2020-08-27
 
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Vidéo | Le RQD est là pour vous

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L’équipe du RQD tient à exprimer toute sa solidarité au milieu de la danse professionnelle.

 

 

Mesures sanitaires dans les studios de danse: précisions du MCC

Le Regroupement québécois de la danse (RQD) a posé une série de questions au ministère de la Culture et des Communications (MCC) sur l’application des mesures sanitaires du gouvernement québécois dans les studios de danse. Voici nos dernières infos à jour sous forme de questions/réponses.

Mise à jour: 20 juillet 2020


Est-ce que le port du couvre-visage dans les lieux publics fermés s’ajoute aux mesures prescrites par les guides sanitaires comme celui du guide des arts de la scène? Cela voudrait dire qu’il faut avoir un masque, même si on est à plus de 2 mètres de distances.

Oui et les mesures de distanciation continuent de s’appliquer.

Certaines considérations s’appliquent toutefois. À titre d’exemple, dans le contexte d’un cours de danse ou d’une performance artistique :

Il est interdit à l’exploitant d’un lieu qui accueille du public (y compris un lieu où sont offerts des activités ou des services de nature culturelle ou de divertissement et un lieu où sont pratiquées des activités sportives ou récréatives) d’y admettre une personne qui ne porte pas un couvre-visage ou de tolérer qu’une personne qui ne porte pas un couvre-visage s’y trouve, à moins:

Pour les élèves d’un cours : qu’elle y reçoive un soin, y bénéficie d’un service ou y pratique une activité physique ou une autre activité qui nécessite de l’enlever, auquel cas elle peut retirer son couvre-visage pour la durée de ce soin, de ce service ou de cette activité. Les règles de distanciation continuent de s’appliquer.

Pour les artistes ou professeurs : qu’elle y travaille ou y exerce sa profession;

Pour le public : qu’elle respecte l’une des conditions suivantes :

  1. une distance de deux mètres maintenue avec toute autre personne qui n’est ni un occupant d’une même résidence privée ou de ce qui en tient lieu, ni une personne qui lui fournit un service ou un soutien;
  2. elle est séparée par une barrière physique permettant de limiter la contagion de toute personne qui n’est ni un occupant d’une même résidence privée ou de ce qui en tient lieu, ni une personne qui lui fournit un service ou un soutien;

Est-ce que le port du couvre-visage s’applique également aux bureaux? Autrement dit, les travailleurs d’un même bureau devront-ils porter un masque toute la journée?

Oui. Un bureau est un espace public. Les employés doivent porter un masque lorsqu’ils circulent dans les espaces communs, mais il n’ont pas à le porter à leur poste de travail si :

  1. une distance de deux mètres est maintenue avec toute autre personne ;
  2. ils sont séparés des autres par une barrière physique permettant de limiter la contagion.

Un même studio peut accueillir des danseurs professionnels et non professionnels, il correspond donc à deux catégories identifiées par le gouvernement : gymnase et centre d’entraînement d’excellence. Le cas échéant, y a-t-il des mesures particulières auxquelles il devra se conformer ?

Il faut toujours appliquer la mesure la plus stricte.

Quelle distanciation physique est prévue en studio pour des danseurs? Le 2 m se calcule-t-il les bras ouverts ou fermés ?

2 mètres d’une tête à une autre.

Y a-t-il un danger accru à cause de la sudation et y a-t-il des mesures spéciales concernant ce point pour le retour en studio ?

Selon les informations communiquées par la représentante de la Santé publique lors de la rencontre portant sur le Guide sanitaire pour les arts de la scène, il a été mentionné que la sudation n’était pas une source d’inquiétude. Ce qui est important, c’est le respect des consignes d’hygiène personnelle, le lavage fréquent des mains, le lavage fréquent des surfaces et des objets utilisés. Pour la question des gouttelettes, c’est le respect de la distanciation de 2 mètres qui s’applique. S’il y a un doute, c’est le port du masque avec une protection oculaire ou une visière qui est recommandé.

Le Guide sanitaire pour les activités intérieures et extérieures et sport et de loisir dit : « Les surfaces fréquemment touchées (ex. : poignées de porte, robinetterie, matériel de jeu, téléphones, accessoires informatiques, équipements) sont nettoyées et désinfectées régulièrement (ex. : à chaque quart de travail, durant la période de battement entre deux activités, avant et après chaque utilisation). Le loisir doit laver les équipements après chaque usage, mais pas en studio (console de son, interrupteurs de lumières, poignées de porte, micros, tapis…) ». L’exercice de la danse professionnelle n’étant pas un loisir, il y a un malaise à se référer à ce guide : les danseurs entrent en studio pour travailler et sont bien plus à risque que de simples participants à des cours récréatifs.

Les guides ne viennent pas qualifier la profession de danseur au Québec, ils présentent des mesures sanitaires. En cas de doute, appliquer la mesure sanitaire jugée la plus pertinente. Si ce sont des employés, la Loi sur la santé et la sécurité du travail s’applique.

Le guide sport et loisir dit : « Nettoyer et désinfecter immédiatement les souillures visibles sur les surfaces ou les objets ». Or, les gouttelettes de sueur seront nombreuses sur les tapis, à quelle fréquence faut-il nettoyer?

Il est recommandé de nettoyer et désinfecter après chaque cours ou atelier, ou à chaque quart de travail, entre chaque pratique ou durant la période de battement entre deux activités, donc avant et après chaque utilisation.

Concernant les planchers, quelle est la fréquence de nettoyage préconisée? 

Après chaque cours ou atelier, ou à chaque quart de travail, ou durant la période de battement entre deux activités, avant et après chaque utilisation.

Si le port de masque est une règle dans les aires communes d’un organisme possédant un studio, l’organisme doit-il obligatoirement fournir les masques ou peut-il demander aux locateurs d’apporter leurs propres masques? 

