2020-10-27
 
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La mutualisation: démêler le pourquoi du comment

© Pixabay

Saviez-vous que derrière ce mot qui peut sembler rébarbatif, se cachent en fait plusieurs façons de faire que vous mettez déjà en œuvre? Collaborer, partager, mettre en commun, sont probablement des actions que vous avez expérimentées un jour ou l’autre. Mutualiser est simplement un terme qui signifie se mettre à plusieurs pour partager ou mettre en commun « quelque chose » pour en tirer un bénéfice quelconque, dans un esprit de réciprocité.

 

1. Qu’est-ce qu’on peut mutualiser?
À peu près tout, en fait. On pense évidemment d’abord à des ressources comme des espaces, des équipements, du matériel, des informations ou des données. Ensuite, on pense à des employé·e·s, des savoir-faire, des connaissances. Et puis, on peut devenir plus ambitieux·euse et mutualiser une partie de ses activités, comme le développement de sa diffusion, ses communications ou son administration. Enfin, on peut entreprendre un projet collectif.

 

2. Qui peut mutualiser et avec qui?
Que vous soyez un organisme, un·e travailleur·euse culturel·le ou un·e artiste, si vous identifiez un besoin que d’autres ont à partager, ou bien l’inverse, c’est déjà un point de départ. Attention cependant, mettre en commun une machine à café ou un·e employé·e n’implique pas le même genre d’entente formelle. Collaborer à court terme pour réaliser un projet ou fondre son destin artistique ou administratif dans un collectif ne relèvent pas du même type d’engagement et ne s’inscrivent pas non plus dans la même échelle temporelle. Selon le niveau de complexité, il est nécessaire de prendre un temps pour discuter de nos attentes et objectifs respectifs. C’est aussi à ce moment-là que l’on distingue parfois l’identité du NOUS collectif, celui relatif au projet de mutualisation, des identités individuelles des personnes ou des organismes impliqués.

 

3. Pourquoi, pour quels bénéfices?
On peut considérer entreprendre une démarche de mutualisation pour des raisons dites « économiques ». Ou parce qu’on voudrait accéder à une expertise ou une ressource dont on ne dispose pas, mais qu’un·e partenaire possède. Ou encore pour améliorer nos capacités pour la réalisation d’un projet. On peut aussi vouloir mutualiser certaines de nos actions ou de nos activités pour des raisons politiques ou stratégiques: parce qu’à plusieurs, l’impact est plus grand, on peut couvrir plus de territoire ou rejoindre plus de gens. Parce qu’ensemble et solidaires, nous sommes plus fort·e·s et convaincant·e·s auprès des pouvoirs publics. Enfin, mutualiser peut s’inscrire dans une vision philosophique: si nos valeurs, notre éthique de travail ou de vie, notre démarche artistique appellent à une posture collaborative, il se peut que nous voulions que cela se reflète aussi dans notre organisation.

 

4. Par où commencer?
Sachant que la mutualisation couvre tout un éventail de modèles, certains beaucoup plus complexes que d’autres, il s’agit de se fixer une sorte de plan de travail pour ne pas oublier de se poser les bonnes questions. Dans une démarche type, on peut imaginer les étapes suivantes:

  • Impulsion: Pourquoi mutualiser?
  • Réflexion: Qui suis-je? Qui est l’autre avec qui je veux collaborer?
  • Diagnostic: Sommes-nous complémentaires? À quel niveau?
  • Modélisation: Qui serons-nous ensemble? Quel sera notre champ d’action commun?
  • Réalisation: Comment mettrons-nous en œuvre notre projet de mutualisation? Qui fait quoi et quand?
  • Évaluation: Qu’est-ce qui marche ou pas? Pourquoi?

Au bout du compte, comme pour bien des processus — artistiques ou administratifs —, celui d’une démarche de mutualisation implique à la fois des étapes de réflexion et des passages à l’action. La plupart des personnes ou des organisations sont capables d’entreprendre ces démarches par elles-mêmes, mais dans les cas plus complexes, il peut être judicieux de se faire accompagner pour, notamment, mieux prendre du recul.

 

Pour en savoir plus :

Artiste, gestionnaire, consultant, chercheur et formateur, George Krump évolue dans le milieu des arts et de la culture depuis près de trente ans. Il a réalisé plusieurs mandats liés au développement culturel ou professionnel, aux enjeux de ressources humaines, à la planification stratégique et aux synergies créées entre organisations qui collaborent ou mutualisent des ressources. Il est aussi président et cofondateur de la Machinerie des arts.