Étude sur la rémunération des travailleurs culturels au Québec: premiers éléments de réponse
Face aux enjeux de rareté de main-d’œuvre et de rétention du personnel dans les organismes artistiques et culturels, le milieu des arts de la scène a commandé à la firme Solertia une Étude sur la rémunération des travailleurs culturels au sein des organismes artistiques et culturels québécois. Objectifs: brosser le portrait des conditions de rémunération en vigueur dans le secteur, offrir des rapports personnalisés aux organismes désireux de savoir comment ils se positionnent sur le marché et fournir aux associations telles que le Regroupement québécois de la danse (RQD) des données concrètes afin de soutenir leur travail de représentation pour l’amélioration des conditions socioéconomiques du secteur. Analyse sommaire des données rendues publiques le 28 mai dernier.
Organismes participants et postes étudiés
Avec un total de 127 répondants un peu partout au Québec, le taux de participation, tous secteurs confondus, a été qualifié d’historique. Le plus grand nombre de participants sont issus du théâtre, suivi de la danse qui représente 22% des organismes étudiés, grâce à une réponse de 32 % des membres corporatifs du RQD.
Onze fonctions clés ont été étudiées à partir des descriptions de tâches (plutôt que des titres des postes, qui peuvent varier sensiblement d’un organisme à l’autre). La majorité des organismes participants à l’étude comptent entre quatre et neuf salariés et des données ont été fournies pour un total de 741 titulaires de postes.
Vu la diversité des zones géographiques représentées, du nombre de salariés et du type d’activités des organismes sondés (création-production, diffusion, festivals ou services), les données sont très hétérogènes et il est ardu de tirer des conclusions générales et de brosser un portrait global de la situation. De plus, la faible participation d’organismes de moins de 10 ans ne permet pas d’analyse fine pour ce qui les concerne.
Cependant, il est possible de faire de premiers grands constats.
Peu d’équité interne et externe
En comptabilisant un très grand nombre d’employés avec des postes hybrides, l’étude confirme que la polyvalence est pour ainsi dire inscrite dans l’ADN des travailleurs culturels. Ces compétences multiples et la pratique du multitâches ne sont pourtant visiblement pas validées dans le calcul des salaires, pas plus que les responsabilités assumées par les postes de direction. Il semble donc peu courant de baser la rémunération sur le niveau d’exigence et de responsabilités d’un poste.
De plus, en analysant l’évolution de la rémunération des postes en fonction de la maturité professionnelle des employés (voir le graphique ci-dessous), il apparaît que cette forme d’iniquité interne peut se creuser avec le temps. À titre d’exemple, les experts en direction des communications et en direction générale bénéficient en moyenne d’un taux semblable de rémunération. Et l’on ne s’étonne pas que le poste de responsable du financement privé se démarque très clairement de tous les autres avec une progression fulgurante qui place son salaire très au-dessus de celui des postes les mieux rémunérés lorsqu’il atteint le niveau expert.
Autre constat, qui porte cette fois sur l’équité externe: le salaire pour un même poste diffère, et parfois même de manière importante, selon le type de structures, les organismes de création et de production, tous secteurs confondus, étant ceux qui offrent globalement les meilleures conditions.
Sans surprise, plus un organisme compte d’employés, plus les salaires des postes étudiés sont élevés.
Une rémunération indirecte avantageuse
Si les salaires sont généralement plus bas en culture que dans d’autres sphères économiques, le secteur se distingue par les avantages de la rémunération dite «indirecte»: les vacances et les congés personnels, particulièrement généreux, ainsi que les horaires flexibles sont une valeur ajoutée à prendre en compte dans le calcul de la rémunération globale.
Les orientations futures pour approfondir l’analyse des résultats
Les données présentées dans le rapport global de l’Étude sur la rémunération des travailleurs culturels au sein des organismes artistiques et culturels québécois dépeignent un portrait fragmenté des conditions de rémunération en culture qui complique l’analyse. En outre, les informations concernant certaines pratiques de rémunération directe particulières au secteur n’ont pas été collectées, comme, par exemple, les cachets que peut percevoir une direction artistique.
Le rapport sectoriel qu’obtiendra le RQD cet été permettra certainement de mieux cerner les réalités propres à la danse et d’affiner l’analyse de l’étude. Entre temps, 82 des organismes participants auront reçu le rapport personnalisé qu’ils ont commandé, ce qui leur permettra de mesurer leur positionnement sur le marché et d’ajuster, si besoin, leur politique salariale pour mieux attirer et retenir les talents.