Si un organisme oblige le port du masque, il doit encourager les visiteurs ou employés qui en ont déjà un à le porter et être en mesure d’en fournir un à ceux qui n’en ont pas.

Le travail pieds nus est-il à éviter ? Le travail au sol est-il à éviter ?

Non.

Que faire dans les studios qui ne sont pas munis d’un système de ventilation de l’air ? Il est mentionné dans tous les guides que le système de ventilation doit être adéquat. La plupart des studios de danse n’ont pas de système de ventilation.

Dans l’absolu, c’est la ventilation qui doit être adéquate. Il est possible d’ouvrir la fenêtre. Sinon, le studio doit être conforme à la réglementation de la Régie du bâtiment et de la CNESST.

Est-ce que les établissements doivent avoir du personnel pour accueillir les groupes de répétition avant qu’ils entrent en studio? (De nombreux studios de danse fonctionnent avec un simple code à composer pour pénétrer dans les lieux.) 

Ce n’est pas nécessaire.

De la concertation à la reconstruction

Mise à jour: 30 juillet 2020

La pandémie a bouleversé de fond en comble l’écologie de la danse, la reprise progressive des activités révèle l’importance des mesures à prendre pour s’adapter aux exigences sanitaires et les restrictions en termes de diffusion génèrent de grandes inquiétudes pour l’avenir de la discipline. Forcés à repenser leurs pratiques, leurs projets, leurs stratégies, les professionnels de la danse doivent trouver comment s’ajuster aux nouvelles réalités pour assurer le présent et le devenir de leurs carrières, de leurs organismes, de la discipline. Les questions sans réponse restent nombreuses et les enjeux sont majeurs. Une réflexion collective s’impose pour élaborer le plan qui permettra au secteur de survivre à cette crise sans précédent et d’assurer une relance pour l’ensemble de ses composantes. C’est pourquoi le Regroupement québécois de la danse (RQD) a mis sur pied cinq comités de réflexion. Leur travail permettra de brosser un portrait détaillé de la situation, de déterminer les données à collecter pour le bonifier et de dégager des pistes de solution à discuter avec l’ensemble de la communauté.

Ces comités sont composés d’une quinzaine de membres identifiés par le conseil d’administration du RQD et disposés à participer à cet exercice de concertation. Ils se rencontreront trois fois au cours des mois de juillet et août 2020. Des rencontres élargies entre ces comités et la communauté du RQD seront également organisées lors des deux premières semaines de septembre afin de confronter leurs idées et d’alimenter leur travail.

Les devenirs artistiques de la chaîne danse

Deux comités sont regroupés sous cette appellation.

  • Coopération, collaboration & mutualisation
    Ces cellules de travail sont en elles-mêmes des pistes de solutions aux enjeux identifiés, la première se concentrant sur des éléments qui concernent l’ensemble de la chaîne danse, sur la révision et la transformation des modèles (diffusion, financement des organismes, etc.) et sur la possibilité de partager certaines ressources financières, matérielles ou intellectuelles.
  • Mieux investir le territoire québécois.
    Cette seconde cellule se consacre au déploiement de la chaîne danse sur le territoire québécois pour mieux l’occuper, renforcer la présence de la danse à l’extérieur des grandes villes et palier à la diminution des activités internationales.

Les relations de travail dans la création

Ce comité se concentrera sur des enjeux propres aux transformations des relations de travail tels que les notions de responsabilité dans l’application des mesures sanitaires d’éthique personnelle et artistique. Il réfléchira à des suggestions de clauses contractuelles en lien avec les nouvelles formes de diffusion. Il sera aussi amené à suggérer des façons d’engager le dialogue entre employeurs et employés lors d’apparition de symptômes, par exemple.

Enseignement et formation

Bien que plusieurs écoles et studios travaillent à mettre en place des mesures pour leurs établissements, des questions plus globales restent en suspens, telles que l’attraction et la possibilité de recevoir des étudiants internationaux, la compétitivité des classes gratuites virtuelles et l’enjeu de l’évaluation et de l’acquisition de compétences.

Comité stratégique

Ce comité a pour mandat de consulter le travail des trois autres comités, d’en synthétiser une partie, et de tracer des axes stratégiques qui serviront à orienter le travail du RQD et à alimenter les représentations auprès des gouvernements.

Une fois les rencontres terminées, le RQD colligera le travail de concertation et rédigera un plan de reconstruction. Un peu à l’image du Plan directeur de la danse professionnelle au Québec 2011-2021, il tracera les grands axes de développement de la danse en identifiant les moyens et les soutiens nécessaires à son déploiement ainsi que les principaux responsables.

Artistes et diffuseurs: le dialogue est ouvert

Le Regroupement québécois de la danse, en collaboration avec La danse sur les routes du Québec, a invité diffuseurs spécialisés, pluridisciplinaires et artistes en danse a une table ronde virtuelle le 17 juin pour que la danse continue à vivre sur les scènes et à rencontrer ses publics partout au Québec. Les panélistes Mélanie Demers (MAYDAY), Stéphane Labbé (Tangente), David Laferrière (RIDEAU / Théâtre Gilles-Vigneault), Katya Montaignac, Pierre-David Rodrigue (La DSR) et Caroline Ohrt (Danse Danse) ont partagé leurs réalités, enjeux et points de vue sur la diffusion en contexte de distanciation physique avant d’élargir la discussion avec les quelque 130 personnes présentes. Outre un dialogue essentiel et précieux entre artistes et diffuseurs, cette rencontre a permis de se projeter collectivement dans l’avenir.

 

La réalité actuelle des diffuseurs

Perspectives de deux diffuseurs spécialisés en danse

«Ne pas faire les choses à tout prix ou à n’importe quel prix.» Caroline Ohrt

Pour la codirectrice artistique et directrice du développement de Danse Danse, Caroline Ohrt, il s’agit d’être agile, car la situation fluctue rapidement. Ayant prévu d’accueillir à l’automne trois compagnies internationales, elle fait face à un véritable casse-tête, mais accepte de composer avec une prochaine saison modulée. Saison qui pourrait être hybride et comprendre d’autres propositions que des spectacles. La directrice parle d’un «terrain d’essais-erreurs» tout en soulignant qu’une aide gouvernementale additionnelle sera nécessaire pour pouvoir présenter des propositions artistiques dans le Théâtre Maisonneuve en respect des règles de distanciation.

