2019-05-08
 
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Rencontre – Corps entravé, corps dansant


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Édifice Wilder - Espace danse - Montréal, Montréal

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Conversations et performances autour de la danse autochtone d'aujourd'hui au Québec

La danse occupait une place centrale et privilégiée dans la culture et l’art des peuples autochtones d’ici. C’était un art de cohésion sociale qui présidait aux grands rassemblements, aux cérémonies, aux célébrations. Il apportait force, pouvoir et joie à ses membres. Partout en Amérique, la répression et la colonisation se sont acharnées en premier lieu sur le corps autochtone. Les dommages ont été immenses. Le miracle est que des pratiques, des gestes, des rythmes aient survécu. Les artistes, survivants et survivantes, expriment leur colère, leur tristesse ainsi que leur espoir et libèrent une énergie qui réconcilie le corps avec lui-même. Et c’est ce corps qui recommence aujourd’hui au Québec à s’exprimer, à se montrer, sans entraves, de toutes les façons à travers les danseurs et danseuses autochtones d’ici et d’ailleurs.

Appuyés sur la tradition ou sur des techniques classiques, intégrant des éléments théâtraux ou des codes archaïques, les artistes autochtones de la danse d’aujourd’hui participent à l’élan créateur qui propulse les artistes des premières nations sur les scènes du pays. Une autre histoire doit être racontée. Un autre récit qui doit faire place en tout premier lieu à ce corps longtemps opprimé, nié, entravé. Retrouver le corps ancestral, cette mémoire atavique toujours présente dans les corps d’aujourd’hui. Pour les chorégraphes et les danseur.euse.s autochtones, leur art est lieu d’expression et d’affirmation identitaire. Au delà de l’académisme, ils nous proposent, malgré les difficultés, un chemin de joie, du plaisir de danser.

Durant ces trois jours nous parlerons de la danse autochtone aujourd’hui au Québec, de ses manifestations diverses, de sa démarche originale et de ce qu’elle apporte à la scène contemporaine. Nous voulons en parler, mais aussi en voir et l’expérimenter. Spectacles, ateliers, discussions, performances s’articuleront autour de la rencontre, de la découverte d’univers particuliers.

Nous vous invitons à vous joindre à nous pour cette grande rencontre.

Skennen : kowa. Bienvenue à tous.

Catherine Joncas, commissaire de l’événement

Mercredi 2 mai 2018

9h00 à 10h00 | Ouverture traditionnelle
Avec Otsitsakenra, un aîné Kanien’kehaka
Nous voulons attester de la présence et de l’antériorité des peuples iroquoïens ici à Tio’tia :ke en invitant Otsitsakenra, un aîné de la communauté Kanien’kehaka (mohawk) de Kahnawake, à ouvrir notre événement. Les premiers pas dansés seront ceux d’une danse traditionnelle Kanien’kehaka. Ces danses de célébration et de rassemblement des semeurs de maïs font vibrer cette terre depuis longtemps. Il est temps de les honorer et de les reconnaître à leur juste valeur. Vous êtes invité.e.s à rejoindre Otsitsakenra et entrer dans une danse sociale Kanien’kehaka, une de celles que l’on danse encore aujourd’hui dans les fêtes de la maison longue.

10h00 à 12h00 | 1er cercle de discussion
Le corps pour activer la mémoire ancestrale et décoloniser le territoire de la grande tortue

Performance

  • Leticia Vera, chorégraphe et interprète mexica nahua
  • Moe Clark, artiste multidisciplinaire de la Nation Métis

Participant.e.s

  • Carlos Rivera, artiste nahua en danse et théâtre
  • Marly Fontaine, artiste multidisciplinaire innue
  • Charles Koroneho, chorégraphe et interprète Maori

Modératrice

  • Moe Clark, artiste multidisciplinaire de la Nation Métis

Tomson Highway dans le prologue à son anthologie From Oral to Written : A Celebration of Indigenous Litterature in Canada, 1980-2010 parle de la mémoire ancestrale et de son importance pour les artistes autochtones aujourd’hui. La culture, la langue, la façon de vivre, toutes choses qui ont façonné l’identité autochtone, ont été souvent interdites ou perdues par les déracinements successifs des générations. Les individus, les artistes autochtones ont été éloignés de la terre, la grande enseignante, celle d’où est issue les premières histoires, les premiers contes. Exilés en ville ou dans des communautés privées de tout, comment créer pour rendre compte, pour témoigner de leur monde, de leur histoire? La mémoire ancestrale travaille pour eux. Le désir tenace, la résistance culturelle et l’amour porté par les artistes à leurs ancêtres peut réveiller en eux des souvenirs, des gestes, des images, des attitudes, des mots, conservés précieusement par cette mémoire, inscrite dans un ADN fondamental.

