6 questions à l’agente de développement culturel numérique du RQD
Sophie Trolliet-Martial, l’agente de développement culturel numérique (ADN) du Regroupement québécois de la danse, est entrée en poste il y a cinq mois. Elle fait partie du Réseau ADN, mis sur pied dans le cadre du plan culturel numérique du Ministère de la Culture et des Communications du Québec et composé d’une quarantaine d’agents au service d’organisations nationales, sectorielles ou régionales. Afin de mieux saisir son rôle au RQD et dans la communauté de la danse et discuter des enjeux numériques de l’heure, des membres interprètes, chorégraphes, gestionnaires et programmateurs lui posent leurs questions.
Quel est le mandat de l’agente de développement culturel numérique (ADN)?
J’ai pour mandat d’accompagner le milieu professionnel de la danse dans sa transformation numérique. Concrètement, mon rôle est de favoriser un dialogue constructif autour des enjeux et des pratiques du numérique dans le secteur de la danse et de promouvoir et de valoriser les bonnes pratiques en la matière. J’informe et j’outille les membres avec des textes, des références, des outils et des propositions de formations. Être une ADN, ce n’est pas agir comme consultante et répondre aux demandes individuelles des membres, mais plutôt faire émerger ou appuyer des initiatives qui servent des besoins collectifs en danse. Depuis mon entrée en poste, j’ai ainsi amorcé un travail de concertation sur la maturité numérique avec plusieurs organisations en danse et commencé à dresser un état des lieux du numérique en danse. Je prépare également un atelier sur le sujet pour le Rendez-vous annuel des membres, le 26 octobre prochain.
Qu’est-ce qu’on entend exactement par «numérique» ?
Je pourrais faire un mémoire de maîtrise sur cette question! Blague à part, au-delà des nouvelles technologies telles que les médias sociaux, l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle, les outils collaboratifs, etc., je vois le numérique avant tout comme un modèle de pensée qui intègre la collaboration, le partage et l’amélioration continue dans nos façons de faire. De plus, la vision transversale du numérique favorise le travail pluridisciplinaire et encourage une approche globale et systémique.
Cette pensée numérique, de même que l’utilisation de ces technologies, peuvent se retrouver dans toutes les sphères d’activités: la conservation du patrimoine artistique, la gestion, la création, la production, la diffusion, la médiation culturelle, les communications, le développement de public et de marchés, la recherche et l’enseignement… Le numérique soulève aussi de nombreux enjeux sous-jacents comme la découvrabilité des contenus culturels, les droits d’auteur, les droits à l’image, la cybersécurité et le respect de la vie privée.
Comment peut-on se positionner en tant que communauté artistique face au virage numérique?
Cette idée de virage numérique reste brumeuse pour plusieurs et suscite des craintes, des résistances. D’où le besoin, pour la communauté artistique, d’un espace d’échange pour se doter d’une définition commune du territoire et des valeurs numériques et se positionner par rapport aux défis et aux opportunités qui s’y rattachent. Il est important de bien cerner ce territoire, de comprendre ce qui peut s’y jouer et de se donner les outils qui permettent de faire des choix éclairés. En fait, il est nécessaire de s’accorder un temps d’arrêt et de stimuler notre intelligence collective pour réfléchir aux phénomènes complexes et en constante évolution de la société numérique dans laquelle on vit. Par la suite, il faudrait agir et poser des gestes concrets tout en préservant la dimension humaine du numérique afin d’en faire une expérience positive où nous gardons le contrôle de nos actes.
De quelle façon les nouvelles technologies peuvent-elles aider à améliorer les communications entre différents secteurs de la communauté?
Avant de s’attarder aux technologies à proprement parler, disons que l’intérêt premier de ces nouveaux outils est d’offrir des modèles intéressants de collaboration dans un environnement professionnel où l’on travaille déjà en relation et en réseau. Les nouvelles technologies sont un bon moyen d’améliorer les communications, car elles permettent de gagner du temps, d’être plus efficace et de rejoindre un plus grand nombre d’acteurs. Ceci dit, il s’agit d’expérimenter ces outils, de se former, de faire des essais-erreurs et de ne pas trop se disperser avec la multiplication des outils technologiques. En fait, pour bien choisir ces derniers, il est nécessaire de déterminer nos objectifs, nos besoins et de connaître le profil de nos collaborateurs.
À votre avis, quel serait LE dossier prioritaire, spécifique à la danse?
Le numérique évolue très vite et des écarts peuvent se creuser dans la communauté. Il est donc primordial de s’assurer que l’ensemble du milieu de la danse ait les compétences/connaissances numériques suffisantes afin de bénéficier au mieux du virage numérique. En plus d’offrir le plus de ressources possible à ceux et celles qui en ont besoin, il serait très profitable de jumeler des professionnels de la danse autour d’enjeux numériques spécifiques afin de favoriser l’échange d’expertises. Des collaborations renforcées entre le milieu de la danse et les différents acteurs du numérique pourraient également faire naître des idées et de nouvelles opportunités.
Comment allez-vous assurer la circulation des savoirs et informations entre le Réseau ADN et les membres du RQD?
La communauté de pratique du Réseau ADN est en phase de démarrage. À ce stade, on apprend à travailler ensemble et à se structurer – un beau défi pour notre quarantaine d’agents qui œuvrent dans une diversité d’organisations réparties sur tout le territoire québécois. On va prochainement se pencher sur les meilleures stratégies à adopter pour que le transfert de connaissances se fasse vers les milieux culturels respectifs. J’ai réellement la volonté que toutes les connaissances, idées et expertises circulent, grandissent et s’enrichissent. Je suis également très ouverte à recevoir les propositions et les suggestions des membres quant aux moyens de faire circuler l’information entre le Réseau et les membres du RQD. D’ailleurs, si vous avez d’autres questions ou de l’information à me communiquer, contactez-moi: Sophie Trolliet-Martial, 514 849-4003, p.226.
Le RQD vous espère nombreux pour poursuivre la conversation autour des enjeux et des opportunités du numérique lors d’un atelier sur le numérique au RDV annuel des membres, le 26 octobre prochain. Soyez des nôtres!
Merci aux membres du RQD qui se sont prêtés au jeu pour poser leurs questions: Sophie Breton, interprète; Alejandro de León, interprète, chorégraphe, enseignant, concepteur et fondateur de Lost & Found; Caroline Ohrt, codirectrice artistique et directrice du développement à Danse Danse; Marie Mougeolle, interprète; Pierre-David Rodrigue, directeur général de La danse sur les routes du Québec.