De son côté, Stéphane Labbé, directeur général de Tangente, a indiqué que son équipe, de concert avec les artistes, a pris le parti de reprogrammer prioritairement les spectacles annulés. Le diffuseur a également prévu des scénarios plausibles si toutefois les 2 mètres de distance physique étaient à respecter jusqu’en juin 2021.

Du côté des diffuseurs pluridisciplinaires

Acteurs majeurs de la présentation de spectacles sur le territoire, les diffuseurs pluridisciplinaires n’ont pas été épargnés par  la pandémie. Leur modèle d’affaires dépendant de la billetterie, leurs revenus se sont effondrés. De plus, leur programmation s’articulant autour d’un grand nombre de spectacles prévus très longtemps à l’avance, il leur est bien difficile de réagir à la situation actuelle avec souplesse et agilité.

Les aides gouvernementales qui leur sont destinées ne sont pas suffisamment conséquentes et malgré un accès privilégié au cabinet de la ministre pour certains, la situation n’avance pas vite. Ils se sentent en possession de trop peu de leviers financiers pour prévoir l’automne prochain.

De plus, le double chapeau porté par leurs directeurs, à la fois administratif et artistique, les empêche de remplir à 100% chacun de ces rôles fondamentaux.

Pierre-David Rodrigue, directeur général de La danse sur les routes du Québec, confirme qu’il est temps d’investir de l’argent dans la diffusion pluridisciplinaire et de réfléchir à un modèle d’affaire plus adéquat, de même qu’à une écologie de la diffusion plus équilibrée.

La circulation de la danse au Québec

«Développer, investir et porter la danse sur les territoires. Ceci est une clé importante pour l’écologie de la danse.» Pierre-David Rodrigue

La rencontre a témoigné du grand désir des artistes de présenter leurs oeuvres partout au Québec et les diffuseurs présents ont abondé en ce sens.

Le chorégraphe et directeur artistique de Par B.L.eux, Benoît Lachambre, a dit se sentir exclu des régions en déplorant n’avoir présenté que deux fois une création à l’extérieur de Montréal en près de 25 ans. Plusieurs artistes en danse proposant des oeuvres dites «de niche», considérées comme moins accessibles par le grand public, se sont fait dire par le passé que le public en région n’était pas prêt pour ce type de propositions artistiques. Le chorégraphe Sylvain Émard dont la compagnie Sylvain Émard Danse a de son côté tourné un peu au Québec, a invité à ne pas sous-estimer les publics, ce que plusieurs ont salué.

D’après Pierre-David Rodrigue, pour que davantage de spectacles de danse, et notamment des oeuvres considérées comme plus “pointues”, soient diffusés partout sur le territoire, même devant une jauge réduite, il faudrait octroyer un financement conséquent aux diffuseurs en région. Le directeur général de la DSR a affirmé que les instances municipales constituent une pierre angulaire pour assurer ce soutien. Il a finalement rappelé qu’il y avait plusieurs diffuseurs passionnés au Québec qui n’attendent que de pouvoir présenter plus de danse. Par exemple, du côté du Théâtre Gilles-Vigneault, une formule de commissariat avec l’interprète et enseignant Alexandre Morin est en train de se développer.

Annie-Claude Coutu Geoffroy, coordonnatrice du Volet Danse au Théâtre Hector-Charland, explique qu’en région le public est souvent attaché à une salle en particulier et qu’il serait nécessaire de l’inciter à découvrir d’autres salles. La collaboration entre partenaires est ainsi essentielle pour encourager le déploiement des artistes en région.

Tout comme Annie-Claude Coutu Geoffroy, plusieurs artistes et diffuseurs pensent qu’il faut opérer ces changements dès maintenant.

Certains proposent que le Conseil des arts et des lettres du Québec déploie un programme de tournée québécoise et que des initiatives de médiation culturelle accompagnent la présentation de spectacles en région.

La diffusion à l’international

Bien que plusieurs artistes prônent une présence accrue sur le territoire québécois et expriment le souci de minimiser leur empreinte écologique, Pierre-David Rodrigue rappelle que le milieu de la danse est somme toute tributaire de l’exportation. Il invite à poursuivre en parallèle un travail pour soutenir le rayonnement international, prévoyant que l’impact de la pandémie sur la tournée pourrait être drastique dans 2-3 ans.

Composer avec de nouveaux axes de création

La distanciation des artistes

Les mesures sanitaires avec lesquelles les artistes doivent composer posent question. Si certains pourront présenter des solos – forme habituellement très peu présente chez les diffuseurs en région qui travaillent avec de très grands plateaux et des salles de plusieurs centaines de sièges moins adaptés aux oeuvres intimistes -, d’autres comptent adapter ou créer des pièces de groupe qui respecteront la distanciation des artistes sur scène.

Danse Danse s’est dit ouvert à tout type de propositions et Caroline Ohrt a invité les artistes à la contacter pour en parler. David Laferrière, président de RIDEAU, les a quant à lui encouragés à proposer leurs projets aux diffuseurs. De son côté, Mylène Robillard, agente culturelle à la Maison de la culture de Notre-Dame-de-Grâce, a affirmé saisir les opportunités qui se présentent en s’ajustant au fur et à mesure et a invité les artistes à rester intègres envers leur démarche artistique. Enfin, Stéphane Labbé, a rappelé l’importance de discuter avec les artistes pour faire en sorte que tous se sentent en sécurité.

Caroline Ohrt a abondé dans ce sens, tout en mentionnant qu’il faut aussi s’adapter aux besoins du public, dont une partie n’osera peut-être plus aller en salle.


