2021-01-12
 
Cette section est réservée aux membres du RQD

Rentrée 2021: l’équipe du RQD au front

Rentrée 2021: l’équipe du RQD au front

L’année 2021 démarre en trombe pour l’équipe du RQD qui travaille sur de nombreux projets en vue d’aider les professionnels de la danse à traverser cette longue période de crise et de soutenir la relance des activités. Tour d’horizon des nouveautés de 2021.

Politique

Révision des lois sur le statut de l’artiste (LSA): le RQD va répondre au sondage du ministère de la Culture et des Communications et lui remettre un mémoire avec ses recommandations d’ici la fin du mois.
Plan de relance en danse: dans la foulée des activités de concertation menées en 2020, le RQD élabore un plan de relance pour l’ensemble du milieu de la danse.

Développement professionnel

Entraînement sécuritaire: maintenant qu’un protocole sanitaire a été mis en place pour ses classes techniques en studio, le RQD prépare, avec le soutien d’un comité, de la documentation sur les pratiques sécuritaires de l’entraînement à la maison lors de classes virtuelles (à surveiller en janvier).
Inscriptions en ligne: le RQD compare actuellement deux plateformes virtuelles qui pourraient faciliter les inscriptions à ses activités de formation.

Ressources

Répertoire des résidences en danse: à paraître en mars, ce répertoire recensera les lieux et programmes de résidences accessibles aux artistes en danse.
Trousse contractuelle: le RQD amorce la mise à jour de ce kit permettant aux danseurs et producteurs d’entretenir un dialogue sain et respectueux lors de la négociation de contrat.
Trousse sur les pratiques écoresponsables en danse: grâce aux recherches effectuées par le tout nouveau comité Écoresponsabilité du RQD, une trousse contenant des conseils pratiques et des liens vers des ressources et des outils de référence sera produite dans les prochains mois.
Assurances pour les travailleurs autonomes: le RQD étudie la faisabilité d’un projet d’assurances collectives pour ses membres pigistes à compter de 2021-2022.
Numérique: une série d’articles et de guides sur des enjeux numériques d’actualité sera publiée dans les prochains mois dans nos bulletins et sur notre site web.

Valorisation

– En plus du traditionnel Message québécois de la Journée internationale de la danse, plusieurs actions sont prévues pour valoriser la danse et promouvoir les arts de la scène lors de la relance culturelle. À suivre!

Relance du secteur culturel au Canada: premier bilan des TRIR

Au cours des derniers mois, des représentants du secteur culturel canadien -dont le RQD- se sont réunis en Tables rondes intersectorielles pour la relance (TRIR) afin de faire ressortir les défis et besoins prioritaires de la relance du secteur à grande échelle. Ce premier bilan des travaux relève trois enjeux clés pour l’avenir des arts et de la culture au Canada: les enjeux de ressources humaines et financières, les enjeux numériques (Internet, technologie, législation) et les enjeux d’équité, de diversité, d’inclusion et d’accessibilité.

> Consulter le premier bilan du Conseil des ressources humaines du secteur culturel (CRHSC).

Nouvelles restrictions: des précisions pour le secteur des arts de la scène

Confinement et couvre-feu

Suite aux annonces du mercredi 6 janvier, le Québec fera face à des mesures de confinement plus strictes. Ces mesures seront en vigueur du 9 janvier au 8 février 2021 inclusivement, sur l’ensemble du territoire québécois, à l’exception des territoires du Nunavik et des Terres-Cries-de-la-Baie-James. L’une des nouvelles restrictions est la mise en place d’un couvre-feu de 20h à 5h du matin.

Selon les informations transmises par le premier ministre en conférence de presse, les tournages de productions télévisuelles, cinématographiques et de captations vidéo pourront être maintenus. Les musées, les théâtres et les cinémas demeurent quant à eux fermés au public.

Précisions importantes du ministère de la Culture et des Communications

Voici les précisions apportées aujourd’hui par le MCC lors d’une rencontre avec des organismes culturels à laquelle a participé le RQD.