Nous voulons apprendre des invité.e.s si ce concept de mémoire ancestrale leur est familier, s’ils ont senti cette mémoire travailler pour eux, s’ils sont capables de lui faire confiance et de poursuivre une recherche artistique en s’y appuyant. Est-ce qu’ils peuvent nous conter des histoires de mémoire ancestrale à l’œuvre dans leur pratique ? Est-ce qu’il y a des déclencheurs de mémoire, des techniques qu’ils emploient pour susciter cette mémoire? Est-ce qu’ils ont des protocoles, des démarches particulières à faire pour y accéder? Est-ce que certains lieux sont plus propices que d’autres à cette recherche? Est-ce que cette mémoire peut suppléer au manque et à l’absence de repères directs? Cette mémoire est aussi porteuse de souffrances et de blessures. Comment se libérer des entraves du passé. Le corps étant le réservoir de la mémoire, la danse est la forme d’art la plus proche de la source. Comment peut-elle contribuer à transformer et à créer le corps entravé en un corps dansant?

12h00 à 13h00 | Dîner
Un service de traiteur est offert gratuitement sur place (Les Filles Fattoush – mets syriens)

13h00 à 14h30 | 2e cercle de discussion
Les traditions, les rythmes et les codes des Premiers peuples au cœur de la danse contemporaine

Performance

  • Soleil Launière, artiste multidisciplinaire ilnue

Participant.e.s

  • Zab Maboungou, artiste-chorégraphe et interprète, professeure de philosophie et fondatrice de la Compagnie Danse Nyata Nyata
  • Ivanie Aubin-Malo, danseuse professionnelle dans les styles Pow Wow et contemporain issue de la nation malécite et québécoise
  • Charles Koroneho, chorégraphe et interprète Maori

Modératrice

  • Catherine Joncas, commissaire de l’événement, fondatrice et mentor artistique, Ondinnok

Ce que nous appelons aujourd’hui « danse contemporaine » est issu de la « danse moderne », née au début du 20esiècle au sein du milieu artistique de la société dominante en réaction au formalisme et au rigorisme de la danse classique. Ce mouvement de la « danse moderne » portée par de grandes figures emblématiques telles Martha Graham, Isadora Duncan, réclame une liberté pour le corps et un affranchissement des codes esthétiques anciens. Elle ouvre la porte à d’autres artistes tels Merce Cunningham qui poussent plus loin la démarche et aboutissent à la « danse contemporaine » et ses multiples déclinaisons jusqu’à la « non-danse ».

Ce qui caractérise cette forme d’art, c’est la revendication d’une totale liberté artistique, la recherche formelle et l’innovation. Le corps s’exprime sans censure. La nudité, les gestes provocants, la transgression des tabous participe de cette recherche de liberté. L’espace de représentation prend place dans différents lieux publics, environnementaux ou privés.  Les chorégraphes contemporain.e.s intègrent souvent d’autres formes d’arts à leur spectacle comme le théâtre, l’architecture, la vidéo, la littérature, la peinture, les arts plastiques ou le cirque.

Nos invité.e.s vont ouvrir la conversation sur ce que le mouvement de la « danse contemporaine » doit à la danse des premiers peuples du monde entier. Ce qu’inconsciemment ou consciemment, les créateur.rice.s ont puisé de leurs traditions, de leur façon de danser et de voir la danse et les danseur.euse.s dans leur société. Cette liberté, ce sens du sacré, cette permission entière accordée à l’artiste autochtone, au clown sacré, à la transe chamanique, ce pouvoir de transformation ultime vient de civilisations pour qui l’esprit passait avant la matière. Qu’est-ce que cette prise de conscience apporte aux créateur.rice.s et aux danseur.euse.s autochtones ? Nous nous interrogerons sur la revendication des gestes et des savoirs et sur les liens qui unissent les danseur.euse.s de toute provenance dans ces temps de réappropriation et d’affirmation culturelle.

15h00 à 16h30 | 3e cercle de discussion
Danser pour guérir. Danser pour exister et célébrer. La danse est liberté pour les danseurs autochtones qui s’expriment aujourd’hui par une multiplicité de formes et de styles.

Performances

  • Nodin Wawatie, danseur anishnabe de style Pow Wow (grassdance) et urbain
  • Louis Sioui Durand, bboy d’origine wendate
  • Prairie Fire Jiggers, groupe de gigue

Participant.e.s

  • Jaime Morse, gigueuse, artiste visuelle et éducatrice de la nation Métis et crie
  • Gary McFarland, danseur traditionnel cri
  • Aïcha Bastien-N’diaye, chorégraphe et interprète en danse contemporaine, d’origine wendate et guinéenne