La place du numérique

La chorégraphe Helen Simard a encouragé les diffuseurs à aider les artistes à «trouver des solutions dans le champ des possibles» et a témoigné de son expérience de processus de création interrompu par la crise. Contre toute attente, elle s’est dite en train de vivre un des plus beaux processus de création de sa carrière. Utilisant le numérique comme un outil, elle s’est éloignée du spectacle qu’elle était en train de créer pour accueillir un nouveau spectacle. À travers un écran interposé, elle a laissé une grande place à l’improvisation des interprètes, leur faisant confiance et écoutant leurs intuitions et leurs inquiétudes.

Pour Caroline Ohrt, le numérique fait partie intégrante de l’enjeu de diffusion. Pour autant, elle considère qu’il ne s’agit pas d’y avoir recours à tout prix et de faire défaut au vivant.

C’est une avenue qui propose des options viables et des perspectives et Danse Danse y a déjà recours en marge de la diffusion en salle, notamment via un blogue de création ou pour proposer des outils de développement des publics et d’éducation. Elle voit là une opportunité de développer, en complément de l’offre en salle, des projets purement numériques qui seraient pérennes.

Dans la transition actuelle qui laisse de plus en plus de place au numérique, l’enjeu de la gratuité reste problématique, pour les artistes comme pour les diffuseurs. Caroline Ohrt préconise la mise en place d’un modèle payant, qui contribuerait, comme elle l’espère, au déploiement de la valorisation des arts vivants en ligne.

Ralentir le rythme

«Transformer nos façons de faire prendra du temps et il faut se le donner.» Katya Montaignac

Les artistes Mélanie Demers et Katya Montaignac, toutes deux panélistes de la rencontre, désirent que l’emphase soit moins mise sur la production de créations. Si, en complément de son allocution, Mélanie Demers parle de favoriser les reprises et de permettre une plus longue vie aux œuvres, Katya Montaignac propose de réfléchir avec les diffuseurs à d’autres critères d’évaluation que ceux basés actuellement sur le quantitatif. Cette dernière pense que tous les artistes sont prêts à ralentir, mais qu’ils se sentent impuissants en raison de leur précarité qui suppose une accumulation de contrats pour exister. Elle suggère de programmer autre chose que des spectacles dans les théâtres, de proposer des plages de diffusion, mais aussi de recherche, de médiation, de réflexion, toutes rémunérées. Et d’inviter le public à ces différentes réflexions sur l’art de la danse.

Redonner du pouvoir aux artistes…

Au-delà d’une volonté de permettre aux artistes d’avoir plus de temps, pour réfléchir et pour développer leurs projets artistiques, les échanges ont laissé transparaître une réelle volonté de leur donner plus de pouvoir, de les recentrer au coeur des réflexions des diffuseurs, spécialisés comme pluridisciplinaires. Comment y parvenir?

«C’est une question de curiosité, d’écoute, de sensibilité, de rapport à établir avec les artistes. C’est une occasion à saisir maintenant.» David Laferrière

Tangente travaille déjà étroitement avec les artistes qu’il programme et n’initie aucune démarche sans leur accord. C’est ainsi qu’ils ont été consultés suite à l’annulation de neuf spectacles pour discuter des risques, des impacts et trouver des solutions convenables pour tous. Stéphane Labbé a même partagé le souhait de son équipe de soutenir encore davantage la création en s’impliquant plus auprès de l’artiste tout au long du processus de création, mais aussi en termes de communications et de médiation.

Caroline Ohrt a réitéré également la volonté de Danse Danse de continuer à soutenir la création et même de bonifier les expériences de résidence offertes grâce à des partenaires. Le diffuseur se questionne aussi sur l’expérience que les artistes sont prêts à vivre: s’ils sont prêts à présenter leur oeuvre devant un public éparpillé dans la salle, alors il abonde dans ce sens, tout en pesant les pour et les contre; si, au contraire, les artistes ne le souhaitent pas, le diffuseur n’insiste pas.

Pierre-David Rodrigue a fait part de sa préoccupation quant aux iniquités qui se creusent et continueront de se creuser, rappelant la sous-représentativité des artistes Autochtones et racisés en matière de diffusion.


… Sans alourdir leur charge

Le directeur général de la DSR a remarqué une tendance à encourager l’auto-diffusion des artistes, véhiculée notamment par les nouveaux programmes gouvernementaux mis en place. Même si cela donne un certain pouvoir à l’artiste, ça l’amène aussi à porter un poids supplémentaire en endossant un métier qui n’est pas le sien. D’un autre côté, cela remet également en cause les rôles acquis par les diffuseurs.

Artistes et diffuseurs ont salué l’initiative d’une telle rencontre, où chacun a pu s’exprimer en toute transparence et où tous ont senti une grande ouverture au dialogue, à la collaboration et au partage d’idées porteuses. Un premier pas dans la même direction qui confirme au RQD l’intérêt de poursuivre sa collaboration avec la DSR pour le développement et le rayonnement de la danse partout au Québec.

Danse et pandémie: attention, fragiles

Dernier bulletin de la saison 2019-2020 au RQD. Tout le monde étant encore sous le choc du traumatisme collectif du confinement, il est aussi difficile d’esquisser un premier bilan de l’année que de formuler des rêves d’avenir. La reprise des activités en danse est timide, sérieusement entravée par les mesures sanitaires en vigueur et par les difficultés financières. La crise est loin d’être finie. Les aides gouvernementales sont loin de suffire à préserver l’écosystème de la danse professionnelle. Le revitaliser sera tout un défi. Le travail invisible et la précarité augmentent. Les inégalités se creusent. Le processus de décolonisation des arts est en péril. Artistes et travailleurs culturels tirent comme jamais sur l’élastique déjà bien trop tendu de l’épuisement professionnel, sans compter les impacts psychologiques et somatiques des contacts physiques interdits et d’une liberté de création contrainte. L’heure est grave. Elle nous demande de conjuguer vacances et réflexions pour établir un plan de sauvetage et de reconstruction pour la danse.