Mise à jour le 8 janvier 2021

  • Ces nouvelles mesures n’affectent que très peu les activités professionnelles : les répétitions, les résidences, les classes techniques, les enregistrements pour diffusion live ou en différée peuvent se poursuivre, toujours dans le respect strict des mesures sanitaires;
  • Les activités de loisirs intérieures sont suspendues, y compris les cours privés. Seule exception: les cours éducatifs, pédagogiques ou offerts dans le cadre d’une formation éducative dans un contexte scolaire ou académique;
  • S’il est nécessaire de travailler pendant la période du couvre-feu, il est possible de le faire, toujours dans un contexte d’activités professionnelles. Afin d’éviter toutes problématiques, il sera de la responsabilité des employeurs, ou des personnes responsables d’un projet, d’émettre des attestations expliquant qu’une personne était au travail pendant un couvre-feu en raison du travail. Il est conseillé que cette attestation précise les heures travaillées et nomme un répondant avec un numéro de téléphone afin de pouvoir vérifier que l’information est valide. Le gouvernement a mis en ligne un exemple type d’attestation;
  • Les guides de la CNESST restent inchangés et valides dans leur forme actuelle. Avec l’évolution de la situation, il est cependant recommandé d’appliquer des mesures plus strictes que ce que les guides préconisent;
  • Toute tâche administrative doit se faire en télétravail. Il est permis de se déplacer sur le lieu de travail seulement si la nature d’une tâche nécessite la présence sur le lieu de travail;
  • Les déplacements entre régions sont fortement découragés, mais sont permis dans le cadre du travail.

Bien qu’il soit permis d’avoir des activités professionnelles pendant les heures du couvre-feu, nous vous conseillons d’organiser vos activités en dehors du couvre-feu, donc entre 5h et 20h (en prenant en considération le temps à prendre pour retourner à la maison), simplement afin de faciliter la planification et la mise en œuvre de vos activités.

Une foire aux questions sera disponible prochainement sur le site du ministère de la Culture et des Communications pour préciser entre autres ces éléments.

Pour toutes questions ou besoins de précisions, veuillez nous contacter à l’adresse info@quebecdanse.org.

 

En complément:
Mesures à suivre pour les écoles de danse durant le confinement, RED, 8 janvier 2021.

Le fragile équilibre des écoles de danse en contexte de pandémie

Bien que certaines problématiques du continuum de formation en danse soient connues depuis longtemps, la pandémie de COVID-19 a mis en lumière des failles que l’on ne peut désormais plus ignorer. Les difficultés actuellement vécues par les écoles de danse, berceau du monde professionnel, risquent d’impacter une génération de danseurs et d’enseignants et de se faire ressentir dans l’ensemble du milieu.

Portrait de la situation.

Un système à deux vitesses

La filière de formation en danse telle que définie par le ministère de la Culture et des Communications (MCC) est composée à sa base d’une dizaine d’écoles de danse d’envergure locale, dispersées à travers le Québec. Ces écoles offrent des cours dans les genres classique et contemporain, les deux seuls genres de danse considérés dans cette filière par le ministère. À cela s’ajoutent les trois écoles supérieures qui offrent notamment la formation postsecondaire pouvant mener à une carrière en danse, toujours en ballet et en contemporain[1]. Toutes jouissent de la reconnaissance du MCC et sont subventionnées par le Programme d’aide au fonctionnement pour les organismes de formation en arts (PAFOFA).

Le Réseau d’enseignement de la danse (RED) gravite en parallèle de cette filière de formation en offrant des services, de la formation continue et de l’accompagnement aux écoles de danse et à leurs enseignants, en plus de les représenter auprès du gouvernement.

Alors que le RED recense plus de 430 écoles de danse au Québec, de divers genres et de diverses tailles, le pourcentage des écoles subventionnées et reconnues par le MCC demeure extrêmement faible, autour de 3%. Pourtant, les autres 97% d’écoles de danse du Québec contribuent aussi au développement de la danse sur le territoire et auprès d’une clientèle diversifiée, en ballet et en contemporain certes, mais dans bien d’autres genres de danse également, et alimentent le secteur professionnel en faisant naître des passions et en inspirant des carrières.

La danse, à la fois artistique et physique

Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES), à travers la Direction du sport, du loisir et de l’activité physique, reconnaît une valeur sportive à la danse qu’il subventionne à travers la fédération Danse Sport Québec (DSQ). Cette fédération, reconnue principalement pour les genres de danse sociale et internationale, mise sur l’aspect sportif de la danse pour le développement de l’athlète et de l’entraîneur d’excellence, dans un but de performer en compétition ou, éventuellement, aux Olympiques, notamment depuis l’introduction du breakdance dans les sports qui y seront représentés. Elle travaille aussi à la reconnaissance de la danse dans le circuit officiel des «Sports-Études» pour permettre aux jeunes athlètes/danseurs d’accéder à certaines subventions.

