Le ballet perd un grand maître
La semaine dernière, l’artiste Lawrence Rhodes s’est éteint. Directeur artistique des Grands Ballets Canadiens pendant 10 ans dans les années 90, il a marqué durablement l’orientation artistique de la compagnie et a su «associer la tradition du ballet classique au renouvellement du langage chorégraphique»[1] en invitant pour la première fois des chorégraphes majeurs de l’époque à venir enseigner, remonter ou créer des chorégraphies pour la compagnie. Jiří Kylián, Ohad Naharin et William Forsythe figurent parmi ces invités de marque qui ont ainsi contribué à enrichir le répertoire des Grands Ballets avec des oeuvres de ballet contemporain du 20e siècle. Aussi interprète et pédagogue, «Larry» Rhodes est une figure marquante de l’histoire de la danse classique au Québec.
Sous sa direction, Les Grands Ballets ont repris les tournées internationales, interrompues pendant quelques années, et tissé un lien plus étroit avec le public montréalais en offrant des spectacles gratuits dans des parcs et des salles communautaires.
Américain d’origine, Lawrence Rhodes a commencé sa carrière d’interprète à New-York en 1958 avec les Ballets Russes de Monte Carlo, puis au Joffrey Ballet à partir de 1960. Il est remarqué pour sa virtuosité et son expressivité et plusieurs chorégraphes lui écrivent des rôles sur mesure. Durant les années 1970, sa carrière se déploie à l’international auprès de prestigieuses compagnies de ballet comme le Het National Ballet aux Pays-Bas, le Feld Ballet de New York, ou encore le Pennsylvania Ballet, et aux côtés de danseuses étoiles comme Natalia Makarova, Melissa Hayden et Carla Fracci. Avant d’en prendre la direction artistique, Larry Rhodes aura aussi dansé pour Les Grands Ballets en 1977.
C’est un an plus tard qu’il quitte la scène pour se consacrer à l’enseignement. En 1981, il devient directeur du département de danse de la Tish School of the Arts à l’Université de New York, puis de 2002 à 2017, il prend les rennes de la direction artistique du Département de danse de l’école Juilliard.
«Larry était un grand maître, explique Anik Bissonnette, directrice artistique de l’École supérieure de ballet du Québec et ex première danseuse des Grands Ballets Canadiens. J’adorais prendre sa classe de ballet et recevoir ses enseignements, si riches. […] Larry a toujours été un homme d’une extrême générosité; sa porte était ouverte pour les artistes qui travaillaient avec lui. Nous sommes chanceux qu’il ait laissé sa marque au Québec.»[2]
Sources:
- Communiqué des Grands Ballets Canadiens
- Communiqué de l’École supérieure de ballet du Québec
- Toile-mémoire de la danse au Québec (RQD)