Au RQD, l’été sera donc fait de concertation et de collecte de données. Au-delà des indicateurs qui permettront des représentations ciblées auprès des instances gouvernementales, au-delà du partage d’idées qui favoriseront l’adaptation aux nouvelles réalités de la pratique professionnelle, les rencontres estivales programmées visent une réflexion sur les leçons à tirer de la crise et sur les pratiques à privilégier pour soutenir le secteur de la danse dans une perspective de développement durable, d’équité, d’inclusion et de saines relations de travail.

Dessiner de nouvelles perspectives pour la danse, développer de nouvelles formes de solidarité et proposer des solutions qui incitent nos élus et autres décideurs à faire preuve de cette capacité de réinvention à laquelle ils exhortent les artistes. Trouver les arguments pour qu’ils se décident à innover en procédant à une révision salutaire des modèles et du niveau de financement des arts pour les sortir de la logique marchande et productiviste. Tel est le projet. Vaste. Utopique. Essentiel. D’autant plus que la solidarité interdisciplinaire est mise à mal par la crise, chaque secteur luttant pour sa survie et sa relance, pour une part de gâteau qui soit la plus belle possible. C’est légitime. C’est aussi dangereux. Car cela perpétue les inégalités et les fragilités en renforçant le fonctionnement et les structures d’un système inapte à exalter la diversité de l’expression artistique québécoise.

L’histoire a donné maintes preuve du courage, de la créativité et de la résilience exceptionnels de la communauté de la danse québécoise. Une fois de plus, le RQD est là pour entendre ses besoins et ses désirs, défendre ses intérêts et l’accompagner sur les chemins qu’elle décidera d’emprunter. Il profitera pendant l’été des voix de ceux et celles qui auront le temps et l’énergie de participer aux diverses activités de consultations et soumettra plus tard les résultats de ces travaux à l’ensemble de ses membres. D’ici là, tâchons de reprendre des forces et de rester en santé pour une rentrée que l’on espère plus douce que ne l’a été ce printemps.

Fabienne Cabado
Directrice générale du Regroupement québécois de la danse

Il nous faudra être prophètes

Allocution de Mélanie Demers tenue le 17 juin 2020 dans le cadre de la table ronde Artistes et diffuseurs en dialogue organisée par le Regroupement québécois de la danse et La danse sur les routes du Québec.

Avant de commencer, j’aimerais dire que mes pensées proviennent d’une perspective de privilèges et en même temps d’un désir d’étendre ces privilèges aux plus précaires d’entre nous.

À une époque où les corps sont policés, brutalisés et assassinés. À une époque où les émeutes et les soulèvements semblent être le seul moyen d’être ensemble. À une époque où nous sommes confinés, paralysés, fossilisés sur nos canapés, c’est un luxe et paradoxalement une nécessité de penser à la liberté de mouvement. Que ce soit en marchant dans la rue, en dansant sur une scène ou en traversant une frontière.

Comme vous tous, ma trajectoire s’est arrêtée en plein vol. Exactement au moment où nous nous dirigions vers ce qui allait être la plus grosse année de la compagnie en termes de diffusion des œuvres. Jusqu’à maintenant, nous avons annulé ou reporté une trentaine de spectacles dans 5 ou 6 pays. Aussi triste et bouleversant que cela puisse être, le ralentissement de la machine a révélé et exposé en pleine lumière toutes les fragilités, les inégalités, les systèmes dysfonctionnels que nous continuons de perpétuer. En même temps, l’arrêt soudain a permis l’introspection, la réflexion et, espérons-le, un appel à l’action pour être plus en phase avec l’essentiel et laisser aller ce qui est superficiel.

Ce sont les beautés et les tribulations d’une crise.

Mais cela passera. Un jour viendra où nous en aurons fini de frôler les murs. Nous frôlerons les corps. Émoustillés, nous serons, par le danger de la proximité. Mais en attendant ce jour, quels sont les mécanismes imaginatifs (à part le 2 mètres de distance) qu’il faut mettre en place pour que l’art reprenne ses droits ? Et comment honorer le geste immémorial de se rassembler et de vibrer ensemble ?

Pour l’instant, nous naviguons en plein brouillard et nous accueillons l’inconnu comme une donnée avec laquelle il faut désormais composer. À la fois prostrés et propulsés par la peur du vide et la peur du rien, nous nous surprenons aujourd’hui à toutes les créativités et les technologies de demain. Facebook live depuis votre salle de bain, intégrale téléversée version gros grain d’une captation de 1980, mini performances maison résultat mi-figue mi-raisin. Bien sûr, toutes les voies de contournement sont bienvenues. Mais comment célébrer la rencontre en chair et en os, tout en trac et en appréhension, plantés dans l’ici et le maintenant?

Si jadis nous chantions Video killed the radio star, ne sommes-nous pas en train d’obéir aujourd’hui à la rhétorique ambiante qui encourage à faire migrer notre travail vers les plateformes numériques ? Il semble déjà que nous entonnons tous en chœur Digital killed the theatre star… Rappelons-nous que Much Music n’existe plus. Et les stars de cette ère sont désormais révolues. Alors oui, je m’en confesse, je suis simplement nostalgique du temps où on pouvait sentir frémir d’émotion son voisin de siège et, devant nos yeux, voir la sueur gicler, la larme couler, les postillons éclater aux visages dans la fulgurance des assauts mitraillés.

En attendant que tout cela se puisse à nouveau, pourquoi ne pas disparaître un peu, s’effacer, s’évanouir, cultiver le mystère et faire monter le désir ?

Je ne propose pas de ne pas travailler. Je propose de ne pas nous précipiter. Personne ne songerait à précipiter la construction d’un pont. Ce serait trop dangereux. En ce moment, je dis: trouvons les moyens d’honorer les projets qui étaient en mouvement ou en motion. Et donnons le temps aux nouveaux projets de se développer correctement. Ne construisons pas sur des ruines.