À ce jour, la DSQ ne regroupe que des membres individuels qui ont dû se qualifier à travers un processus complexe, et donc, les écoles de danse qui forment ces athlètes n’ont accès à aucune aide financière dans la crise actuelle.

La grande faille de l’aide financière pour traverser la crise

Depuis le début de la pandémie, le RED travaille d’arrache-pied pour faire comprendre la composition particulière du secteur et la faille dans laquelle la danse dite «de loisir» se trouve, afin que les écoles puissent recevoir une aide financière adéquate et traverser la crise.

Rappelons que parmi les 430 écoles de danse du Québec, on recense plus de 80% d’écoles privées, dont la forme juridique légale est soit l’enregistrement, soit l’incorporation, soit celle d’un travailleur autonome qui opère l’école en son nom. Ces statuts juridiques, qui correspondent en quelque sorte à des PME culturelles, ne sont pas subventionnés par le gouvernement.

L’aide du MCC

Dès mars 2020, le ministère de la Culture et des Communications a réagi à la pandémie de COVID-19 en devançant les sommes annuelles attendues par les écoles subventionnées au PAFOFA, permettant ainsi l’accès rapide à des liquidités. Bien qu’appréciée, cette avance de fonds ne touchait que 3% des écoles et n’amenait aucun argent neuf.

À l’automne, le MCC a annoncé le Fonds régional d’urgence pour les organismes affectés par la pandémie de COVID-19, une aide d’urgence ouverte aux organismes à but non lucratif (OBNL), subventionnés ou non au fonctionnement, ce qui représente moins de 20% des écoles de danse.

Très récemment, une bonification de l’aide aux organismes de formation en art[2] a été annoncée par le MCC pour soutenir les organismes ayant subi des pertes de revenus liés à la crise. Encore une fois bienvenue, rappelons que cette aide n’est accessible qu’à 3% du secteur.

L’aide du MEES

À la mi-octobre, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur a annoncé une aide de 70 millions de dollars pour le secteur des sports et loisirs touché par les restrictions liées à la pandémie de COVID-19. Ce financement a été majoritairement octroyé aux fédérations sportives et sous forme de projets spécifiques. Aucun argent de ce ministère n’est parvenu aux écoles de danse pour traverser la crise.

 L’aide du ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI)

En octobre, des actions concertées de représentation initiées par le RED ont permis de faire reconnaître le statut de PME culturelle au MEI pour que 80% des écoles privées aient enfin accès à de l’aide, dans le contexte d’une deuxième phase de confinement. Les programmes destinés aux PME (le PAUPME et l’AERAM[3]) ont finalement été élargis pour accueillir d’autres types d’organisations, incluant les studios de danse. Enfin, un grand pas pour le secteur!

Cette aide, octroyée sous forme de prêt, reste difficile à obtenir pour bien des écoles et se fait encore attendre à ce jour. Toutefois, depuis décembre, certaines écoles ont reçu une réponse positive, ce qui est encourageant! 

Le fracas de la 2e vague sur les écoles de danse

L’enquête sur les impacts de la deuxième vague, menée par le RED entre le 28 octobre et le 16 novembre 2020, démontre à quel point les écoles de danse sont dans un fragile équilibre qui pourrait mener à de nombreuses fermetures si rien ne change rapidement. Déjà, une quinzaine d’entre elles ont officialisé leur fermeture définitive et cela pourrait malheureusement s’accélérer.

Les 67 répondants au sondage révèlent une situation alarmante. D’abord, le confinement imposé en mars a diminué d’un seul coup la clientèle de 47,55%, de nombreux élèves ayant préféré abandonner plutôt que d’opter pour les cours en ligne. Cela a mené en moyenne à 25 206 $ de pertes financières liées aux remboursements de clients ou aux crédits. Ajoutez à cela le manque à gagner pour l’annulation des spectacles de fin d’année, soit 23 648 $, et celui des autres sources de revenus habituels, soit 12 369 $. On peut donc dire que la première vague a creusé les coffres des écoles de danse en moyenne de 72 819 $.

