2019-05-07
 
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Appel de photos pour valoriser la danse à l’année!

Appel de photos pour valoriser la danse à l’année!

Spectacles, classes ou répétitions, envoyez-nous vos photos préférées en haute définition: vous les verrez potentiellement publiées sur le portail Québec Danse, dans l'infolettre, les réseaux sociaux, les placements médias ou autre outil de communication du RQD. Une belle occasion de visibilité pour vous et vos activités récentes! En respect du droit d’auteur, rappelons que vous devez préalablement obtenir l'accord des photographes et des artistes impliqués pour que les photos soient diffusées par un tiers tel que le RQD.

La rencontre comme vecteur de survie des arts en région

J’ai récemment assisté à la présentation publique d’une étape de création de la pièce Suite Canadienne, une démonstration, de l’artiste multidisciplinaire Adam Kinner, accueillie au Musée d’art de Joliette en collaboration avec le Théâtre Hector-Charland. La performance m’a fait revisiter tout un pan de mon passé d’interprète, d’autant plus que j’en connaissais certaines des artistes pour avoir partagé avec elles ma formation professionnelle en ballet[1]. L’émotion du moment m’a notamment amenée à réfléchir à l’importance de la rencontre dans la fréquentation et la (sur)vie des arts en région.

De façon assez humoristique, mais sans moquerie, Kinner nous invite dans cette création à poser un regard sur l’époque et le travail de Ludmilla Chiriaeff, cette pionnière qui a fondé les Grands ballets canadiens. Des Montréalais de même que des Joliettains fidèles à leur Musée étaient présents. Ma mère, ancienne élève de celle qu’on surnommait affectueusement Madame, était de ceux-ci. Nous composions ainsi un public éclectique et curieux, comme c’est bien souvent le cas chez nous. Plusieurs semblent y avoir trouvé leur compte, si l’on se fie aux nombreux remerciements soulignant la possibilité de voir, ailleurs qu’à Montréal, un échange fructueux entre danse et arts visuels prendre vie. Un exemple éloquent du pouvoir de la rencontre, d’abord entre commissaire et diffuseur, ensuite entre artistes et public.

Tandis que pour certains, Suite canadienne, une démonstration est une proposition pointue, pour d’autres, c’est un nouveau monde qui s’anime ou encore, une occasion de revisiter leurs souvenirs… Ce type d’expériences, ce partage du sensible, me touchent et me poussent à vouloir faire en sorte que la rencontre, sous diverses formes, soit au cœur de ma programmation. À l’heure où le commissariat des arts de la scène s’affirme de plus en plus dans les grands centres, nos réalités régionales nous invitent à stimuler l’intérêt de nos publics pour la danse, ce qui conduit certains d’entre nous à orienter leurs choix vers des projets qui favorisent précisément la rencontre et vers une diversité de propositions qui interpellent le plus de monde possible. Par exemple, en l’espace de trois mois, le Pôle lanaudois de la danse aura accueilli Ballet Ouest de Montréal, Audrée Juteau, BIGICO, Sébastien Provencher, Marie Béland, Adam Kinner, Anne Plamondon, Bettina Szabo, Lucy May et Julie Pilon. Un éventail de projets qui a attiré plus de 3 000 personnes!

L’exemple du Pôle lanaudois, développé par le Théâtre Hector-Charland et qui regroupe les villes et certains diffuseurs de l’Assomption, Repentigny, Joliette et Terrebonne, est cependant une exception. La diffusion de la danse en région reste tout un défi. L’étendue du territoire et le manque de ressources humaines et financières en sont les principales causes.  Il nous est par exemple souvent difficile d’assurer nos déplacements pour assister en personne à un spectacle avant de le programmer, ce qui complique notre tâche. Et la grande majorité des diffuseurs pluridisciplinaires n’ont pas les moyens d’engager une personne entièrement dédiée au développement de la danse, ce mandat étant confié à quelqu’un dont la charge de travail est déjà énorme. Difficile, dans ce contexte, de nourrir le lien entre le diffuseur et l’artiste, son producteur ou son agent et de créer les conditions optimales entre la danse et ses publics.

Depuis quelques années et notamment grâce au précieux travail de La danse sur les routes du Québec, les artistes manifestent davantage d’intérêt envers notre travail et sont plus conscients des enjeux de diffusion en région. Du côté des diffuseurs pluridisciplinaires, les nombreux efforts consentis depuis des années portent fruit et les conseils des arts se font plus sensibles à la cause du rayonnement de la danse en région. Espérons que d’avantage de moyens y soient donnés le plus rapidement de possible pour assurer une plus grande circulation des œuvres chorégraphiques sur l’ensemble du territoire et un meilleur accès aux arts de la scène de l’ensemble de la population québécoise.

 

 © Jimmy Vigneux

Annie-Claude Coutu Geoffroy a dansé. Elle s’ingénie maintenant à créer des ponts entre le public, les artistes et différents organismes dans sa région. Actuellement responsable du volet danse au Théâtre Hector-Charland, elle est également membre du conseil d’administration du Regroupement québécois de la danse depuis l’automne 2017 et a siégé, de février 2018 à janvier 2019, au comité de réflexion sur la diffusion des arts de la scène au Conseil des arts et des lettres du Québec.