La pandémie a révélé le morcellement des vies et le jeu d’équilibre précaire auxquels les artistes doivent se soumettre pour faire face à cette fragmentation de leur agenda, de leur rémunération, de leurs obligations. Alors, en attendant d’harmoniser à nouveau les calendriers de recherche, création, production et éventuellement diffusion, pourquoi ne pas se doter d’un filet social permettant une reprise graduelle du travail en assurant aux artistes de prendre en compte leur santé, leur sécurité et leur intégrité physique, mentale et artistique.

Parce qu’au retour, il nous faudra être prophètes.

Il nous faudra être prophètes.

Nous sommes tous d’accord, il faudra renaître de nos cendres. Trouver d’autres façons de nous enchanter. De toute manière, n’avions-nous pas déjà perdu un peu de notre innocence, de notre puissance, de notre pertinence ? Pressurisés par un système productiviste ? L’artiste (et tout le système qui tourne autour) s’est, un jour, mis à obéir à une logique comptable et a plié genou devant le monstre de la rentabilité. Alors, s’il vous plaît, dites-moi que c’est fini le temps où les grilles Excel témoignent de notre excellence.

Il nous faudra être prodigues.

Nous sommes tous d’accord, il faudra battre en retraite. C’était joli le temps où nous pouvions nous épivarder. Faire des allers-retours Montréal-Paris cinq, dix fois par année. En toute humilité, enfant prodigue ayant tout dilapidé, il faut maintenant rentrer à la maison. Et tenter de minimiser nos empreintes par une pratique concertée, bienveillante et intelligente. Désormais, il faudra être prophète en son pays. Avoir quelque chose à dire qui soit entendu de ce côté-ci. Prendre possession du territoire. Et donner à voir ici les œuvres qui, jadis, ne résonnaient que de l’autre côté.

Il nous faudra être prodige.

Nous sommes tous d’accord, il faudra avoir quelque chose à dire qui nous sorte de la lentille du confinement. Il faudra de la vibrance, de la démence, de l’humidité. Il faudra de la lumière, du silence, du temps, de l’argent. Il faudra s’extirper du sofa, et réussir à se convaincre à nouveau les uns les autres du service essentiel qu’est rendu à la société quand le corps s’ébranle et quand la parole jaillit.

On le voit. On le sait. L’art est le seul médicament pour lequel on ne sera jamais back order.

Il suffit de savoir maintenant comment l’administrer (au sens propre et figuré).

Mélanie Demers, Directrice générale et artistique, MAYDAY

 

Un compte-rendu de la table ronde Artistes et diffuseurs en dialogue sera publié prochainement par le Regroupement québécois de la danse.

RQD / CALQ: retour sur la rencontre conjointe avec les professionnels de la danse

Mercredi 10 juin, le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) a répondu présent à l’invitation du Regroupement québécois de la danse (RQD) pour présenter ses nouveaux programmes aux professionnels de la danse et répondre à leurs questions. Près de 230 intéressés ont pris part à la rencontre virtuelle et ont pu obtenir plus de précisions sur la suspension temporaire de la Programmation spécifique et sur les nouvelles mesures, dont celles pour la présentation de spectacles respectant les consignes de distanciation physique. Le RQD synthétise pour vous la teneur de cette rencontre sous forme de questions / réponses.


LA PAROLE AU CALQ

Financement à la programmation spécifique
Le programme a été suspendu pour des questions légales de gestion des fonds publics.

Les bénéficiaires dont le financement arrive à terme et les nouveaux demandeurs sont invités à appliquer aux nouveaux programmes mis en place par le CALQ, dont les modalités de gestion devraient permettre l’obtention d’une réponse plus rapide et permettre aux artistes de recevoir plus rapidement leurs subventions.

Les nouveaux programmes prennent en considération la difficulté de diffuser une oeuvre à l’heure actuelle, ainsi plusieurs types de diffusions sont acceptés.

Soutien à la mission
Le CALQ a reçu une enveloppe de 22,9 M$ pour bonifier le soutien à la mission, enveloppe qui sera répartie suivant l’urgence de la situation de chaque organisme. Par exemple, le CALQ prévoit aider les diffuseurs en lien avec le retour du public dans les salles.

Nouveaux programmes de subventions
Certains programmes sont normalement limités à un financement atteignant jusqu’à 75% du projet. Cette limite est présentement suspendue. Le CALQ travaille à accélérer le traitement des réponses pour le programme de perfectionnement, entre autres en révisant le mode d’évaluation des dossiers.


QUESTIONS/RÉPONSES

Les représentantes du CALQ, Anne-Marie Jean, présidente-directrice générale et Véronique Fontaine, directrice du soutien aux organismes de création et de production, ont répondu aux questions en rafale de la communauté de la danse.


Quand faut-il déposer une demande?
Pour la plupart des programmes, notamment ceux dévoilés dans le contexte de COVID-19, les projets peuvent être déposés à tout moment, même pour des projets visant à se réaliser rapidement.

Il reste important d’avoir des dates de tournées confirmées pour les projets comprenant de la diffusion, afin que le jury puisse en évaluer la faisabilité. S’il y a trop d’impondérables, le projet ne pourra être accepté. À noter qu’une demande ne peut être modifiée en cours d’évaluation.


Est-ce qu’un allègement est prévu dans la forme des demandes ou pour les critères d’évaluation des dossiers?
Les programmes restent compétitifs. Les artistes et organismes sont ainsi tenus  d’exposer clairement leur projet et de convaincre le jury.

La faisabilité du projet demeure importante. Les jurys continuent à évaluer les projets selon ce critère et selon leur qualité. Les artistes ou les organismes qui déposent un projet doivent, malgré l’incertitude, donner  des dates confirmées, au meilleur de leur capacité. Pour rappel,  il est possible de déposer des dossiers en tout temps.