Ensuite, il a fallu investir, en vue de la rentrée, un montant de 5 250 $ en moyenne, en plus de débuter l’année avec 23% de moins d’inscriptions qu’en temps normal. Puis, à peine un mois après le retour en classe, fermer à nouveau pour toutes les régions en zone rouge, provoquant une perte supplémentaire de 25,34% d’élèves. Pour les élèves ayant maintenu leur inscription d’automne, seulement 48,71% se sont présentés pour leurs classes en ligne. À cette vitesse, on peut estimer qu’en janvier, il restera moins de 30% de la clientèle pour des cours virtuels, de moins en moins attrayants.

Les prévisions font craindre le pire…

Le chiffre d’affaires moyen prépandémie d’une école de danse était de 213 135 $ pour 296 élèves. Celui-ci a chuté à 109 905 $ cet automne et à cette vitesse, il pourrait diminuer de 82% pour atteindre 37 515 $ en janvier, si la tendance se maintient.

Les écoles de danse assument déjà des dettes importantes liées à l’obligation de rembourser les clients, tel que prescrit par l’Office de la protection du consommateur. Gérer une école de danse se fait principalement par passion, et non pour les profits. Même si elles obtiennent une aide pour payer leurs frais fixes et un prêt du MEI pour faire face à cette situation, est-ce que ce sera suffisant? Est-ce que l’éventuelle reprise sera suffisamment lucrative pour rembourser les milliers de dollars de prêts contractés dans les différentes mesures d’aide?

À ce jour, plus de 70% des écoles de danse annoncent qu’elles prévoient fermer, temporairement ou définitivement, tant que la situation ne rendra pas possible un retour en studio permettant d’opérer de manière rentable.

De quoi aura l’air notre secteur dans quelques mois? Quels genres de danse y seront représentés? Et que dire de la santé mentale de nos élèves, de nos enseignants et des directions d’écoles?

Fermetures, pertes d’expertises et de talents, espoirs envolés pour de nombreux jeunes talents.

Voilà qui fait craindre le pire…

 

 © Marie-Ève Dion

Véronique Clément, directrice générale du Réseau d’enseignement de la danse.

 

 

 

 

Notes


[1] https://www.mcc.gouv.qc.ca/index.php?id=6003

[2] https://www.mcc.gouv.qc.ca/index.php?id=2328&no_cache=1&tx_ttnews%5Btt_news%5D=8579&cHash=fac45b966728c5e06ee7fae8422f6841

[3] https://www.quebec.ca/entreprises-et-travailleurs-autonomes/aide-urgence-pme-covid-19/

Une année d’activités pour le 100e de Fernand Nault

2021 sera une année tout en célébrations pour le Fonds chorégraphique Fernand Nault (FCFN)! Elle marquera le 100e anniversaire de cette grande personnalité de la danse, à qui nous devons entre autres sa célèbre version du ballet Casse-Noisette. Pour souligner l’apport du danseur, chorégraphe et pédagogue québécois à la danse, le fiduciaire du FCFN, André Laprise, a concocté une série d’activités sous le sceau Faire danser le patrimoine. Vous pourrez apprécier un recueil de témoignages, une capsule historique, un roman graphique ou encore une exposition itinérante. Gardez l’œil ouvert. Pour marquer le début des activités, une chasse au trésor du patrimoine de la danse ouverte à tous et toutes permettra de découvrir le patrimoine autrement. Participez en grand nombre!

> Voir la programmation complète

> Lire la biographie de Fernand Nault

Menka Nagrani et Elizabeth Langley reçoivent l’Ordre du Canada

La première a été honorée pour ses activités d’inclusion de personnes en situation de handicap aux arts de la scène, mêlant danse, théâtre et musique. La seconde, pour son encadrement soutenu des danseurs en herbe et son dévouement de toute une vie à l’art de la danse. Le RQD félicite chaleureusement Menka Nagrani et Elizabeth Langley, récipiendaires de l’Ordre du Canada, la plus haute distinction honorifique du pays! Coup d’œil sur leurs accomplissements.

