation d’Anjou où elle a pu travailler sur des projets dont l’objectif était le développement économique, social et culturel du quartier.

Détentrice d’une maîtrise en sciences de l’information à L’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’Université de Montréal, ses expériences en gestion de l’information électronique et audiovisuelle à l’Université de McGill, à l’Université de Montréal et à Radio-Canada lui ont permis d’évoluer dans le monde du numérique.

Très enthousiaste à l’idée de rejoindre la communauté de la danse, elle est déterminée à prendre le pouls des usages et des défis que représente le numérique dans la communauté et à mettre sur pied des projets qui répondront aux besoins du milieu.

Bienvenue Sophie!

 

Le RQD remercie le ministère de la Culture et des Communications et le Conseil des arts et des lettres du Québec pour leur soutien financier dans le cadre du Plan culturel numérique.

 

Ce qu’il reste(ra) de nous

«Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va, car il ne sait pas où il est.» Cet adage sur la nécessité de connaître son histoire pour une meilleure maîtrise de son destin et de ses choix apparaît sous diverses formulations un peu partout dans le monde. Le chorégraphe et artiste visuel Adam Kinner compte parmi ceux qui en ont bien compris la pertinence dans le cadre de sa pratique artistique. Dans sa récente Suite canadienne, une démonstration, il aborde selon une perspective «décoloniale» une chorégraphie créée en 1957 par Ludmilla Chiriaeff, célébrant l’héritage laissé par celle qu’on appelait «Madame» tout en engageant une relecture critique de l’histoire du ballet au Québec. Sans archives, une telle œuvre n’aurait pu exister. Elle donne un exemple parmi d’autres de l’importance capitale d’avoir accès au patrimoine de la danse et, pour ce faire, de veiller en premier lieu à sa constitution. Un gros défi dans un contexte où le temps manque autant que les ressources humaines et financières et où la priorité est souvent de réussir à financer une prochaine création et à assurer sa survie au quotidien.

Pour beaucoup, la constitution du patrimoine de la danse semble aussi inaccessible que celle d’un fonds de retraite. C’est pourquoi elle reste encore absente de la plupart des plans de développement et de carrière. On commence à y penser quand on avance en âge, quand on se rend compte que les jeunes générations ignorent majoritairement ce qu’on a apporté à la culture chorégraphique, quand on se questionne sur les traces qu’on aimerait laisser après avoir tiré sa révérence. Entre temps, bien des richesses de l’histoire qui s’écrit sur nos scènes depuis le 20e siècle sont tout bonnement jetées ou conservées pelle-mêle dans des lieux physiques ou virtuels dont personne n’aura jamais la clé. Sans volonté politique claire et sans budgets dédiés, des pans entiers de cette histoire sombreront dans l’oubli. Il apparaît urgent de développer une solide culture de la conservation et de la mise en valeur du patrimoine de la danse.

Fort heureusement, ce portrait sombre de la situation se nuance de belles zones de lumière et d’expériences porteuses d’espoir pour l’avenir de nos legs artistiques. C’est ce que révèle Du patrimoine de la danse au Québec, État des lieux, perspectives et conseils pratiques, publication du RQD d’une centaine de pages dont le lancement est prévu le 29 avril prochain. Visant à nourrir les connaissances et les réflexions sur le sujet et à outiller les professionnels pour passer à l’action, elle exalte la dimension protéiforme du patrimoine de la danse en ouvrant les perspectives sur la grande diversité des approches pour le constituer, le sauvegarder et le faire rayonner.

À l’instar d’Adam Kinner qui repense l’histoire ou, autre exemple, de Catherine Lavoie-Marcus, qui l’actualise en dansant des archives fictives réalisées à partir de collages dans Les anarchives Sullivan, bien des artistes font dialoguer patrimoine et création. À ce titre, Histoire(s), dans laquelle Olga de Soto met en scène les témoignages-souvenirs de spectateurs du tout premier ballet présenté à Paris après la Seconde Guerre mondiale, est l’une des œuvres qui a marqué la mémoire de la spectatrice que je suis. Je l’ai vue en 2005 et je la porte encore en moi. Précisons au passage que les souvenirs des individus, artistes ou autres, font partie intégrante de la richesse patrimoniale. Nombreux sont ceux qui préservent ou réactivent ces mémoires anciennes en conservant les traces du passé, en remontant des œuvres, en puisant dans les archives existantes pour les projets les plus variés.