[1] L’œuvre est interprétée par Hanako Hoshimi-Caines, Louise-Michel Jackson, Kelly Keenan, Adam Kinner, Justin de Luna et Mulu Tesfu.

 

Stories Instagram: quatre bonnes raisons de les inclure dans votre stratégie de médias sociaux

Parmi les tendances à surveiller sur le réseau social en 2019, on retrouve, les fameuses stories. Malgré des débuts un peu lents, les stories ont doucement, mais sûrement, fait leur place pour compétitionner Snapchat, premier média social à offrir des filtres ludiques et des contenus éphémères.

Pour celles et ceux qui ne sauraient pas encore exactement ce qu’est une story Instagram, on pourrait résumer ainsi: c’est un contenu interactif (photo, vidéo) court (moins de 30 secondes), en format vertical, fait pour être consulté sur mobile. Et c’est aussi un excellent moyen d’aller chercher du public, d’interagir avec et lui et de rendre une marque intéressante et créative! Voici quelques raisons pour vous inciter à inclure des stories dans votre stratégie de diffusion sur les médias sociaux.

1. Simple et peu coûteux
L’avantage des stories Instagram, c’est qu’il s’agit de contenus simples à faire et peu coûteux. Évidemment, on peut décider d’employer les grands moyens et de se créer une série vidéo complète comme l’a fait l’équipe derrière le projet Gender Derby, un tout premier documentaire français entièrement tourné pour un format du genre. Autrement, juste avec son appareil intelligent, de belles images ou des vidéos bien cadrées, et des applications gratuites pour embellir les stories (Unfold, StoryArt, etc.) on peut faire des trucs vraiment chouettes!

2. Raconter des histoires
Stories: le nom le dit! Instagram vous propose de créer des récits pour capter l’attention du public. Que vous invitiez les gens dans les coulisses d’un spectacle en créant de très courtes entrevues avec les artistes, ou encore que vous proposiez à un.e artiste en résidence de s’emparer du compte pour créer de courtes vidéos qui expliquent son processus créateur, l’idée demeure la même: vous racontez une histoire, vous parlez au public de qui vous êtes et de ce que vous faites. Un bel exemple de créativité? La NYPL (New York Public Library) a créé les Insta Novels: des classiques de la littérature, comme Alice au pays des merveilles par exemple, en version stories.  La story devient donc un petit livre à lire sur mobile!

3. Un contenu interactif et ludique
Comme Instagram offre plusieurs éléments interactifs avec lesquels s’amuser – pensons aux gifs, aux filtres pour changer le visage, aux sondages, aux décomptes (une fonction proposée juste avant la fin de l’année pour faire le décompte jusqu’en 2019) et à une nouveauté qui permettra de partager de la musique  – c’est l’occasion idéale de tester des choses avec son public. Proposez des appels à l’action plus personnels (comme demander aux gens de voter pour un visuel, ou encore de répondre à un sondage pour avoir leurs réactions sur un concept que vous aimeriez essayer) et adoptez un ton plus léger pour vous amuser et rendre vos contacts plus humains.

4. Joindre des milliers de gens
Selon le Blog du modérateur, c’est plus de 400 millions d’abonné.e.s qui utilisent chaque jour les stories. Et, statistique intéressante pour les marques, le même blogue affirme que «45% des stories les plus vues sont publiées par des entreprises.» Ce que ça veut dire? C’est que de nombreuses entreprises ont vu le potentiel qu’il y avait à créer du contenu pour cette plateforme et en retirent des bénéfices.

Vous avez envie de tester les stories, mais vous ne savez pas trop comment vous y prendre? Allez faire un tour sur la StorySchool lancée par Instagram en octobre dernier et destinée aux entreprises. À vous de jouer!

 

 Myriam Daguzan Bernier
Jusqu'à tout récemment webmestre et gestionnaire de communauté à La fabrique culturelle, Myriam est experte en communications numériques. Elle œuvre à la pige en tant que journaliste, conférencière, spécialiste médias sociaux et formatrice à l'INIS et à la formation continue de l'UQAM. Elle a offert la formation du RQD Prendre sa place dans les médias sociaux le 7 février.

 

 

Culture NumériQc, un site Web pour mieux comprendre les enjeux numériques dans les arts et la culture

Vous vous demandez ce que les nouvelles technologies peuvent bien changer dans votre vie artistique et professionnelle? Vous voulez profiter des stratégies gouvernementales en faveur du virage numérique, mais ne savez pas par où commencer? Culture NumériQc [1] est LE site Web à connaître pour bien saisir les enjeux et les potentiels du numérique dans le secteur des arts et de la culture au Québec. Avec son lexique et son guide de références, vous aurez bientôt toutes les clefs en main pour vous mettre à jour et faire des choix stratégiques pour votre développement!

Pourquoi un lexique?
Comprendre le vocabulaire lié au numérique, c’est d’abord se donner les moyens d’en apprivoiser les rouages et de découvrir les possibilités qu'il offre. À consulter comme un dictionnaire virtuel plutôt qu’à lire de A à Z, ce lexique assez exhaustif offre des définitions simples et claires des concepts liés à la pensée numérique (approche itérative, interopérabilité, cocréation, etc.) de même que des termes techniques qui vont ravir les pros des communications (API, CMS, hubs, métadonnées, etc.). Un outil accessible à tous, à garder dans vos signets.