Menka Nagrani

Au sein de la compagnie les Productions des pieds des mains, qu’elle a fondée il y a 15 ans, Menka Nagrani produit des œuvres scéniques engagées à la croisée de la danse contemporaine, du théâtre expérimental et de la musique. Animée par une détermination et un dévouement aussi durables qu’essentiels, elle met en scène et en lumière l’expression des artistes handicapés, des citoyens à part entière qui se heurtent pourtant encore quotidiennement à la marginalisation, à la discrimination systémique et à l’inégalité des chances. En résultent des œuvres en rupture avec les conventions, d’une grande sensibilité et à l’imaginaire débridé.

La créativité et l’engagement de Menka Nagrani ne se limitent cependant pas à la scène. Elle poursuit son travail exemplaire de sensibilisation et de valorisation par des ateliers pratiques de danse-théâtre créés avec son équipe de choc composée d’artistes typiques, atypiques et neurotypiques. L’ensemble de ces activités contribuent à créer des liens significatifs avec les écoles, les musées et diverses institutions, ainsi qu’à faire évoluer les perceptions du grand public sur le handicap.

«C’est une belle reconnaissance pour mon travail, mais aussi pour les pratiques artistiques émergentes que je défends avec ferveur, comme la gigue contemporaine, l’inclusion et la diversité sur la scène professionnelle, l’interdisciplinarité qui fait éclater les frontières entre les disciplines, etc. Je remercie chaleureusement tous les fabuleux artistes qui ont contribué au succès de la compagnie.» Menka Nagrani

> Voir sa biographie

 

Elizabeth Langley

Née en Australie, Elizabeth Langley est danseuse, chorégraphe, enseignante et dramaturge. Elle étudie la technique Graham à la Martha Graham School of Contemporary Dance à New York dans les années 60 et s’installe au Canada en 1965 afin de poursuivre sa carrière artistique.

À partir de 1979, elle participe au développement du programme de danse à l’Université Concordia, où elle devient enseignante et directrice. Elle contribue grandement à l’expansion et à l’administration du programme d’études universitaires en danse, alors qu’elle est directrice (1980-87, 1990-91, 1992-95). À titre de professeure, elle enseigne des ateliers portant sur le processus créatif et elle donne des cours sur la création chorégraphique, la technique, le théâtre et l’histoire de la danse. Elizabeth Langley marquera le parcours de nombreux étudiants, dont Christopher House, Pierre-Paul Savoie, Jeff Hall, Jacques Brochu, Isabelle Choinière, Noam Gagnon, Florence Figols, Peter Trosztmer, Irène Stamou, Myriam Saad et Silvy Panet-Raymond, pour ne nommer que ceux-là. Elle s’investit dans le milieu de l’enseignement jusqu’en 1997, qu’elle quitte afin de poursuivre des recherches personnelles et divers projets créatifs. Son implication marquante au sein du département de danse sera soulignée par l’attribution du titre de professeur émérite.

Source: Biographie de Elizabeth Langley, préparée par Josiane Fortin (2016), Bibliothèque de la danse Vincent-Warren.

Les professionnels de la danse sous respirateur artificiel

La baisse d’activités, l’annulation massive de spectacles et la perte de revenus affligent les artistes en danse qui songent à une réorientation de carrière et se tournent vers d’autres emplois. C’est ce que révèlent les résultats du sondage[1] du Regroupement québécois de la danse (RQD) visant à mesurer les impacts de la COVID-19 sur le milieu de la danse. Attention, écosystème en danger.

Baisse d’activités et perte d’emplois

Sans surprise, les différentes périodes de confinement et les fermetures de salles de spectacles ont entraîné une diminution drastique d’activités et une perte de revenus pour les artistes en danse. Si certains spectacles ont pu être adaptés (pensons à des solos par exemple), que d’autres ont été filmés et diffusés sur des plateformes virtuelles, nombre d’œuvres chorégraphiques ont malheureusement été reportées à des dates ultérieures, voire simplement annulées. Les spectacles impliquant plusieurs artistes et ne pouvant pas respecter les consignes du guide sanitaire ont été significativement touchés. En témoigne, par exemple, l’annulation sans précédent du spectacle Casse-Noisette des Grands Ballets Canadiens: la compagnie ne pourra pas profiter de la mesure particulière à la diffusion de spectacle[2] qui aurait permis d’absorber les coûts de ces annulations [3].