Signe identitaire, source de sens, facteur de cohésion, de développement et de rayonnement, le patrimoine est un bien commun à défendre et à chérir. C’est pourquoi le RQD marquera la Journée internationale de la danse avec trois activités sur ce thème. Surveillez la sortie du programme et, d’ici là, jetez un œil sur cette formation qui vous offre la possibilité de mettre le pied à l’étrier. À toute grande aventure, il faut un premier pas.

 

Fabienne Cabado
Directrice générale du Regroupement québécois de la danse

 

 

Un lexique commenté sur les enjeux de l’inclusion en danse

Montréal, le 2 avril 2019. Engagé à favoriser la circulation d’informations sur l’appropriation culturelle et le racisme systémique pour faciliter une évolution positive des mentalités et des pratiques, le Regroupement québécois de la danse (RQD) publie le lexique commenté Mieux comprendre les enjeux de l’inclusion en danse. Organisé par thématiques, ce document de 32 pages vise à clarifier des concepts parfois complexes et à nourrir la réflexion de tous ceux et celles qui s’intéressent à l’important débat de société médiatisé depuis la présentation controversée de spectacles sur l’histoire de l’esclavage et des Autochtones du Canada.

De l’appropriation culturelle à l’équité en passant par la fragilité blanche, le passing, ou encore le tokénisme, une trentaine de concepts sont définis dans Mieux comprendre les enjeux de l’inclusion en danse et mis en perspective par l’ajout d’éléments de réflexion. Pour en faciliter la compréhension, ils sont mis en relation sous quatre grandes thématiques: Perspectives sociopolitiques, Populations discriminées, Problématiques du racisme et Décolonisation de la danse.

«Le sujet de l’inclusion est encore nouveau pour plusieurs, les interrogations restent nombreuses et le vocabulaire engagé dans les débats ne fait pas toujours consensus, commente Fabienne Cabado, directrice générale du RQD. Certains termes sont mal utilisés, d’autres suscitent le malaise ou l’indignation et cela contribue à la polarisation des débats et à la cristallisation des positions. C’est pourquoi il nous a semblé important de jeter les bases d’un vocabulaire commun qui favorise une meilleure compréhension des enjeux, de même que l’ouverture à un dialogue fécond et à la recherche de solutions collectives. Ce lexique est un point de départ. Il est destiné à être questionné et enrichi au fil de la transformation des perceptions, des conceptions et des pratiques dans le milieu de la danse.»

Comprenant également une généreuse bibliographie, Mieux comprendre les enjeux de l’inclusion en danse devrait intéresser l’ensemble de la communauté artistique. Sa diffusion s’accompagne d’un Kit média destiné à tout journaliste désireux de creuser le sujet et à tout organisme souhaitant faire appel à des professionnels de la danse pour discuter, entre autres, des façons de procéder à la décolonisation des arts sans nuire à la liberté de création.

À propos du Regroupement québécois de la danse
Le RQD rassemble et représente plus de 550 membres – soit quelque 800 professionnels de la danse – et joue un rôle de premier plan dans l’avancement de tous les secteurs de la discipline: création, production, diffusion, formation, service. Il contribue activement à la reconnaissance et à l’amélioration des conditions de pratique de la danse sur la scène publique depuis près de 35 ans.

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Source
Coralie Muroni
Responsable des communications du RQD
514 849-4003, poste 222
cmuroni@quebecdanse.org

 

Pour une approche plus inclusive de l’enseignement de l’histoire de la danse

Au sortir de mes études en danse contemporaine, on m’a offert une opportunité qui allait devenir l’une des activités les plus enrichissantes de mon parcours professionnel: l’enseignement de l’histoire de la danse dans une école de formation collégiale en danse. J’y sautais à pieds joints avec la conviction – je l’ai toujours – qu’un tel cours était indispensable au développement de la sensibilité artistique des étudiant·e·s en danse. Je pris très au sérieux ce que je considère être une grande responsabilité envers ces futur·e·s artistes et citoyen·ne·s. L’année 2018 ayant été marquée par une série d’évènements et de débats sur l’appropriation culturelle et le racisme systémique dans le milieu des arts, mon approche de l’histoire de la danse a connu un réel bouleversement.

