La Coalition La culture, le cœur du Québec, fer de lance des revendications des milieux artistiques
La Coalition La culture, le cœur du Québec (CCCQ) vient de marquer son tout premier anniversaire en rassemblant près de 300 personnes sous les fenêtres de l’Assemblée nationale. Son nom est encore méconnu, même des médias. Pourtant, avec une bonne quarantaine d’organismes-membres, elle témoigne d’une mobilisation exemplaire, pour ne pas dire historique, des milieux artistiques et culturels. Et les actions menées par son comité directeur, dont je fais partie, sont aussi nombreuses que décisives. C’est pourquoi je vous livre ce mois-ci une lettre de nature plus informative que d’habitude. Petite rétrospective du parcours du combattant de cette coalition à suivre de très près et à soutenir impérativement.
Sortir de l’ombre, refuser l’injustice
Tout commence avec un grand ras-le-bol. Celui que le secteur culturel soit écarté de toutes délibérations concernant le marché du travail et que les spécificités des artistes et travailleurs culturels contractuels passent littéralement sous le radar des décideurs.
Pour dénoncer ces aberrations aux conséquences malheureuses, une conférence de presse est organisée en février 2017 à Québec par un regroupement informel qui devient presque spontanément la Coalition La culture, le cœur du Québec. Le RQD intègre d’emblée son comité directeur qui rassemble une dizaine de représentants d’organismes-membres. Faute de moyens pour engager des consultants, nous nous retroussons les manches et nous attelons à la rédaction d’un Plan d’action pour les ressources humaines en arts et en culture. Objectif: voir ce plan intégré au projet de renouvellement de la Politique culturelle.
S’organiser, élaborer un Plan d’action
Le Plan d’action est dévoilé au printemps. En 8 pages, il dégage les enjeux en matière d’emploi, de santé-sécurité, de formation et 23 pistes d’intervention pour inspirer les ministères du Travail, de l’Emploi, de l’Éducation et de la Culture. La CCCQ prône en effet une vision globale de l’écologie des arts et de la culture et une approche transversale pour lui donner les assises dont elle a besoin. Demandes multipliées de rencontres auprès de ces ministères.
Juste avant l’été, le ministre de la Culture et des Communications (MCC), Luc Fortin, invite les membres de la CCCQ à participer à cinq comités de travail sur le soutien à la création et sur les conditions socioéconomiques des artistes et des travailleurs culturels.
Pour une Politique culturelle incluant les ressources humaines
Rentrée des classes accaparante pour le RQD et ses homologues de la CCCQ. À l’issue des rencontres des comités de travail, qui s’échelonnent de la mi-août à la mi-octobre, le MCC dégage 18 grands enjeux et 65 pistes d’intervention pour mieux répondre aux besoins des milieux artistiques et culturels. La CCCQ réitère alors le désir de voir ces points intégrés dans le plan d’action de la nouvelle Politique québécoise de la culture. Ses membres ont d’ailleurs défendu cette idée devant le ministre Fortin lors d’un Forum de consultations organisé début septembre, y ajoutant la nécessité d’une augmentation significative du budget de la culture.
En octobre, la nomination de Marie Montpetit au poste de Luc Fortin retarde le dévoilement de la nouvelle Politique culturelle et de son plan d’action. Le fait qu’aucun investissement en culture n’apparaisse dans la mise à jour économique du gouvernement Couillard inquiète les membres de la Coalition La culture, le cœur du Québec. Ronde de lettres et de coups de fil pour solliciter des rencontres dans différents ministères.
Mémoire économique et rencontres en hauts lieux
En décembre 2017, la ministre Montpetit rencontre le comité directeur de la CCCQ. Elle l’informe qu’elle travaille à l’élaboration du plan d’action de la nouvelle Politique québécoise de la culture, qu’elle souhaite voir assorti de mesures budgétaires. Un mois plus tôt, le ministère des Finances a indiqué que la Coalition serait invitée aux consultations prébudgétaires. Pour s’y préparer en développant des arguments à même de convaincre les économistes qui la recevront, la CCCQ commande un mémoire économique lui permettant de formuler cinq recommandations pour une Politique économique adaptée aux arts et à la culture. L’une d’entre elles est de hausser le financement des arts et de la culture de 1,1% à 2% du budget provincial.
Le mémoire est envoyé au MCC le jour où il est présenté à des représentants du ministère des Finances ainsi qu’à la vice-première ministre Dominique Anglade, ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation. Des deux côtés, on nous confirme que Marie Montpetit œuvre à l’élaboration d’un plan d’action pour la Politique culturelle avec des mesures budgétaires adéquates. L’idée de consacrer à la culture 2% du budget provincial semble envisageable. Rien ne nous est promis, mais des espoirs sont permis.
Battre le fer tant qu’il est chaud
Entre autres sorties médiatiques dans cette première année d’existence, le mémoire économique commandé par la Coalition est dévoilé en conférence de presse le 5 février 2018. Soucieux de saisir le momentum du renouvellement de la Politique culturelle et du prochain budget provincial, les membres de la CCCQ organisent un rassemblement devant l’édifice où siège l’Assemblée nationale à Québec. Près de 300 personnes répondent à l’appel avec une très belle représentation de la communauté de la danse. Des élus de l’opposition viennent rencontrer les manifestants et la ministre Montpetit assiste à toutes les allocutions, nous assurant de son soutien à la cause.
Dernière des quatre porte-parole de la Coalition à s’adresser aux manifestants, j’avais pour mission d’appeler à la mobilisation. Je poursuis cette mission en vous invitant aujourd’hui à puiser dans le kit de mobilisation du RQD pour faire entendre vos voix. Affichons nos slogans dans les médias sociaux, informons nos réseaux en relayant des informations pertinentes, écrivons à nos députés, proposons des reportages aux médias pour illustrer, par des histoires vécues, les dures réalités que nous cherchons à transformer. Et n’hésitons pas à porter ce discours politique jusque dans nos foyers.
Fabienne Cabado
Directrice générale du Regroupement québécois de la danse