De mars à août 2020, 32% des artistes répondants n’ont eu aucun contrat et 40% ont vu leur niveau d’activités professionnelles baisser. Le pourcentage d’artistes sans emploi est passé de 4% à 12%. Une tendance que corroborent les analyses de CAPACOA, l’Association canadienne des organismes artistiques, qui observe des pertes importantes d’emplois dans le secteur des arts, du spectacle et des loisirs, avec une chute de 5,6% d’août à septembre [4] et de 2,7% de septembre à octobre [5]. D’après CAPACOA, ces pertes ont finalement annulé les gains ayant pu être enregistrés avec les ouvertures estivales partielles.

En terme monétaire, 45% des répondants évaluent une perte de revenus de moins de 5 000$, et 32% entre 5 000$ et 10 000$.

PCU et travail alimentaire pour compenser les pertes

La mise en place de mesures de soutien comme la Prestation canadienne d’urgence (PCU) a permis d’atténuer les impacts financiers sur les individus lors de cette première vague de crise. Ainsi, la majorité des répondants au sondage (60% des individus) se sont prévalus de la PCU. Elle a permis à 50% des répondants au sondage de stabiliser leur situation financière et à 37% d’entre eux d’améliorer leur situation. Si ces chiffres semblent positifs au premier coup d’œil, il est important de les mettre en contexte: au Québec, le salaire moyen d’un danseur ou d’un chorégraphe était de 27 600$ en 2010 (dernières statistiques disponibles), comparativement au salaire moyen de la population active qui s’élevait à 34 000$ [6]; d’après les données de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) [7]⎼ qui évalue les dépenses annuelles moyennes d’un ménage, selon la région, entre 24 000$ et 32 000$ ⎼, on peut constater que les danseurs et chorégraphes étaient déjà dans une situation précaire et sous la moyenne québécoise de revenus. Ainsi, la PCU a permis à des artistes en danse d’améliorer leur situation financière, une situation précaire et peu enviable déjà avant la crise.

Plusieurs répondants n’ont pas fait appel à la PCU, n’ayant pas eu une perte de revenus assez conséquente. Pour certains, cette faible perte de revenus s’explique par l’occupation d’un second emploi, dit «alimentaire», permettant aux artistes de subvenir à leurs besoins de base en travaillant, par exemple, dans l’industrie du service, la gestion culturelle ou d’autres domaines. Cela soulève encore l’enjeu de la précarité des métiers artistiques. Comment vivre de son art sans avoir à cumuler deux, voire trois emplois pour acquérir des revenus d’appoint? Quelle valeur donne-t-on au travail des artistes? Des questions particulièrement brûlantes en cette période de crise.

De nombreux artistes en danse s’interrogent sur leur carrière

C’est la donnée choc du sondage du RQD: 52% des 130 artistes répondants envisagent une réorientation de carrière. De ce pourcentage, 10% pensent rester dans le milieu des arts et 4% souhaitent rester dans le milieu de la danse. Par ailleurs, 10% des répondants envisagent le retour aux études comme porte de sortie temporaire, soit pour laisser le temps à la situation de se stabiliser, soit pour ajouter des cordes à leur arc dans leur domaine ou encore pour acquérir de nouvelles compétences en vue d’une future réorientation.

Ces statistiques font écho à celles du milieu de la musique, comme le rapportait récemment Radio-Canada [8]. La question de la réorientation de carrière est l’expression de plusieurs problématiques qui ne sont pas exclusives à la danse. Force est de constater qu’un artiste au Québec fait face à son lot de difficultés s’il souhaite vivre de son art: les structures en place, comme les lois ou les aides sociales, ne soutiennent pas adéquatement son développement artistique et professionnel. Rappelons que pour remédier à la précarité du milieu, certains appellent à une meilleure reconnaissance du statut de l’artiste, à l’établissement d’un revenu de base garanti [9] ou d’un statut intermittent [10] à l’instar du modèle français. Dans cet esprit, la PCU et la Prestation canadienne de la relance économique (PCRÉ) peuvent être vus comme un pas dans la bonne direction, de même que la reprise de la révision des lois sur le statut de l’artiste par le gouvernement du Québec.