Enseigner l’histoire de la danse, quelle responsabilité?
Ayant littéralement dévoré tous les cours universitaires dédiés à l’histoire, à l’esthétique et aux enjeux sociaux de la discipline, j’étais très heureuse de pouvoir transmettre à mon tour ces savoirs à de jeunes danseur·se·s en herbe. J’ai enseigné mes premiers cours en m’inspirant des connaissances que j’avais acquises à l’université et affiné au fil des ans mon approche personnelle de la pédagogie. Des recherches, des analyses de récits historiques et de textes en esthétique, tant en danse que dans les autres formes d’art, m’ont permis de faire des choix qui m’étaient propres et qui entraient en résonnance avec le contexte social et générationnel de mes étudiant·e·s. Des choix néanmoins teintés d’une certaine éducation artistique et culturelle que je considère aujourd'hui nettement eurocentriste et d’une vision de l’art nourrie tant par mes études que par mes contacts et expériences avec la création contemporaine.

La trame historique, sociopolitique et esthétique que j’ai adoptée pour mon cours suivait la même grande ligne du temps que l’on retrouve dans une majorité d’ouvrages sur l’histoire de la danse occidentale: ballet classique, romantique, académique; 20siècle; révolutions industrielles, esthétiques et sociales; guerres mondiales; danse moderne; danse post-moderne; nouvelle danse; danse contemporaine. Je m’interrogeais cependant sur ce contenu qui favorisait toujours les mêmes courants et «grandes figures» ayant marqué l’histoire de la danse, tant en Europe et aux États-Unis qu’au Québec, et me suis bien gardée de cautionner une certaine rhétorique qui divise les arts «majeurs» et les arts «mineurs».

Les oubliés de l’histoire
Inspirée par une de mes professeures d’histoire qui avait eu l’ouverture d’esprit de nous parler des danses afro-américaines nées au temps de l’esclavage et après son abolition, j’ai approfondi le sujet de l’histoire des Noir·e·s et de l’impact des métissages sur l’évolution de la danse. Prenant toujours en compte le bagage en danse de mes étudiant·e·s, chaque année plus nombreu·ses·x à avoir été formé·e·s en danses urbaines, j’ai aussi offert plus d’espace pour discuter de ces pratiques, trop longtemps considérées en marge des courants contemporains. Je sentais malgré tout qu’il y avait encore de grands absents dans mon cours, notamment, mais pas uniquement, les danses autochtones. Si une vaste historiographie du ballet existe et rend son enseignement relativement aisé, nous avons tendance à oublier qu'alors même que la France et d’autres pays d’Europe raffinaient l’art de la pointe et de l’entrechat, les Premiers Peuples du Nouveau Monde subissaient la colonisation et le génocide culturel. Ainsi, de nombreuses danses ont disparu. Dans la foulée de la Commission vérité et réconciliation du Canada, j’ai intégré de manière récurrente dans mon programme une séance sur les danses autochtones, en invitant des conférencier·ère·s issu·e·s des Premières Nations.

Raconter autrement
On vit une époque charnière fort intéressante où l’ouverture des consciences dicte de ne plus faire ombrage à des pratiques et à des artistes jusqu’ici ignorés ou occultés des récits historiques. Plongée au cœur des réflexions sur la diversité en tant que chargée de projet au Regroupement québécois de la danse, j’ai pu découvrir certaines discriminations à l’œuvre dans ma discipline de prédilection et plus largement dans l’ensemble de la société. Touchant à la fois mon cœur d’enseignante et de femme racisée, le discours ambiant sur la décolonisation du regard et l’appropriation culturelle m’a poussée à revisiter mes ouvrages de référence en danse et à questionner mes propres repères, afin d’offrir à mes élèves une approche de l’histoire plus diversifiée, plus inclusive et moins biaisée.

L’héritage de la danse théâtrale occidentale reste à mon sens d’une richesse inestimable. Sans vouloir changer radicalement la trajectoire de mes enseignements et toujours motivée à faire connaître aux étudiant·e·s des patrimoines chorégraphiques de grande valeur, je souhaite raconter l’histoire autrement, pour qu’elle soit plus en phase avec les enjeux actuels d’inclusion et surtout, parce que le récit n’en sera que plus juste et plus passionnant.

 

Valérie Lessard est artiste, enseignante, travailleuse culturelle et archiviste en danse. Elle est chargée de projet aux relations professionnelles au Regroupement québécois de la danse depuis mars 2018 et enseigne le cours Danse et société à l’École de danse contemporaine de Montréal (EDCM) depuis 2007.

