Pour une politique adaptée aux arts et à la culture
Travailler dans les arts et la culture exige une bonne dose de passion et de conviction. Quiconque en a fait son métier sait à quel point les conditions de travail et de pratique sont précaires, à quel point le chemin est difficile. En amont du dévoilement de la nouvelle Politique québécoise de la culture, la Coalition La culture, le cœur du Québec (CCCQ) a pris le taureau par les cornes pour défendre la cause de la création et des ressources humaines du secteur auprès de divers ministères. Comment? En s’adressant à des économistes pour bâtir un argumentaire susceptible de convaincre ceux et celles qui tiennent les cordons de la bourse. Chiffres et graphiques à l’appui, le mémoire économique qu’elle a dévoilé le 5 février 2018 tire des constats inquiétants et formule cinq recommandations pour mieux répondre aux ambitions artistiques et culturelles du Québec.
Une précarité croissante
L’analyse des économistes Pierre-Emmanuel Paradis et Audrey Azoulay révèle que le budget alloué à la culture est en baisse par rapport aux autres secteurs, que le marché de l’emploi chute progressivement et que la rémunération et le temps de travail rémunéré tendent à diminuer depuis une quinzaine d’années. Aujourd’hui, les travailleurs du secteur devant cumuler plusieurs emplois pour subvenir à leurs besoins sont trois fois plus nombreux qu’en 1990. Résultat: les milieux artistiques sont de plus en plus exsangues et le cœur créatif du Québec est menacé.
En effet, cette lente dégradation atteint directement les créateurs et nuit au développement disciplinaire: manque de temps pour la recherche et la création, manque de moyens pour produire et diffuser des grandes formes sur les scènes locales, nationales et internationales, gestion kafkaïenne des horaires des artistes qui cumulent les contrats et les emplois, difficile rétention du personnel, tensions montantes entre les générations et au sein même de la chaîne création-production-diffusion. Les besoins sont criants.
À constats économiques, réponses économiques
S’appuyant sur les constats des économistes Paradis et Azoulay, la CCCQ émet cinq recommandations au gouvernement du Québec: augmenter progressivement le financement public en culture à 2% du budget provincial; valoriser la création artistique; bonifier les incitatifs fiscaux encourageant la philanthropie culturelle; renforcer les collaborations des secteurs publics et privés; encourager l’entrepreneuriat culturel. Globalement, la Coalition attend de la Politique culturelle du Québec, qui devrait sortir en avril, qu’elle nomme des cibles de développement claires et qu’elle soit accompagnée d’investissements significatifs pour permettre la mise en œuvre d’un plan d’action pour les ressources humaines du secteur – artistes et travailleurs culturels confondus. Qu’elle se donne les moyens d’ériger la culture en un pilier fort de l’économie québécoise.
Membre actif de la Coalition La culture, le cœur du Québec, qui rassemble aujourd’hui 46 organismes de partout au Québec, le Regroupement québécois de la danse participera au rassemblement du 14 février 2018, de 12h30 à 13h30, devant la Colline Parlementaire du Québec, pour appuyer ces revendications.