Un Guide de références pour aller plus loin
Développé pour favoriser une large utilisation des outils numériques et une meilleure compréhension des enjeux spécifiques aux arts et à la culture, ce guide regroupe les références développées par le milieu associatif culturel du Québec. L'organisation en quatre grands volets – Comprendre, Entreprendre, Apprendre, Se documenter – dont chacun se décline en sections, facilite la navigation dans la multitude de contenus qu’offre le site. Par ailleurs, la recherche par mots-clés peut vous aider à creuser un sujet d’intérêt: tapez “danse” et vous retrouverez notamment l’étude du RQD sur les pratiques et usages du numérique chez les professionnels de la danse.

Notre conseil: commencez par explorer le volet Comprendre et ses sections Stratégie Web et réseaux sociaux, Pratiques et usages numériques, Arts et création et Production de métadonnées. Si vous comptez développer un projet de financement participatif, déposer une demande de subvention au fonds Stratégie numérique du Conseil des arts du Canada, ou encore découvrir les divers programmes de financement pour vos projets numériques, rendez-vous directement à la section Financement du volet Entreprendre. Informations et conseils pratiques vous aiguilleront dans la bonne direction.

En complément
Rejoignez les quelque 2 000 membres du groupe Facebook Les arts, la culture et le numérique visant à rapprocher et fédérer le milieu culturel et numérique par la discussion et le partage d’informations.



[1] Le portail Culture NumériQc est un des résultats concrets du mandat confié à l'organisme Québec numérique par le ministère de la Culture et des Communications du Québec (MCC) pour réaliser sa stratégie d’accompagnement des organismes culturels dans leur transformation numérique au niveau provincial (mesure 99 du Plan culturel numérique du Québec).

 

Art, handicap et accessibilité: Et si on réimaginait le monde?

France Geoffroy, figure emblématique de la danse intégrée au Québec, explore les possibilités du mouvement avec son fauteuil roulant depuis plus de 20 ans. Luca «Lazylegz» Patuelli, B-boy professionnel de renommée internationale, maîtrise sur ses béquilles les prouesses qu’il exécutait sur les mains depuis l’âge de 15 ans. «Éblouie en permanence» tant par les artistes qu’elle met en lumière que par la maladie de Stargardt qui affecte sa vision, Audrey-Anne Bouchard signe les éclairages de nombreuses œuvres de théâtre et de danse. Véro Leduc, artiste, chercheuse et militante sourde, oriente son travail de recherche et création dans une perspective critique, intersectionnelle et crip[1]. Ces quatre artistes ont été réunis par le MAI (Montréal, arts interculturels) le 6 février dernier lors d’une conférence sur les pratiques des artistes sourd-es et handicapé-es pour aborder leurs parcours et les enjeux liés à leurs pratiques artistiques. À l’instar de la célèbre phrase de John Lennon «Imagine all the people», ils nous ont invités à «réimaginer le monde».

Transcender le handicap et faire de l’art autrement
On ne réalise pas toujours comme plusieurs formes d’art sont articulées autour de la tradition orale, laissant peu de place à l’expression et à la participation des personnes sourdes, pointait Véro Leduc. Celle qui, à une époque, adorait assister à des spectacles de danse contemporaine, dit les avoir délaissés quand ils sont devenus «parlants». Elle est toutefois convaincue que les personnes sourdes peuvent transformer l’art à leur façon. Son projet de bande dessinée C’est tombé dans l’oreille d’une sourde, décliné en 10 chapitres vidéo dans la langue des signes québécoise, s’inscrit dans une démarche exploratoire qui vise à réfléchir «aux enjeux communicationnels, technologiques et médiatiques soulevés par les perspectives épistémologiques sourdiennes[2]

Avec sa création Au-delà du visuel, Audrey-Anne Bouchard a entrepris un important travail de recherche pour créer une expérience théâtrale destinée à un public non voyant, et n’impliquant donc pas la vision. Par cette exploration, elle a développé une forme de représentation qui ne se vit pas à travers le regard d’un public assis et passif, mais qui convie le spectateur à entrer dans un univers de sensations. Danseurs et acteurs interprètent l’œuvre tout en invitant les participant.es à se mouvoir, à toucher des objets et à expérimenter des sons, dans un parcours rempli d’une riche palette de textures.

Alors qu’au début de sa carrière on la plaçait dans l’obscure catégorie de la «non-danse», France Geoffroy a bien réussi à implanter sa compagnie, Corpuscule Danse, dans l’écologie de la danse contemporaine au Québec. Elle crée des projets en collaboration avec d’autres danseurs et chorégraphes professionnels, avec et sans handicap, dont Quadryptique, qui démystifie la danse intégrée et en dévoile toute la richesse. France Geoffroy joue aujourd’hui un rôle important dans l’enseignement de la danse pour les personnes aux physiques atypiques, assurant ainsi une relève de danseurs et de formateurs handicapés.