 

 

Tout travail mérite salaire

Chaque arrivée du printemps coïncide avec le dépôt des budgets gouvernementaux et l’attente fébrile de savoir quelle part sera allouée à la culture. Disposerons-nous des moyens nécessaires à ce que la floraison des arts explose dans une luxuriance à la mesure de la diversité de nos talents, de nos ambitions et des besoins variés de la population? La question se pose plus spécifiquement au Québec où la seule disposition connue du gouvernement caquiste est le maintien des investissements prévus pour la mise en œuvre du plan d’action de la nouvelle Politique culturelle. De la potentielle réaffectation annoncée de ces fonds, on ne sait rien du tout et l’on s’inquiète de voir le budget de la culture stagner autour de 1% des dépenses de l’État alors que le mémoire économique dévoilé l’an dernier par la Coalition La culture, le cœur du Québec établit la nécessité d’un soutien à hauteur de 2%. Sans un tel financement, les ressources humaines du secteur continueront de s’épuiser et le développement des disciplines artistiques restera sévèrement compromis.

La danse demeure tout particulièrement affectée par le sous-financement. Le cheminement de carrière de ses professionnels est plus laborieux que celui d’artistes et de travailleurs culturels d’autres disciplines et les œuvres dites pour grand plateau sont encore trop rares. La plupart des compagnies n’ont pas les moyens de répondre aux exigences de leur développement, le nombre de grandes compagnies diminue et les plus petits organismes peinent tellement que certains jeunes chorégraphes choisissent de ne pas créer de structure. Dans ce contexte de paupérisation d’un milieu historiquement précaire, une masse phénoménale de travail est abattue par des centaines d’individus sans qu’aucune rémunération ne vienne le récompenser. Lot quotidien de la plupart des travailleurs autonomes, le fléau du travail invisible frappe aussi les salariés des organismes artistiques et culturels en danse. Par exemple, bon nombre de membres de conseils d’administration comblent le déficit en ressources humaines de bien des compagnies et bon nombre de salariés trouvent naturel d’effectuer du temps supplémentaire sans aucune compensation.

À quel moment la générosité, noble valeur dont les arts ont besoin, devient-elle sacrificielle, néfaste pour la santé? Et pour quelle raison juste et objective une société fait-elle porter le poids de la création d’une richesse – en l’occurrence, les arts –à ceux et celles qui la produisent? Il est temps de déboulonner la croyance que le plaisir qu’on tire à exercer un métier justifierait le fait d’être moins bien ou pas du tout payés. Il est temps de déboulonner la croyance que l’art est un luxe dans une société. Alors que les conseils des arts poussent au ralliement sous l’étendard de l’équité et de l’inclusion, il est temps que nos gouvernements cessent de considérer les arts et la culture comme un secteur à part et mettent en œuvre des mesures adaptées à ses spécificités permettant à toutes les composantes de son écologie de prospérer. Ce qui est loin d’être le cas.

La pénurie de main-d’œuvre dont souffre aujourd’hui le Québec est encore plus patente dans le secteur de la danse. Les salaires proposés sont généralement si bas et on demande une telle polyvalence qu’on a du mal à attirer et à retenir les travailleurs culturels. Il est fréquent qu’un travailleur culturel forge ses compétences dans une équipe en danse et s’envole aussitôt vers des secteurs artistiques capables d’offrir de meilleures conditions de travail. Pour dessiner un portrait clair et détaillé de la rémunération des travailleurs culturels au sein des organismes artistiques et culturels québécois, une quarantaine de directions générales, artistiques et administratives ont élaboré le projet d’une étude.

Lancée ce mardi 12 mars, cette enquête vise principalement les arts de la scène et sera réalisée d’ici la fin avril. Chaque organisme participant recevra alors un rapport exposant les données sectorielles recueillies et aura la possibilité de commander à faible coût un rapport personnalisé sur son positionnement sur le marché en termes de salaires et avantages sociaux. Ces informations-clés faciliteront le développement de stratégies organisationnelles adaptées aux besoins de chaque organisme et viendront soutenir le travail de représentation du Regroupement québécois de la danse et de ses homologues. Plus vous serez nombreux à  participer à cette étude, plus elle sera crédible, plus forts seront les arguments pour l’amélioration des conditions socioéconomiques dans le secteur des arts.


Fabienne Cabado 
Directrice générale du Regroupement québécois de la danse