D’éventuelles bonifications de programmes ou la création de nouvelles mesures permettront peut-être d’accepter plus de dossiers, en autant qu’ils soient de qualité.

Le CALQ travaille à accélérer le traitement des demandes et à trouver des moyens de simplifier les méthodes d’évaluation.


Si un projet a été déposé et qu’il doit être reporté à une date ultérieure, faut-il annuler la demande, déposer à nouveau un projet? Comment sera-t-il possible de rémunérer les artistes ou de faire respecter les ententes?
Pour les demandes déposées et acceptées, le CALQ a honoré ses engagements et devancé les paiements afin de permettre aux organismes d’honorer eux-mêmes leurs ententes. Il ne devrait donc pas y avoir d’enjeu de ce côté-là. D’après Anne-Marie Jean, la clause de force majeur devrait pouvoir être invoquée pour les ententes contractuelles signées avant la COVID-19, ce qui permettrait aux compagnies de payer leurs artistes. Quant aux nouveaux projets, ils devront prendre en considération la COVID-19, car la clause de force majeure ne sera plus applicable, et cela tant du point de vue de la création que de la diffusion, la rémunération,  etc.

Le RQD tâchera d’obtenir plus d’informations.


La distanciation physique prend beaucoup de place à toutes les étapes d’un projet, de la création à la diffusion. Y aura-t-il une forme de soutien afin d’aider à intégrer cet élément, qu’il s’agisse d’adapter ou d’ajuster un processus créatif ou de faire une recherche artistique exploratoire sur le sujet?
Le CALQ réfléchit au soutien qui pourrait être mis en place. Il existe déjà un programme de bourse qui couvre l’ensemble des activités de gestion de carrière. La recherche exploratoire et la création en font partie. Un travail artistique sur la distanciation physique pourrait certainement constituer un projet de recherche ou de création.


Est-ce que les montants dont dispose le CALQ permettront de répondre à la demande de tous les demandeurs, y compris du milieu de la danse?
Le CALQ travaille en fluidité budgétaire afin que l’argent soit bien réparti selon les disciplines et les besoins. Si, par exemple, l’argent prévu pour soutenir les tournées n’est pas utilisé (pour des raisons de faisabilité ou de demande), il sera attribué à un autre programme.

Il est possible qu’il y ait de nouvelles enveloppes attribuées par le gouvernement, mais à ce stade-ci, le CALQ n’a pas d’information à ce sujet.


Pour les mesures concernant le numérique, on parle d’innovation. Qu’est-ce qu’on considère comme de l’innovation?
On peut considérer ce terme comme un «mot valise». Les créateurs et les artistes sont à même de définir ce qui représente de l’innovation, ce qui peut être une valeur ajoutée à leur discipline.

Par exemple, une captation d’un spectacle en salle agrémentée d’un montage pourrait être considérée comme telle si elle intègre des éléments innovants. Le CALQ ne demande pas aux créateurs ou aux artistes de développer des plateformes Web. Des initiatives ou plateformes innovantes peuvent être utilisées pour permettre à un projet de devenir lui-même innovant.

Le CALQ considère le numérique comme une passerelle permettant de garder un lien avec le public.


Les programmes s’adressent principalement aux créateurs et aux organismes. Qu’en est-il des interprètes?
Les mesures de perfectionnement s’adressent aux interprètes, le CALQ considérant qu’il s’agit d’un besoin auquel il peut répondre dans la situation actuelle.

Pour ce qui est d’un filet social, cet aspect relève du gouvernement fédéral, ce à quoi la PCU répond en ce moment.


Qu’en est-il de l’entraînement à l’intérieur?
Il n’y a pas encore de date prévue pour un retour en studio. Les protocoles sanitaires de la CNESST sont en développement, celui des arts de la scène devrait être publié sous peu. Aucune annonce publique n’a cependant été faite à ce jour en ce qui concerne la réouverture des gyms, des salles d’entraînements ou des studios.

Le CALQ a mis sur pied une mesure spécifique pour le cirque, comprenant l’entraînement du corps et rejoignant des demandes du milieu de la danse. Le CALQ souhaite adapter ou offrir une mesure similaire pour la danse.


Existe-t-il une aide aux artistes internationaux ou aux organismes pour soutenir ces artistes?
Les travailleurs internationaux ne sont pas admissibles aux programmes du CALQ. Le CALQ suggère de regarder du côté de la PCU.


Connaît-on la date de sortie du guide de la CNESST pour le domaine des arts de la scène?
Pas de dates annoncées, mais le guide devrait être disponible sous peu comme l’a mentionné docteur Horacio Arruda lors de la conférence de presse du 15 juin.


Connaît-on la date de réouverture des studios ou des bureaux?
Aucune annonce n’a été faite à cet effet à ce jour.

***

Le CALQ tiendra d’autres séances d’information virtuelles les 22 et 23 juin prochain afin de présenter les programmes et répondre aux questions les plus fréquentes. Pour vous inscrire:
> cliquez ici pour la séance aux artistes
> cliquez ici pour la séance pour organismes

Tous les détails sur les nouvelles mesures et programmes du CALQ.

Un responsable de la recherche et des stratégies politiques rejoint l’équipe du RQD

Après avoir été coordonnateur à la Délégation générale du Québec à Tokyo, puis consultant et chargé de projets à la Ville de Montréal, Félix Bourret rejoint l’équipe du RQD à titre de responsable de la recherche et des stratégies politiques. Très motivé par ce nouveau mandat lui permettant de conjuguer son expertise à une passion pour la danse – lui-même a pratiqué la gigue durant plusieurs années! -, Félix coordonnera notamment le plan de concertation du RQD autour des enjeux liés à la pandémie de COVID-19. Son esprit vif et analytique et sa bonne connaissance des sphères politiques contribueront à épauler le RQD en matière de concertation et de représentation.