Modératrice

  • Moe Clark, artiste multidisciplinaire de la Nation Métis

Les territoires de onze nations autochtones se retrouvent dans les limites du Québec. Des nations de cultures, de langues, de façons de vivre différentes. Culture des chasseurs et pêcheurs : les peuples Atikamekw, Eeyou (Cris), Innus, Anishinabeg et Naskapi ; culture des peuples côtiers, les Mi’kmaq ; culture des gens du maïs, les Kanien’kehaka (Mohawk) et les Wendat (Hurons). Inuit du grand nord. W8banaki (Abénakis) et Wolastoqiyik (Malécites), les peuples de l’aube. Les langues coloniales, le français ou l’anglais, ont été imposées à ces nations suivant le moment du contact, rendant la communication plus ardue. Le partage des savoirs en danse, s’est cependant poursuivi. Aujourd’hui, des artisans autochtones de la danse, d’ici et d’ailleurs, y pratiquent leur art. Cet art est souvent né d’emprunts, d’échanges, contrecarrant la vision d’une danse autochtone figée dans le temps.

Dans cette troisième conversation, nous voulons parler avec nos invité.es de la fonction de la danse au sein de la société autochtone et du rôle qu’elle y joue comme facteur de reconstruction culturelle et sociale. Du rôle qu’elle joue aussi dans les trajectoires personnelles de réparation des artistes. Des choix et de l’adoption de formes appartenant à d’autres cultures. Nous parlerons du mélange et de l’intégration de codes traditionnels et contemporains par les jeunes danseurs et danseuses. Nous nous interrogerons sur la place de la danse aujourd’hui dans les communautés autochtones et sur le type de danse à y pratiquer.

Jeudi 3 mai 2018

13h30 à 17h00 | Atelier chorégraphique (Maximum 11 participants)
Offert par Daina Ashbee, chorégraphe métis
La chorégraphe Daina Ashbee nous propose d’expérimenter sa démarche artistique, à travers la densité et la complexité de la structure corporelle. Elle explorera la relation entre le chorégraphe et l’interprète, en les introduisant à son processus de « sculpture ». Elle réveillera notre subconscient à travers le corps et nous fera redécouvrir notre relation avec l’environnement, la terre et nos ancêtres.

17h00 à 19h00 | Souper
Un service de traiteur sera offert gratuitement sur place (Mets aux saveurs syriennes)

19h30 à 20h00 | Oieron:ta – Hindered Body/Dancing Spirit
Chorégraphe et interprète : Barbara Kaneratonni Diabo
Interprète : Cheryl McDonald, artiste Kanien’kehá:ka de Kanesatake
La chorégraphe et danseuse, Barbara Kaneratonni Diabo, originaire de la nation Kanien’kehá:ka de Kahnawake, nous présente une création basée sur ses relations avec notre mère terre, avec son peuple et sa famille. Une exploration des multiples forces qui ont entravé et restreint le corps, l’esprit et la culture au fil des dernières décennies. Une affirmation puissante de résistance et de joie.
« Nous ferons toujours face à des forces en opposition, mais moi je choisis de danser librement. » –Barbara Kaneratonni Diabo

20h00 à 21h00 | Panel de discussion

Participantes

  • Barbara Kaneratonni Diabo, chorégraphe et danseuse Kanien’kehá:ka
  • Daina Ashbee, chorégraphe métis
  • Margie Gillis, chorégraphe et danseuse contemporaine

Modératrice

  • Catherine Joncas, commissaire de l’événement, fondatrice et mentor artistique

Une conversation avec la chorégraphe et interprète Margie Gillis, sur les œuvres, les parcours et les démarches artistiques des danseuses et chorégraphes Barbara Kaneratonni Diabo et Daina Ashbee. Nous nous interrogerons sur la lecture du travail des chorégraphes autochtones et sur le regard à poser sur ces performances dans une perspective de décolonisation. Nous parlerons avec Margie Gillis de son appréciation des codes autochtones et de sa relation au territoire partagé avec les artistes des premières nations.

Vendredi 4 mai 2018

13h00 à 16h30 | Ateliers de danse de style Pow Wow
Offerts par Gary McFarland et Ivanie Aubin-Malo
Introduction aux danses de pow wow, transmission des savoirs, des techniques et des parcours des danseurs, suivie d’une mise en pratique pour les participants.

17h00 à 19h00 | Souper
Un service de traiteur sera offert sur place (Mets aux saveurs du terroir des Premières nations)

19h00 à 22h00 | Aux rythmes de la Terre

Maître de cérémonie

  • Yves Sioui Durand, artiste de théâtre, fondateur et mentor artistique, Ondinnok

Musiciens

  • RedTail Spirit Singers, tambour Pow Wow
  • Eli Miller-Maboungou, percussionniste
  • DJ Dingo

Inspirée de la structure des Pow Wow, cette soirée réunira diverses communautés de danseurs d’ici et d’ailleurs. Une invitation à danser sous les rythmes du tambour Pow Wow de RedTail Spirit Singers, des djembés africains et des mix du DJ.