Si des mesures comme la PCU ont permis d’éviter des impacts négatifs financiers majeurs sur les individus, ces derniers semblent pourtant sous respirateur artificiel. Le soin est temporaire. La précarité ne l’est pas. Et elle se fera d’autant plus sentir si ces aides devaient disparaître dans la phase de relance des activités en danse. De plus, ces mesures ne répondent qu’à une dimension économique du problème. Mais la liste des défis est longue. Pensons aux impacts de la crise sur les pratiques artistiques. Pensons aux réflexions à mener sur la création et la diffusion des œuvres chorégraphiques dans le nouveau contexte de pandémie mondiale. Pensons aux impacts de santé mentale et physique, à la difficulté de maintenir la forme physique des interprètes en danse et à l’augmentation généralisée du stress. Pensons aussi à la perte d’expertise si des artistes, des concepteurs ou des travailleurs culturels se réorientent.

S’il est encore tôt pour faire état des impacts de la pandémie de COVID-19 sur l’écosystème de la danse, le RQD réitère son engagement à rester vigilant et à rester branché sur les besoins de la communauté qu’il représente. C’est avec et pour ses membres qu’il travaillera dans les prochains mois à un plan de relance des activités en danse. Solidairement.

Notes


[1] Près de 130 artistes en danse ont répondu au sondage qui portait sur la période de mars à septembre 2020 et dont la collecte de données s’est faite en octobre.
[2] RQD, Soutien du CALQ à la diffusion de spectacles annulés en zone rouge, 28 octobre 2020.
[3] Radio-Canada, Casse-Noisette annulé : des artistes oubliés malgré l’aide promise par Québec, 17 novembre 2020.
[4] CAPACOA, L’emploi dans les industries des arts et de la culture, septembre 2020, 14 octobre 2020.
[5] CAPACOA, L’emploi dans les industries des arts et de la culture, octobre 2020, 10 novembre 2020.
[6] Institut de la statistique du Québec (ISQ), Observatoire de la culture et des communications du Québec (OCCQ), Enquête auprès des danseurs et chorégraphes du Québec, 2010.
[7] Institut de recherche et d’informations socio-économiques, Le revenu viable 2020 dans l’échelle des revenus, 2020.
[8] Radio-Canada, Précarité : 57 % des musiciens et musiciennes pourraient changer de métier, 31 octobre 2020.
[9] Pour plus d’information sur le sujet, consultez le site de Revenu de base Québec.
[10] Pour plus d’information sur le sujet, consultez cet article sur le statut intermittent du spectacle en France.

Concertation pancanadienne: le RQD aux Tables rondes intersectorielles pour la relance (TRIR)

En juillet dernier, le Conseil des ressources humaines du secteur culturel (CRHSC) invitait des organismes de services aux arts, des artistes et des travailleurs culturels de partout au Canada à proposer leur candidature pour siéger sur des Tables rondes intersectorielles sur la relance (TRIR). En créant ces tables bilingues et pancanadiennes sur le modèle de l’ancienne Conférence canadienne des arts, le CRHSC souhaite unir les voix des différents milieux artistiques pour partager des informations, faire le point sur la crise, identifier des solutions aux problèmes soulevés par la pandémie et formuler des recommandations aux instances gouvernementales et aux conseils des arts.

Fonctionnement et composition des TRIR

Une table francophone et une table anglophone travaillent en parallèle, chacune comptant un à deux représentants par secteur d’activité, afin de réunir un maximum d’expertises et de permettre à chacun de s’exprimer dans la langue de son choix. Le travail des deux tables sera fusionné en cours de processus.

Après un dépôt de candidatures, les représentants ont été élus par leurs homologues en septembre 2020. Depuis lors, ils agissent comme des antennes pour faire remonter aux TRIR les réflexions et les enjeux de leurs secteurs concernant la relance. Des actions de représentation politique pourraient être menées ultérieurement et des pistes de relance du secteur des arts au Canada en ressortiront.

Organigramme des TRIR

Vos représentants en danse

Pour la table francophone, le RQD a proposé la candidature de son responsable de la recherche et des stratégies politiques, Félix Bourret, qui a été élu comme représentant des organismes de services aux arts (OSA) en danse. Carol Prieur a été élue à titre de représentante des artistes en danse, sur une proposition du Centre de ressources et transition en danse (CRTD). Le 24 novembre dernier, Félix Bourret a par ailleurs été élu à la co-présidence de la table francophone avec Marie Robert, présidente du conseil d’administration des Correspondances d’Eastman (représentant les diffuseurs et festivals). Proche de notre milieu, notons encore la présence de nos membres David Lavoie, codirecteur général et directeur administratif du FTA et de Cindy Schwartz, fondatrice et directrice du Centre des arts de la scène Les Muses, parmi la trentaine de membres des TRIR.