Porté par son mantra personnel «Pas d’excuses, pas de limites», Luca «Lazylegz» Patuelli utilise avec puissance ses béquilles comme extension du corps. Chorégraphe, enseignant, danseur et conférencier, il a fondé, avec plusieurs danseurs handicapés des quatre coins du globe, le crew Ill-Abilities qui prend part à de nombreuses compétitions internationales. Il parcourt aussi le monde avec son service de «divertissement de motivation», des présentations de 60 minutes portant entre autres sur l’autonomisation personnelle, la sensibilisation aux incapacités, le dépassement face à l’adversité et le leadership créatif. Son message? Tout le monde peut danser.

Chacun.e propose des projets innovants, poétiques ou critiques qui transcendent leur handicap et remettent en question les idées reçues de la sensation, du corps en mouvement, de la création artistique et de l’expérience du spectacle vivant. Bon an mal an, ces artistes insufflent d’importants changements de mentalités et de perception du handicap dans les arts et dans la société en général.

Obstacles à l’accessibilité
Si leurs parcours paraissent somme toute très positifs, il et elles ont été (et sont toujours) confronté.es à de nombreux obstacles, qu’ils qualifient de systémiques. Le parcours des artistes handicapé.es demeure complexe. Plusieurs portes restent fermées et les besoins sont criants: Véro Leduc mentionne que si les théâtres tendent à être plus accessibles aux publics, il y a encore bien du chemin à faire pour les rendre accessibles aux artistes mêmes (loges, scènes, consoles de son et d’éclairage, etc.) et de nombreuses lacunes demeurent dans l’accès à la formation et au financement. Elle est également d’avis que trop peu d’artistes handicapés se voient sollicités pour participer aux jurys des conseils des arts. Les autres panellistes ont également parlé de la souffrance liée à la ségrégation et au récalcitrant modèle médical du handicap qui amènent les personnes handicapées à subir quotidiennement tout un lot de microagressions.

Mais le plus grand défi qu’ils ont souligné est celui de l’accessibilité et de la mobilité dans un monde où les transports, l’urbanisme, l’architecture et les infrastructures en général ont tout bonnement, trop longtemps, ignoré les diverses formes de handicap, tant celles visibles (physiques) qu’invisibles (visuelles, auditives, intellectuelles). La Déclaration de l’ONU sur le droit des personnes handicapées ne date après tout que de 1975. Et si de grands changements se sont opérés depuis et que certains pays, comme la Suède et l’Espagne, se montrent exemplaires, au Québec, la route de l’accessibilité universelle est encore semée d’embûches.

Réimaginer l’art et le monde
Qu’il s’agisse d’explorer les possibilités de mouvance du corps ayant des contraintes physiques, de développer des méthodologies de création qui permettent de faire vivre des expériences de spectacle vivant à des personnes non voyantes ou de militer en faveur d’une réelle participation des personnes handicapées au développement de la recherche et des connaissances, les panellistes s’accordent sur le fait que l’accessibilité et la représentativité devraient devenir systématiques, que les bonnes pratiques d’inclusion ne devraient pas être envisagées comme une fin en soi, mais comme faisant partie de l’usage. Ils suggèrent que les personnes avec divers handicaps soient consultées lors de la conception des infrastructures, des systèmes de transport et des technologies pour en assurer l’accessibilité universelle et appellent à une réelle volonté politique pour opérer un véritable changement.

Pour Luca Patuelli, il ne suffit plus de prendre des mesures «artificielles» telles que la Journée internationale des personnes handicapées, le 3 décembre de chaque année. C’est tous les jours qu’il faut penser à l’accessibilité. Alors, on s’y met?

 

Conférence Si on réimaginait le monde?, MAI (Montréal, arts interculturels), 6 février 2019 © Valérie Lessard – RQD


[1] Crip : Forme de militantisme lié aux notions queer et de handicap. https://lesoursesaplumes.info/2018/12/11/handicap-queer-crip/

[2] Leduc, V. (2017). C’est tombé dans l’oreille d’une Sourde : la sourditude par la bande dessignée. Consulté à l’adresse https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/handle/1866/18443

 

 

Offre d’emploi RQD – Agent.e de développement culturel numérique

Actif sur les scènes municipale, provinciale et fédérale depuis bientôt 35 ans, le Regroupement québécois de la danse (RQD) travaille au développement de la danse professionnelle dans ses multiples composantes. Il joue un rôle de chef de file dans la création de projets structurants pour la discipline et contribue à la reconnaissance de ses conditions d’exercice. Il recrute aujourd’hui un.e agent.e de développement culturel numérique pour l’accompagner dans la transformation numérique de son organisation et du milieu de la danse.

Mandat général de l’agent de développement culturel numérique (ADN)
La personne retenue formera une communauté de pratique professionnelle avec une quarantaine d’homologues du Réseau d’agents de développement culturel numérique initié par le Ministère de la Culture et des Communications dans le cadre du Plan culturel numérique du Québec. Comme eux, elle veillera à améliorer la compréhension des effets des transformations technologiques, économiques et sociales majeures liées au numérique, elle mettra en place des activités et des services et fournira divers outils et conseils pour favoriser l’enrichissement de la pensée stratégique et le virage numérique dans le secteur disciplinaire où elle oeuvrera.