Adhésions solidaires

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 Profitez des cotisations solidaires que vous offre cette année le RQD pour adhérer en grand nombre et ainsi renforcer notre pouvoir collectif d’agir pour la danse.

 Le RQD, c’est vous.

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Pour 2020-2021, des modalités d’adhésion assouplies et la possibilité de payer votre adhésion moins cher grâce à différents paliers tarifaires.

 

 

Quelques faits saillants de 2019-2020

  • Mobilisation totale pour accompagner les professionnel.le.s de la danse dans la crise de la COVID-19 et pour défendre leurs intérêts
  • Actions pour une politique culturelle fédérale et pour l’augmentation du budget provincial de la culture
  • Actions pour plus d’équité salariale dans le secteur de la danse
  • Production de la trousse Prévenir le harcèlement et autres violences en danse
  • Publication de la bande dessinée Danser, ce n’est pas tout accepter!
  • Bourse de 10 000 $ pour le 6e Prix Interprète des Prix de la danse de Montréal
  • Rencontres interculturelles et partenariats pour une meilleure inclusion
  • Première formation en ligne développée avec La danse sur les routes du Québec

Plan de relance économique du milieu culturel: premiers pas pour la danse

Montréal, mardi 2 juin 2020 – Le plan de relance économique du milieu culturel, dévoilé hier par la ministre Nathalie Roy, ouvre quelques perspectives de reprise pour la danse tout en laissant de nombreuses questions et inquiétudes sans réponse. Le Regroupement québécois de la danse (RQD) salue certaines de ces premières mesures, soulignant qu’elles devront impérativement être suivies d’investissements conséquents pour assurer la survie et la relance du secteur de la danse, qui est extrêmement précaire et tout particulièrement fragilisé par la crise. Sa préoccupation majeure porte sur les appuis offerts aux artistes indépendants, aux travailleurs autonomes et aux petites structures.

Parmi les éléments encourageants du plan du ministère de la Culture et des Communications (MCC) se trouvent le soutien pour des productions dans des lieux inédits et adaptés au contexte de distanciation physique, tels que les déambulatoires et autres spectacles extérieurs, ainsi que le soutien à la diffusion simultanée de spectacles dans plusieurs salles et en ligne, que certaines compagnies envisagent déjà. Le financement de la location de lieux et de la rémunération des artistes pendant leur entraînement est une excellente nouvelle, considérant le besoin impérieux des danseurs d’entretenir leur instrument de travail pour être prêts à la relance. L’appui aux salles alternatives et privées pour valoriser la relève apporte un ballon d’oxygène à un pan du secteur qui en a bien besoin, mais le MCC ne doit pas oublier qu’en danse, bien des artistes et compagnies intermédiaires, voire établis, vivent encore en situation de précarité. L’argent dégagé pour documenter les effets de la pandémie sur le secteur culturel et soutenir les projets immobiliers et d’acquisition de matériel est aussi rassurant.

Pour le reste, cette première phase du plan de relance économique du MCC fait la part belle à l’industrie, plus particulièrement à l’audiovisuel et au cinéma, aux événements d’envergure et à la diffusion numérique. Cela fait craindre au RQD de lourdes pertes dans le secteur de la danse, majoritairement constitué de travailleurs autonomes et d’organismes financés à projets. Ainsi, sur les 400 M$ annoncés par le MCC, dont 250 M$ d’argent neuf, seulement 6,5 M$ sont alloués à l’augmentation des programmes de bourses et à un fonds d’urgence pour les artistes actuellement soutenus par la Prestation canadienne d’urgence (PCU).

«De nombreux artistes risquent de ne pas avoir accès à ce fonds d’urgence, dont on nous dit qu’il sera géré par l’Union des artistes et la Guilde des musiciens et réservé pour des situations extrêmes, commente l’artiste et enseignante Jamie Wright, coprésidente du RQD. Que se passera-t-il pour tous les interprètes qui n’auront pas de contrats parce qu’on produira majoritairement des oeuvres avec peu de danseurs? Et qu’adviendra-t-il des collaborateurs artistiques et techniciens qui n’auront pas d’emploi?»

«Il faut aussi trouver comment stabiliser les petits organismes, ajoute le chorégraphe-gestionnaire Lük Fleury, coprésident du RQD. Sans cela, quand viendra le temps de la relance, il n’auront pas les reins assez solides pour reprendre leurs activités. Parmi ces organismes, tout comme parmi les travailleurs autonomes qui n’auront bientôt plus le filet social de la PCU, on compte beaucoup d’individus appartenant aux groupes visés par l’équité. Ce serait dommage que tous les efforts d’inclusion faits ces dernières années par le Conseil des arts et des lettres du Québec soient gâchés.»

L’espoir d’une réouverture des salles d’ici la Saint-Jean rend par ailleurs particulièrement bienvenus les investissements pour la promotion des arts. Car il faudra séduire un public confronté à la peur de la contagion et à la surabondance de l’offre. Mais au-delà de la promotion des produits culturels québécois, le RQD appelle à une campagne gouvernementale de valorisation des arts, du corps et de la danse, qui en exalte tous les bienfaits et qui transforme durablement la perception des arts par le grand public.

Enfin, la danse profitera sans nul doute des 20 M$ consacrés à des projets numériques de tous ordres, avec un fort accent mis sur la diffusion d’oeuvres et d’événements en ligne. Elle ne saurait cependant pas s’en contenter. La pratique de cet art vivant reste en effet possible, il ne manque que les fonds pour donner aux artistes le temps de réfléchir aux formes qu’elle pourrait prendre en temps de pandémie.

Le RQD

Le Regroupement québécois de la danse rassemble et représente les individus et organismes professionnels œuvrant en danse, dans le but de favoriser l’avancement et le rayonnement de l’art chorégraphique et de contribuer à l’amélioration des conditions de pratique en danse.

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Source:

Coralie Muroni
Directrice des communications
Regroupement québécois de la danse
cmuroni@quebecdanse.org