Intérêts de la présence du RQD

Outre de maximiser les synergies disciplinaires et interdisciplinaires pour des actions de représentation concertées, tel que prévu par le plan stratégique du RQD, la participation active du RQD aux Tables rondes intersectorielles pour la relance lui permet de bâtir de nouveaux ponts avec des organisations québécoises et canadiennes. Un dialogue sain et nécessaire, au regard de la crise que traverse le secteur des arts et de la culture. C’est aussi la chance pour le RQD de multiplier les forces de frappe pour faire entendre la cause de la danse sur la scène canadienne et veiller à ce que ses spécificités soient bien prises en compte dans les stratégies de relance des activités.

Pour toutes précisions ou questions sur les actions menées par les TRIR, n’hésitez pas à nous contacter.

Une délégation d’organismes en danse rencontre le CALQ

À l’initiative de compagnies et de diffuseurs spécialisés en danse, une délégation – composée de Karla Etienne (Zab Maboungou/Compagnie Danse Nyata Nyata), Hélène Blackburn (Cas Public), Sylvain Émard (Sylvain Émard Danse), Pierre Des Marais (Danse Danse) et accompagnée par Félix Bourret (RQD) – a rencontré le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) le 19 novembre 2020 en vue d’établir un canal de communication direct entre le conseil et les organismes. Ce fut l’occasion pour le comité d’échanger brièvement sur la situation en danse ainsi que de poser des questions sur le financement du CALQ et les redditions de comptes à venir.

Le CALQ a posé quelques questions sur les réalités du milieu afin de mieux saisir les impacts de la crise dans le quotidien d’acteurs du milieu. Ses représentantes se sont dites ouvertes à créer de nouveaux canaux de communications et à revoir les modes de discussions avec les secteurs artistiques dans une perspective plus concertée et inclusive. La délégation souhaite rencontrer à nouveau le CALQ avant le congé des Fêtes avec des questions plus ciblées pour la relance en danse.

Trois administrateurs cooptés au CA du RQD

Chaque année, le conseil d’administration (CA) est complété par la cooptation de trois personnes dans le but d’assurer la meilleure représentativité possible de notre membership et d’apporter une complémentarité aux expertises et profils des administrateurs élus.

Le CA est heureux d’accueillir deux artistes fortement impliqués dans la communauté de la danse: l’interprète Jean-François Duke, basé à Québec, et la chorégraphe, interprète et enseignante Nasim Lootij. Tous deux effectueront leur tout premier mandat d’un an, de même que l’avocate Me Emira Tufo, très motivée à apporter son expertise en droit à l’équipe ainsi formée de 13 administrateurs.

Sous la coprésidence renouvelée de Jamie Wright et Lük Fleury, le conseil d’administration 2020-2021 du RQD compte également les nouveaux élus Paul Caskey, Lucy Fandel, Alexandra ‘Spicey’ Landé et Valérie Lessard et les administratrices déjà en poste Fannie Bellefeuille, Annie-Claude Coutu Geoffroy, Isabelle Poirier et Bettina Szabo. Réunissant les expertises de personnes aux parcours, professions et horizons culturels variés, le RQD a confiance que la prochaine année se poursuivra sous le signe de l’ouverture, de l’inclusion et du mieux vivre ensemble et qu’il est entre de bonnes mains pour soutenir l’amélioration des conditions de pratique des professionnels de la danse et la reprise des activités après la pandémie de COVID-19.

Voir les profils des administrateurs du RQD.

 


Mentions photographiques: Jamie Wright © Ben Philippi, Lük fleury © Valérie Sangin, Bettina Szabo © Inconnu, Isabelle Poirier © Claude Lemay, Lucy Fandel © Lucy Fandel, Paul Caskey © Sylvie-Ann Paré, Annie-Claude Coutu Geoffroy © Jimmy Vigneux, Valérie Lessard © Jasmine Allan-Côté, Fannie Bellefeuille © Inconnu, Alexandra ‘Spicey’ Landé © Inconnu, Jean-François Duke © Inconnu, Nasim Lootij © Kiasa Nazeran, Emira Tufo © Inconnu.