Description de tâches
Relevant de la direction générale, l’agent.e de développement culturel numérique aura la responsabilité de voir à la réalisation des quatre objectifs suivants : assurer la concertation des membres du RQD autour de questions liées au numérique; assurer une veille en vue d’accroître le niveau de littératie numérique du milieu; accompagner et soutenir le développement d’activités de formation pour contribuer à la transformation numérique du milieu de la danse; favoriser et soutenir le développement de projets culturels numériques et, ponctuellement, en coordonner la mise en œuvre.

Plus spécifiquement, l’agent.e devra:

  • répertorier, documenter et partager les pratiques numériques dans le secteur culturel et, plus particulièrement, dans celui de la danse;
  • déterminer les meilleurs canaux et outils pour diffuser et promouvoir le résultat de la veille stratégique;
  • rédiger des articles, recommandations et propositions destinés à différents publics cibles;
  • agir à titre de personne-ressource pour les questions liées au numérique;
  • collaborer à l’élaboration d’une stratégie numérique et d’un plan d’action pour le RQD et pour le secteur qu’il représente;
  • proposer différents sujets, angles de recherche et projets structurants et, le cas échéant, en assurer la coordination et la supervision;
  • développer des partenariats et des collaborations avec diverses organisations et institutions pour la réalisation de projets conjoints;
  • développer des outils collectifs permettant l’acquisition de compétences numériques et assurer leur diffusion (exemples : boîtes à outils, guides de bonnes pratiques, etc.);
  • accompagner le coordonnateur du développement professionnel du RQD dans l’élaboration d’une offre de formation concertée, mutualisée et complémentaire (exemples : conférences, webinaires, ateliers, séminaires);
  • participer à différents projets de recherche, comités de travail, conférences, événements régionaux ou nationaux liés au numérique;
  • contribuer et collaborer au réseau national d’agents de développement culturel numérique;
  • participer, si pertinent ou requis, aux activités des grands dossiers du Plan culturel numérique du Québec (métadonnées, culture-éducation, numérisation, etc.), de la SODEC et du CALQ.

Exigences du poste

  • esprit d’analyse et de synthèse développé;
  • sens aiguisé de la communication, de la mobilisation et du travail d’équipe;
  • aisance à œuvrer dans des réseaux décentralisés qui misent sur le partage, l’entraide et la collaboration;
  • grande autonomie, polyvalence et débrouillardise;
  • très bonne connaissance du français et de l’anglais;
  • esprit d’initiative, entregent, bon sens de la diplomatie et de la stratégie
  • bonne connaissance du milieu de la danse et de ses acteurs (atout).

Les candidats recherchés ne sont pas des spécialistes des technologies numériques, mais devront détenir les compétences de base suivantes:

  • utilisation d’outils numériques dans le cadre de son travail (ex.: Google Drive, outils collaboratifs, etc.);
  • compréhension des principaux concepts numériques (ex.: réseaux sociaux, Web, données, etc.).

Conditions de travail
Conditions salariales: selon l’échelle salariale en vigueur au RQD  (+ avantages sociaux)
Horaire de travail: 28 à 35 heures par semaine
Début du contrat: 1er avril 2019
Durée du mandat: 3 ans

Lieu de travail: 3680, rue Jeanne-Mance, bureau 440, à Montréal – La personne doit également pouvoir se déplacer, notamment en dehors des horaires réguliers de travail.

Traitement des candidatures
Faire parvenir votre lettre de motivation accompagnée de votre c.v. au plus tard le 3 mars 2019 à minuit, à l’attention de Virginie Desloges, responsable des finances et de l’administration, à vdesloges@quebecdanse.org.

Un accusé de réception sera envoyé pour toute candidature reçue. Seules les personnes sélectionnées seront contactées.

Le RQD adhère au principe d’égalité en matière d’accès à l’emploi et invite les Autochtones, les personnes s'identifiant à des minorités visibles et/ou ethniques ou en situation de handicap à présenter leur candidature.

 

Espoir pour la diffusion des arts de la scène au Canada

Doubler le budget du Fonds du Canada pour la présentation des arts (FCPA), qui soutient la programmation et le développement d’organismes de diffusion dans plus de 250 villes au pays. Cette demande insistante des milieux artistiques a trouvé écho auprès de nombreux élus fédéraux, parmi lesquels le ministre du Patrimoine canadien et du Multiculturalisme, Pablo Rodriguez.

Ce dernier vient en effet de confirmer dans une lettre officielle en réponse à une missive conjointe de Festivals et évènements majeurs et du Regroupement des événements majeurs internationaux son «appui [à la] démarche visant à réclamer une révision, voire une augmentation de l’enveloppe du FCPA». Il y indique avoir transmis la requête collective à son homologue du ministère des Finances, l’honorable Bill Morneau.

