Des événements culturels plus verts: comment y parvenir?

L’événementiel n’a pas toujours eu la cote pour ses pratiques écoresponsables. À cause du caractère éphémère de ce secteur, l’adoption de bonnes pratiques n’allait pas toujours de soi. Toutefois, depuis plusieurs années maintenant, nombreuses sont les organisations qui vont de l’avant avec des initiatives afin de réduire la production de matières résiduelles ou encore les émissions de gaz à effet de serre de leurs événements. Voici quelques exemples d’initiatives inspirantes et de pistes d’action pour réduire l’empreinte environnementale de vos événements, quelle que soit leur envergure!

Quelques exemples d’événements écoresponsables en danse

L’événement Danse TRANSIT organisé par le Centre québécois de ressources et transition pour danseurs (CQRTD) a décidé de se lancer, il y a quelques années, en se dotant de l’objectif de devenir un événement zéro déchet. Pour y parvenir, une charte de principe a été adoptée, puis intégrée à la charte logistique. Le principe des 4RV – qui encourage, dans l’ordre, à repenser, réduire à la source, réemployer, recycler et valoriser les matières avant de les éliminer – y est central. Des achats d’équipements de tri et de vaisselle réutilisable ont été réalisés, les emballages alimentaires à usage unique ont été bannis, l’impression d’affiches promotionnelles a été réduite au strict nécessaire et la trousse d’information a été mise en ligne pour éviter de la remettre en version papier à l’ensemble des personnes présentes. Plus récemment, le menu est devenu végane à 100 %, sans compromettre la valeur gastronomique des repas servis. Finalement, les transports collectifs sont encouragés, tant au sein du comité d’organisation qu’auprès des participant·e·s.

«Rendre l’événement écoresponsable a alourdi la logistique et augmenté les coûts, mais les valeurs de l’organisation ont surplombé l’économie de l’événement. On a ciblé l’objectif zéro déchet et tout s’est organisé autour de ça.»

– Parise Mongrain, Directrice du CQRTD

Quant au Festival TransAmériques (FTA), un virage a été entrepris il y a quelques années pour adopter des pratiques plus éthiques et écoresponsables. En 2018 et 2019, son événement était d’ailleurs classifié niveau 3 de la norme en gestion responsable du Bureau de normalisation du Québec reconnaissant ses efforts. Parmi les initiatives menées, on compte la création d’un Fonds écoresponsable visant la réduction de l’empreinte environnementale du Festival. Ce Fonds permet spécifiquement l’achat de crédits carbone auprès d’un organisme québécois qui plante des arbres afin de compenser les émissions des gaz à effet de serre générés par les déplacements de l’équipe artistique et des compagnies internationales. Le retrait des bouteilles d’eau à usage unique au Quartier général du festival, l’utilisation de verres consignés plutôt que de verres à usage unique, la récupération des matières compostables, la sensibilisation à l’utilisation du transport actif et collectif sont quelques-unes des autres actions entreprises par le FTA dans le but de réduire son empreinte. Le FTA travaille également à rendre ses approvisionnements plus écoresponsables, notamment pour ce qui est de l’alimentation et des chandails.

«Repérer des artistes partout sur la planète et les accueillir à Montréal est au cœur de la mission du Festival TransAmériques. C’est pourquoi nous avons créé dès 2018 le Fonds écoresponsable pour compenser à terme la totalité des émissions générées par ces déplacements. Accompagnés depuis 2018 par le Réseau des femmes en environnement, nous sommes fiers de répondre aux exigences du niveau 3 de la norme BNQ 9700-253 en gestion responsable d’événements. Toute l’équipe du FTA aspire à mener l’ensemble de ses activités dans une éthique écologique en améliorant continuellement ses pratiques. En 2021, nous avons créé un comité écoresponsable qui a mis sur pied une première Politique du numérique responsable en vue d’amorcer un chantier plus global d’un Plan de développement durable pluriannuel.»

– Ludovic Delrieux et Mathieu Séguin-Tétreault, Coordonnateurs du comité écoresponsable du FTA

Danse TRANSIT et le FTA sont loin d’être les seuls événements du milieu de la danse à s’intéresser à l’impact environnemental de leurs activités. L’événement Hit The Floor tente aussi de faire le saut vers des activités plus écoresponsables puisqu’il espère faire une différence, non seulement au sein de la communauté de la danse, mais aussi en tant qu’organisation événementielle. Ce sont les émissions de gaz à effet de serre générées par le transport des artistes internationaux qui a d’abord encouragé Hit The Floor à se mobiliser en faveur de pratiques plus respectueuses de l’environnement. Pour structurer sa démarche, l’organisation a mis en place un plan d’action concret pour chacun de ses événements. L’appui des partenaires alimentaires est sollicité afin de réduire la quantité de contenants non compostables distribués lors des événements. Le tri à trois voies est offert et les surplus alimentaires sont systématiquement distribués à des banques alimentaires.  

Quelques conseils et pistes d’actions pour des évènements plus verts

Au fait, qu’est-ce qu’on entend par événement écoresponsable? Il n’y a pas de définition spécifique. Comme les exemples précédents en témoignent, les démarches écoresponsables en événementiel peuvent prendre plusieurs formes. Voici tout de même quelques éléments clés permettant de rendre son événement plus cohérent avec les enjeux environnementaux actuels :

• Approvisionnement: Choisir des fournisseurs à proximité du lieu de l’événement et qui ont eux-mêmes des pratiques écoresponsables;
• Matériel: Réduire à l’essentiel le matériel nécessaire à la tenue de l’événement. Éviter d’utiliser du matériel à usage unique jetable et réduire le plus possible le matériel à usage unique recyclable ou compostable;
• Alimentation: Limiter la place de la viande dans l’offre alimentaire et opter pour des ingrédients biologiques, équitables et de provenance locale;
• Matières résiduelles: Gérer adéquatement les matières résiduelles en détournant au moins 80 % d’entre elles de l’enfouissement (dons à la communauté, réemploi, recyclage, compostage);
• Transport: Offrir des incitatifs importants pour l’utilisation des transports actifs et collectifs (tarifs réduits pour les transports collectifs, supports à vélo sécuritaires, concours pour les personnes qui se sont déplacées à pied ou à vélo, etc.);
• Gaz à effet de serre: Faire un bilan des émissions de gaz à effet de serre générées et les compenser avec un des organismes de compensation proposé dans le répertoire des organismes;
• Énergie et eau: Fermer tout équipement qui consomme de l’énergie ou de l’eau à moins qu’il ne soit nécessaire.

Pour structurer sa démarche et s’assurer d’atteindre des résultats concrets, voici quelques pistes d’action:

• Rédiger un engagement clair témoignant de la volonté d’organiser un événement écoresponsable et communiquer cet engagement à toutes les personnes impliquées de près ou de loin ainsi qu’aux participant·e·s à l’événement;
• Choisir un·e responsable de la démarche et mobiliser un comité pour l’appuyer;
• Garder informé, mobiliser et rendre des comptes à toutes les parties prenantes;
• Identifier les enjeux prioritaires sur lesquels se pencher (transport, gestion des matières résiduelles, approvisionnement, alimentation, eau et énergie, etc.) et formuler des objectifs atteignables et mesurables;
• Construire un plan d’action pour atteindre les objectifs et faire un suivi serré de l’avancement et des résultats de la démarche;
• Mobiliser votre comité pour faire un bilan de la démarche dans une perspective d’amélioration continue.

Vous avez peut-être l’impression qu’il est complexe d’entamer une telle démarche. Pourtant les solutions ne manquent pas pour rendre les événements écoresponsables. Et vous constaterez rapidement que la réduction est souvent la clé. En plus, quand on parle de réduction, on parle bien souvent d’économies!

Chaque démarche est unique. À quoi ressemblera la vôtre?

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