Le Regroupement québécois de la danse (RQD) fonde beaucoup d’espoir dans ce geste du ministre du Patrimoine canadien, qui résulte d’une importante mobilisation comprenant le dépôt d’un mémoire prébudgétaire de la Coalition canadienne des arts (CCA) – dont fait partie le RQD –, des revendications conjointes à l’occasion de la Journée des arts sur la Colline et de consultations prébudgétaires, une lettre ouverte aux médias et une campagne de lettres à laquelle avait appelé le RQD et soutenue par 23 élus fédéraux.

Prochaine et dernière étape: le dépôt du budget fédéral 2019. À suivre de près!

En complément
Lire le texte collectif publié dans La Presse, Mieux soutenir les diffuseurs en arts de la scène, 17 janvier 2019 et la réponse du ministre Rodriguez, Investir dans l’art et la culture pour des collectivités dynamiques et une culture canadienne enrichie.

Consulter la liste des députés qui appuient la hausse du FCPA et la chronologie de la campagne sur le site de CAPACOA.

 

Journée internationale de la danse et patrimoine

Le 29 avril prochain, le RQD mettra le patrimoine de la danse à l’honneur dès 14h à l’édifice Wilder. Au programme, une table-ronde pour partager des expériences inspirantes, la projection de vidéos et le lancement de la publication Du patrimoine de la danse au Québec, État des lieux, perspectives et conseils pratiques. Suivra un cocktail où vous serez parmi les premiers à visionner le Message québécois de la Journée internationale de la danse. Venez célébrer la danse avec nous!

Évènement gratuit, ouvert à tous·tes.

De l’entrepreneuriat dans les arts

Les envolées lyriques de nos politiciens sur la valeur et les bienfaits des arts se doublent toujours de la volonté d’accentuer la fonction de moteur économique de ce secteur. Les politiques culturelles autant que les discours insistent sur la fibre entrepreneuriale que devraient acquérir et développer les artistes. On entend même parfois qu’ils devraient concevoir leurs créations à l’aune de l’offre et de la demande: produire ce que les gens aiment, ce pour quoi ils seraient majoritairement prêts à payer. Aussi tendancieuse que dangereuse, cette affirmation peut réactiver le vieux débat sur le fait que l’art serait ou ne serait pas une marchandise. Elle invite en tout cas à mieux définir ce qu’on entend par artiste-entrepreneur pour tenter de lever les injonctions qui pèsent aussi lourdement qu’injustement sur lui.

Le concept d’artiste-entrepreneur fait grincer bien des dents. Notamment, parce que même si les artistes souhaitent vivre de leur art et toucher le plus large public possible, ils ne sont généralement pas motivés par l’appât du gain et ne se considèrent pas comme des gens d’affaires. Leurs efforts pour produire des œuvres dans un contexte souvent précaire sont déjà si énormes qu’ils voient difficilement comment en faire plus, d’autant qu’ils ont ordinairement bien du mal à se vendre. Il se trouve cependant qu’on opère communément un amalgame erroné entre fibre entrepreneuriale et capacité à faire de l’argent. On peut en effet être un entrepreneur hors pair sans pour autant être gestionnaire ou spéculateur pour un sou.

À l’origine, l’entrepreneur se définit par sa forte implication dans la réalisation d’un projet d’utilité publique. Il se distingue de l’homme d’affaires, qui œuvre plutôt pour lui-même, cherchant le profit en tablant notamment sur l’offre et la demande. Avoir l’esprit d’entreprise, c’est vouloir construire, donner corps à une idée. Les choses vues ainsi, l’artiste est intrinsèquement doté de cette fameuse fibre entrepreneuriale. Il prend les risques de l’expérimentation pour servir une vision qui ouvre les perspectives sur le monde, nourrit les regards, les esprits et les âmes. Faisant fi de la raison, de la peur et des conventions, il s’inscrit même parfois à contrecourant des modes, de la pensée dominante et des marchés. Cela fait partie de cette innovation, de cette originalité que l’on attend de lui. Ainsi, il exerce pleinement son métier. Que lui demande-t-on donc de plus en l’exhortant à développer sa fibre entrepreneuriale? D’être plus rentable?

Pour cet entrepreneur au profil bien particulier, le profit ne se mesure pas exclusivement au nombre de dollars dans son escarcelle et au succès public. Il s’évalue surtout en émotions et en réflexions partagées, en révélations éprouvées, en actions et en vocations inspirées, en gratitude exprimée et même, en nombre de vies transformées, voire sauvées. Si la valeur qu’il produit est impossible à quantifier, elle est indéniable et devrait être mieux prise en compte dans le choix des mesures qu’on lui offre pour favoriser le développement de sa carrière et le rayonnement de son art.

Plutôt que de véhiculer l’idée que les artistes sont inadaptés à un système dans lequel ils remplissent leur fonction avec une générosité qui frise l’abnégation, plutôt que de leur suggérer de mieux répondre aux besoins des marchés, nos élus devraient miser plus généreusement sur l’éducation aux arts pour développer de nouveaux publics. Ils devraient également avoir l’audace et le courage d’investir massivement dans les infrastructures et les ressources humaines dont les artistes ont besoin pour pouvoir se consacrer totalement à la création et laisser leurs collaborateurs s’acquitter des tâches auxquelles ils ne sont ni formés ni voués. À chacun son métier, à chacun ses responsabilités.

Fabienne Cabado
Directrice générale du Regroupement québécois de la danse

Enjeux de morphologie dans l’inclusion des afrodescendant.e.s dans les institutions scolaires en danse

Étudiante et interprète semi-professionnelle en danse, franco-camerounaise, je m’intéresse beaucoup à la diversité des interprètes et à l’hétérogénéité des corps dans les œuvres chorégraphiques et sur les scènes montréalaises. Passionnée par l’anatomie et le mouvement, je me questionne notamment sur les particularités morphologiques des interprètes afrodescendant.e.s (hyperlordose lombaire1, stéatopygie, cuisses développées, etc.) et sur les discriminations que peuvent subir ces corps «hors normes» dans les institutions d’enseignement. J’aimerais partager ici quelques-unes de mes réflexions pour ouvrir le dialogue sur des problématiques systémiques liées aux corps et dans l’objectif de décoloniser les institutions en danse.

Depuis 2014, je constate fièrement que les danseur.euse.s afrodescendant.e.s apparaissent de plus en plus dans les pièces chorégraphiques et les théâtres de Montréal. Pensons aux œuvres Rain de Anne Teresa De Keersmaeker (mai 2017), Giselle de Dada Masilo (septembre 2018), UNBODIED de Lakesshia Pierre-Colon (novembre 2018), Wamunzo de Zab Maboungou de la compagnie Nyata Nyata (novembre 2018) et FORÊT de Elian Matas (janvier 2019). Qu’en est-il de cette diversité dans le cadre scolaire ?

De la diversité des corps
Des écoles de loisirs aux institutions en danse, les structures scolaires ont un rôle central dans l’apprentissage et la construction de l’estime de soi et dans l’évolution des étudiant.e.s. Sans insinuer que tous les interprètes issus de l’Afrique ont une structure osseuse et musculaire identique, j’ai souvent constaté qu’il existait des particularités anatomiques autres que la couleur de la peau et que cela avait des incidences lors de l’apprentissage de la danse. Comment les corps «hors normes» des afrodescendant.e.s sont-ils perçus par les institutions qui, selon moi, appliquent une esthétique «normée»? Dans des établissements majoritairement administrés par des blancs (direction, corps enseignant), le système offre-t-il assez d’outils pour que les professeur.e.s puissent enseigner à tout type de corps?

Selon moi, le principal défi des enseignant.e.s est de s’adapter à une diversité de corps pour faire en sorte que l’élève se sente assez en confiance pour évoluer et se développer dans un contexte mentalement sécuritaire. C’est particulièrement le cas en danse, où le corps est l’outil principal. Dans certains cas, la recherche du corps «parfait» – autant par les professeur.e.s que par les étudiant.e.s – peut créer des tensions corporelles et mentales. Y aurait-il une vision d’un corps standard qui se perpétuerait dans nos institutions? Existerait-il une hiérarchie des corps? Existerait-il une hiérarchie des danses? Qu’en est-il de la diversité dans le corps enseignant des établissements d’enseignement? Cela a-t-il un impact sur la représentativité de l’hétérogénéité des corps chez les étudiant.e.s?

Témoignages
J’ai parfois pressenti qu’il y avait une différence entre ce que l’enseignant.e percevait et ce que l’élève ressentait dans son corps. Pour en avoir le cœur net, je suis allée sonder quelques interprètes afrodescendantes en danse qui ont fréquenté des institutions et dont j’ai récolté les témoignages. Leurs noms ont été modifiés pour préserver leur anonymat.

Virginie: «J’ai une cambrure accentuée. Quand je fais un demi-plié, je sens dans mon corps que mon bassin est «neutre» durant son exécution tandis que la professeure me dit qu’il ne l’est pas. À travers ce malentendu, j’ai toujours pensé avoir une mauvaise conscience de mon corps. Pour répondre aux corrections et me trouvant dans une posture hiérarchiquement inférieure, car apprentie, je positionnais mon bassin en rétroversion pour effacer visuellement ma courbe lombaire. Cette pratique récurrente peut causer des problématiques néfastes sur mon corps à long terme.»

Régina: «J’ai un amas de graisse au niveau des fesses. Cela se nomme la stéatopygie. Cette particularité physique afrodescendante peut rendre l’exécution de mes tendus, dégagés ou grands battements en arrière, difficiles. En effet, la masse graisseuse bloque ma jambe. Dans ce cas, pourquoi les profs insistent sur la hauteur de ma jambe dans le cas d’un grand battement derrière? Pourquoi lorsque je leur dis que je ne peux pas monter plus haut, on me répond que cela viendra avec le temps? Pourquoi est-ce qu’on n’accepte pas mon corps tel qu’il est? Est-ce que les profs se fient à un «modèle» de corps particulier?»

Audrey: «Les stéréotypes et préjugés qu’on fait sur les corps noirs m’écœurent. Un jour, une prof m’a dit: «Saute plus haut, tu as le corps pour ça grâce à tes origines! J’étais la seule de ma classe à recevoir ce genre de commentaires. »

Annie: «Je suis afrodescendante et j’ai des pieds plats. J’avais des commentaires surtout sur mes pieds plats. On me chicanait ou on m’enlevait des points parce qu’on pensait que je ne pointais pas mes pieds alors que je faisais le maximum que je pouvais. J’ai toujours perdu des points sur mes pieds, même si je me forçais à les pointer. Je suis allée voir une physiothérapeute, je réchauffais mes pieds avant la classe, mais je ne pouvais pas faire plus que ce que mon corps pouvait. J’ai tenté d’expliquer la situation à la prof, mais cela n’a rien changé à mes évaluations.».

Marjorie: «J’ai eu des remarques sur mes hanches, mes cuisses, mes pieds et mon corps en général comme: «Tes hanches ne sont pas flexibles à cause de la manière dont ton corps est fait», «Tu as des grosses cuisses un peu plus prononcées», «Tu as des pieds plats, il faut faire des exercices en plus». Une fois particulièrement, j’avais décidé de porter un maillot jaune assez décolleté. La prof m’a regardée directement et m’a dit : «Ah, avec un corps comme le tien, il faut que tu travailles tes lignes et ta posture». Je ne me suis jamais sentie à ma place dans ce processus.»

Carole: «J’ai une hyperlordose et une hypertrophie fessière. J’ai principalement reçu des corrections sur mon bassin. L’enseignante démontrait un exercice à la barre physiquement à toute la classe pour faire des corrections. Elle sortait ses fesses et me regardait. La classe riait durant sa démonstration. Un jour, en classe technique, j’ai reçu un commentaire comme quoi je devais travailler pour devenir un «gorille plus qu’une libellule». Ce commentaire concernait, par déduction, mon rapport avec le sol. Je suis plus «pôle ciel» que «pôle terre». Toute la classe a ri. Pourquoi l’animal du gorille a été pris en exemple ? Si la correction s’adressait à une élève qui avait la peau blanche, est-ce que le gorille aurait été pris comme référence? J’ai souvent eu envie d’abandonner la danse.»

Quelques pistes
De quelle manière les professeur.e.s peuvent-ils.elles aider les étudiant.e.s à trouver leurs propres chemins tout en respectant leurs particularités physiques? Comment pourraient évoluer nos institutions afin de faciliter l’inclusion des apprenti.e.s afrodescendant.e.s?

Tout d’abord, je suis persuadée qu’il existe une différence entre ce que ressent l’élève au niveau kinesthésique, sa capacité et son amplitude physiques et ce que l’enseignant.e peut voir dans le corps de l’apprenti.e. Je pense sincèrement que l’enseignant.e doit faire confiance à l’élève dans sa recherche corporelle et que cette démonstration de confiance aura un impact positif sur son apprentissage. L’élève plus confiant.e se sentira mieux valorisé.e dans son travail.

Ensuite, est-ce que les institutions pourraient offrir aux enseignant.e.s des formations sur le racisme et la discrimination adaptées au domaine de la danse? De quelle manière pourrait-il y avoir des espaces de communication sécuritaire entre les acteur.trice.s de la danse (apprenti.e.s et enseignant.e.s) pour favoriser leur compréhension mutuelle (la méthode d’apprentissage, les aptitudes corporelles versus la méthode et l’approche d’enseignement)? Ces démarches pourraient apporter une plus grande ouverture d’esprit vis-à-vis des «particularités» morphologiques.

Ces mêmes institutions pourraient encore proposer d’autres approches du mouvement et du corps en offrant d’autres styles de danse (danses africaines, danses urbaines, danses indiennes…) enseignés par d’autres méthodes et morphologies au sein des programmes. Un enseignement plus varié de la danse dans les structures scolaires serait porteur d’un message d’inclusion et me semblerait en meilleure harmonie avec la diversité des corps qui se trouvent dans les classes. De plus, cette démarche contribuerait à la déhiérarchisation des corps et des danses, et offrirait une vision plus polyvalente du mouvement aux interprètes qui leur permettrait une entrée plus outillée dans le milieu professionnel. La danse peut être transportée au-delà de la performance et doit faire valoir sa mission sociale et politique.
1 L’hyperlodose est une courbe prononcée de la colonne vertébrale dans la région des lombaires qui dessine une cambrure des reins. Définition selon le Larousse : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/hyperlordose/41052

 

Chloé Saintesprit © Julien Laine-Pradines

Chloé Saintesprit, interprète et étudiante en danse.

 

 

 

Atgier Paul. Un cas de stéatopygie en France. In: Bulletins et Mémoires de la Société d’anthropologie de Paris, VI° Série. Tome 3 fascicule 1-2, 1912. pp. 5-13.

De Blois, A. (2014). Un renversement grotesque : les sculptures mi-humaines, mi-animales de Jane Alexander, de Patricia Piccinini et de David Altmejd. (Thèse de doctorat, Université de McGill). Repéré à http://digitool.library.mcgill.ca/webclient/StreamGate?folder_id=0&dvs=1548436418958~713

Appropriation culturelle et racisme systémique : bilan de l’atelier et du RDV annuel. (Novembre 2018). Sur le site du Regroupement québécois de la danse. Repéré le 20 janvier 2019 à https://www.quebecdanse.org/actualite/nouvelle/appropriation-culturelle-et-racisme-systemique-bilan-de-latelier-du-rdv-annuel-647